L’île est l'un des hubs des trafics internationaux de migrants
Deux hommes ont été condamnés mercredi par le tribunal de proximité de Saint-Martin pour avoir participer à un trafic de migrants ; leur rôle était d’accompagner les personnes étrangères du rond-point d’Agrément à la plage de l’anse des Pères et de les aider à embarquer sur un bateau qui devait les conduire aux îles vierges américaines. Ils étaient «les petites mains» d’une opération internationale bien organisée.
Les migrants étaient au nombre de onze (six hommes, trois femmes et deux enfants) de nationalités différentes et arrivés sur l’île par des canaux différents ; les Indiens et Vénézuéliens avaient atterri à l’aéroport Juliana et les Albanais à Grand Case. Ils ne se connaissaient pas et avaient été regroupés à Sint Maarten en vue de gagner «l’eldorado américain» via St Thomas.
L’enquête de la police aux frontières (PAF) a révélé que les Indiens et les Vénézuéliens avaient payé entre 2 000 et 3 000 dollars par personne et les Albanais 8 000 dollars américains par personne. Ces derniers ont réussi à expliquer aux policiers – aucun ne parlait françaisn seul un parlait un peu anglais – qu’ils avaient eu connaissance sur internet de cette possibilité d’aller aux Etats-Unis. Ils ont voyagé via Malte, Paris, la Guadeloupe où ils sont restés plusieurs jours, avant d’arriver à Grand Case.
L’île est effectivement un hub pour ce type d’opération ; elle est l’une des étapes de ces trafics en raison de sa proximité d’avec les îles vierges et de la desserte régionale et internationale de Juliana. Ce n’est pas la première que la PAF ou la police de Sint Maarten mènent des enquêtes de ce type. En 2016, la PAF avait découvert à bord d’un catamaran quinze étrangers en situation irrégulière en provenance de Sainte-Lucie et à destination de St Thomas dans les îles vierges américaines. La même année, 52 autres clandestins pour la plupart d’entre eux de nationalité haïtienne avaient été découverts par la PAF à bord d’un catamaran à Marigot en partance pour les îles vierges. En 2013, vingt-trois personnes avaient embarqué sur la plage de Baie Rouge sur une saintoise qui avait coulé dans le canal d’Anguilla.
En parallèle des interpellations des individus impliqués localement dans le trafic, les migrants sont pris en charge par les autorités locales. Ils font l’objet de reconduite à la frontière selon leur situation sur le territoire. Certains peuvent être en situation régulière, comme c’est le cas des Albanais impliqués dans l’affaire examinée mercredi, ils peuvent en effet séjourner 90 jours en France sans visa et durant cette période déposer une demande de titre de séjour ou de renouvellement. Certains ressortissants étrangers attendent la fin de la période de 90 jours pour se rendre d’eux-mêmes à la PAF. Ils expliquent leur situation irrégulière et font alors l’objet d’une procédure de renvoi dans leur pays, dites retour volontaire.
(photo d'archive, crédit parquet de Saint-Martin)