23.12.2019

A 17 ans, elle dénonce son père qui l’a violée pendant 7 ans

En son absence, un père âgé de 43 ans, a été jugé et condamné par le tribunal correctionnel à sept ans de prison.

«C’est le dossier de l’horreur», commente à plusieurs reprises l’avocate de la partie civile. Mais, c’est aussi un dossier qui atteste d’un courage certain. Celui d’une jeune fille, âgée aujourd’hui de dix-neuf ans, qui était convoquée jeudi matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin en tant que victime : elle a été abusée sexuellement par son père durant sept ans.

L’affaire devait être examinée à huis clos à la demande de la jeune fille et de sa maman mais celles-ci y ont finalement renoncé : elles ont accepté que la presse assiste à l’audience (à la condition que leurs noms et initiales ne soient pas cités) pour que ces actes soient publiquement dénoncés mais aussi et surtout pour encourager les autres jeunes victimes à en faire de même, à déposer plainte. Leur décision courageuse a été saluée par leur conseil et le tribunal. «C’est effectivement un vrai problème et il est important de sensibiliser les jeunes filles», a déclaré l’avocate.

Lorsque les faits ont débuté, sa cliente n’était pas en mesure d’en apprécier la gravité. Elle n’avait que huit ans. Jusqu’à ses quinze ans, son père l’a de manière régulière abusée sexuellement. Il l’a violée. Les actes ne duraient que quelques minutes à chaque fois mais se sont répétés dans le temps. Aux gendarmes, elle a expliqué «qu’au début il n’enfonçait que le bout de son sexe. (…) Parfois il prenait de la salive pour mouiller son sexe avant de la pénétrer. (…) Qu’elle a vu le liquide sortir… ça lui faisait mal». Autant de détails qui ont dégoûté le tribunal qui s’est contenté de demander à la victime si elle confirmait ses déclarations ; en principe, il demande de raconter de nouveau les faits. «C’est crapuleux, dégueulasse», lâchera le vice-procureur lors de son réquisitoire. «C’est ainsi qu’elle a découvert la pénétration sexuelle», souligne l’avocate.

Pourtant, la victime reste sereine. «Au début je ne savais pas que ce n’était pas normal», confie-t-elle. A la barre, elle en parle avec un certain détachement qui impressionne. Elle a porté des photos de famille, elle a dessiné un plan de la maison et montre les pièces aux juges où son père la violait «La première fois c’était là… il l’a aussi fait là…». Lorsque cela se passait la journée, la mère était absente du domicile conjugal ; lorsque c’était la nuit, elle dormait, le père allait trouver sa fille dans son lit.

La mère ne s’est doutée de rien, de même que ses deux autres fils. Lorsque sa fille lui en a parlé, c’était en 2017. Une fois qu’elles aient quitté le domicile après le passage d’Irma pour aller en Martinique quelques mois.

Bien qu’ayant compris en grandissant que ce que lui faisait subir son père n’était pas normal, l’adolescente s’est tue de peur qu’il lui «fasse du mal». Il lui mettait la main sur la bouche pour ne pas qu’elle parle. «Il s’est excusé trois fois et promettait de ne pas recommencer… La première fois, je l’ai cru. Il disait que ce n’était pas lui, que son corps était habité par un esprit, qu’il était désolé», raconte-t-elle.

Dans d’autres circonstances, elle a aussi été frappée. «Vous aviez peur de votre père, donc vous avez raconté ce qu’il vous faisait, quand vous êtes parties avec votre maman, une fois que vous vous êtes sentie en sécurité», comprend le tribunal. «Oui», répond la victime.

Appelée à la barre à côté de sa fille, la mère confie avoir aussi été battue par son mari. Elle a déposé plusieurs plaintes mais aucune n’a abouti. Après que sa fille lui a raconté les faits, elle en a parlé à son mari. «Il a d’abord nié, puis a pleuré et avoué l’avoir touchée», a-t-elle raconté aux gendarmes. Il a justifié son comportement par le fait d’avoir lui même été abusé par sa grand-mère lorsqu’il était jeune.

La mère ne vit plus avec son mari mais, depuis le début de l’enquête, elle reçoit des messages de sa part pour «lui mettre la pression». Elle a imprimé l’un de ses emails pour le montrer aux juges ; dans le courriel, il lui dit qu’il veut «vivre comme un oiseau libre sur un arbre, qu’il ne veut pas vivre en captivité…» Elle montre aussi un SMS du même genre sur son téléphone.

La mère et la fille sont assises l’une à côté de l’autre, elles se soutiennent. «Elle a passé vingt ans avec lui, soit pratiquement la moitié de sa vie et a découvert qu’il a violé sa fille », commente l’avocate en parlant de la maman qui est encore très bouleversée. Sa fille semble faire preuve d’une plus grande force émotionnelle. «Parler devant vous est un moyen, pour elle, de se libérer, c’est un exutoire», commente le conseil. «Elle est aujourd’hui prête à ce qu’il soit sanctionné ».

La mère et la fille se sont constituées partie civile et demandent au titre du préjudice moral respectivement 15 000 et 25 000euros.

Conformément aux réquisitions du parquet, le tribunal a condamné le père à une peine de sept ans de prison et a délivré un mandat d’arrêt. Les gendarmes ont donc la mission d’aller l’interpeller et le transférer en prison en Guadeloupe. Il sera aussi inscrit sur le fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles.

Après le délibéré, la mère ne peut retenir quelques larmes. Certainement de soulagement.

Quant à sa fille, elle se montre une fois de plus forte. Elle vient me dire qu’elle a eu son bac en juin dernier. «Tu peux le mettre dans l’article aussi !», insiste-t-elle. Puis elle téléphone à son employeur pour savoir si elle doit signer un document.

Quelques minutes plus tôt, elle avait expliqué au tribunal que «ce qui s’était passé, ça la stressait parfois mais qu’elle essayait d’oublier».

Avant de quitter le palais de justice, elles serrent chacune à leur tour leur avocate avant de convenir d’un rendez-vous pour entamer la procédure de divorce.

Estelle Gasnet
2 commentaires

Commentaires

RA RA RA COLERE COLERE COLERE, GERBE GERBE GERBE, COMMENT PEUT ON FAIRE CELA A SON PROPRE ENFANT. COUPEZ LUI LES COUILLES BORDEL.
JE N'AI PAS DE MOT ASSEZ FORT POUR INSULTER CE MEC.

Sept ans n'est pas assez, il faut lui donner prison à perpétuité, ce genre d'individu voit le sexe partout même chez leurs enfants. Dieu fera justice à la victime qui a eu le courage et force de dénoncer son père. Il y a beaucoup de ces choses qui se passent à SXM, mais tout le monde est silencieux, car c'est une petite île... Tout le monde se connaît...