22.02.2019

Un capitaine de bateau dénoncé par une passagère qui a eu peur

Il est poursuivi pour mise en danger d'autrui et pour avoir embarqué ses passagers côté français alors que son bateau est immatriculé côté hollandais.

L’été dernier, une femme voit sur les réseaux sociaux une offre de transport pour se rendre à Anguilla lors de l’August Monday au prix de 75 euros. Elle décide d’y aller. Le 6 août au matin, elle se rend au point de rendez-vous, soit le ponton des Pirates à Marigot et le soir revient avec la même embarcation. Quelques jours plus tard, elle va à la gendarmerie dénoncer les conditions de navigation mais ne portera pas plainte.

Elle explique avoir eu peur, que le capitaine, au retour, avait bu, qu’elle ne s’était pas sentie en sécurité car il n’y avait pas de gilets de sauvetage, qu’aucune consigne n’avait été exposée avant d’embarquer, qu’il y avait plus de passagers qu’autorisé, etc. Et qu’elle avait donné 80 euros et qu’on ne lui avait pas rendu les 5 euros car il n’y avait pas de monnaie.

A partir de ces explications, une enquête de gendarmerie est ouverte. Le bateau est contrôlé deux semaines plus tard par les affaires maritimes qui constatent qu’il n’y a pas de gilets de sauvetage en nombre suffisant, qu’il n’y a ni GPS, ni de fusée de détresse. Selon le certificat du bateau, un maximum de onze passagers dont deux membres d’équipage, peuvent embarquer. Administrativement, le bateau – un semi-rigide – n’est pas autorisé à embarquer des passagers côté français car il est immatriculé côté hollandais. Le capitaine, un métropolitain âgé de 45 ans, est ainsi poursuivi en justice pour non respect de règlement à la navigation dans les eaux sous souveraineté française, pour mise en danger d’autrui et navigation sans dispositif propre à assurer la sécurité de la navigation. Il a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin.

A la barre ER s’est expliqué sur tous les points qui lui étaient reprochés. S’il admet avoir embarqué un peu plus de passagers qu’autorisé, soit 15, il nie par contre en avoir pris 20, voire 25 comme indiqué dans l’enquête. «Mais que se passe-t-il quand le bateau est en surcharge ?», lui demande avec insistance la présidente du tribunal qui venait, une heure plus tôt, de renvoyer le dossier de l’un des protagonistes impliqué dans le naufrage d’une saintoise qui avait causé la mort de neuf personnes. «Il coule ! », répond-elle. ER, pour sa part, précise que si la capacité est limité à 11 sur le certificat, «le bateau est toutefois homologué par le constructeur pour une capacité de vingt-deux personnes». De plus, ER affirme à la barre que selon la réglementation, «il est autorisé à embarquer 10 % de passagers en plus que le nombre indiqué sur le certificat». Une information qui a laissé perplexes les magistrats.

Au sujet des gilets de sauvetage, le capitaine explique qu’il a l’habitude de les enlever du bateau lorsqu’il ne navigue pas, pour ne pas qu’ils soient volés. C’est pourquoi lorsque les Affaires maritimes ont contrôlé son navire à quai, elles n’ont pas trouvé de gilets. «Lors du voyage, ils étaient sous les sièges», assure-t-il.

Il atteste également avoir demandé l’autorisation d’embarquer des passagers côté français aux Affaires maritimes. Et de montrer au tribunal le formulaire qu’il leur a remis en mars 2018. En revanche, les Affaires maritimes ont indiqué que la demande avait été faite le 3 août, soit trois jours avant, et qu’aucune autorisation n’avait été accordée.

Enfin, ER justifie avoir effectué cette traversée pour des raisons financières, c’était la première qu’il faisait depuis le passage d’Irma. Après l’ouragan, il s’est retrouvé quasiment sans travail car «plus de touristes» et donc sans revenus. «J’ai essayé de survivre… Il fallait aussi payer les taxes, la pension alimentaire pour mon fils… », confie-t-il. ER a en outre été blessé lors d’Irma et a dû aller en métropole se faire soigner.

«Vous êtes blessé mais vous faites quand même la traversée vers Anguilla», commente le vice-procureur pour qui le prévenu fait preuve de «mauvaise foi», laquelle le conforte dans sa volonté de «confirmer la saisie du bateau». «D’un côté, on a quelqu’un de professionnel, titulaire du diplôme Capitaine 200, qui connaît parfaitement la réglementation maritime, d’un autre, on a un pauvre gars, blessé qui touche le RSA et qui est en mode survie post Irma», poursuit-il. «Vous ne pouvez pas jouer sur tous les tableaux», répète le parquet. «Les 75 euros par passager que vous avez encaissés, vous en avez fait quoi ? », lui a-t-il demandé à deux reprises. «Vous êtes immatriculé côté hollandais et vous faites du cabotage sauvage côté français, vous percevez du cash et êtes bénéficiaire du RSA, vous ne pouvez pas jouer sur tous les tableaux». Et de commenter : «il faut aussi que tous ces métropolitains arrêtent de penser que Saint-Martin est un territoire sans droit, où il est facile d’essayer d’amadouer l’administration, les gendarmes, etc. »

Le vice-procureur a requis la confiscation du bateau ainsi qu’une interdiction de cinq ans d’exercer l’activité de transport de passagers en France. Le jugement a été mis en délibéré au 21 mars.

Estelle Gasnet
8 commentaires

Commentaires

Xénophobie.Hostilite systèmatique à l'égard des étrangers,de ce qui vient de l'étranger,et bien même dans le dictionnaire il n'y a pas un mot exact pour la déclaration haineuse de ce personnage pourtant lettré.N'est il pas Métropolitain ce Monsieur ?

c est le sport local! tous ces skippers français immatriculent leurs bateaux coté hollandais et embarquent coté français les passagers,tout bénéfice la ballade.
Si on suit le raisonnement du vice procureur , on pourrait aussi interdire aux résidents francais d'immatriculer leurs voitures coté hollandais et etc etc .....

Vous devriez, dans ce cas là, faire un contrôle de tout les bateaux a passager, ceux de partie hollandaise qui vont à tintamarre à 35 alors que les français ne peuvent dépasser 12 personnes, ou ceux d’anguilla qui font des aller retour entre St Martin et st barth sand faire d’entree, amenant les clients directement au Nikki beach
C’est un poid deux mesures, à vous dégoûter d’etre En règle en France

On se déchaine car c'est un skipper français métropolitain, et pour les passeurs de cul de sac qui surchargent leur bateau sans gilet de sauvetage... là aucun contrôle et à savoir s'ils déclarent tous leurs gains vu qu'ils ne prennent que du cash euro ou dollars aucun contrôle, mais pour eux peut être que la loi française n'est pas la même pour eux ou adaptée. Quand à la réponse du vice-procureur sur les métropolitains une honte, (à savoir qu'il est payé par les impots ¨des métropolitains )

je me demande si ces magistrats etaient là pendant et après Irma pour savoir a quel point les gens etaient a sec, eux meme payes par l’etat alors ils n’ont pas eu des coups durs de leurs vies.
Et d’apres leurs commentaires, En France donc est-il impossible d’etre lettré, eduquer donc et toucher le RSA en même temps? Quel est le rapport. J’en connait pleins des bacs + 5 au chomage.

Personne n'a croisé des métros arrogants qui ne payent pas l'impôt, ne déclarent pas leurs salariés, revendiquent de pouvoir rouler bourrés en disant "ici on est à St Martin pas en France "? allons allons...

La formule "tous ces métropolitains" est certes très contestable ! Il est dommage qu'aucun commentaire ne pointe le détournement du RSA et ne considère qu'avant tout, c'est une passagère qui a senti sa vie mise en danger par ce Monsieur ! A 75.00 €, le coût de la traversée n'était pas bradé par contre ! 2 1/2 mois de RSA en une journée ... de beuverie ! Ça se fête ! Espérant toutefois que son outil de travail ne lui sera pas retiré !

J'étais aussi passagère de ce bateau pour August Monday avec d'autres amis et j'ai eu peur au retour. nous avions réservé la rotation de 23 h pour rentrer à Marigot mais des personnes qui avaient ratés leur résa avant nous ont fait le forcing pour embarquer si bien que le bateau est repartit surchargé avec une vingtaine de personnes !!! il est revenu nous chercher à 2h du mat. A l'aller on est restés à quai pendant plus d'1h à la douane Anguillaise pour une histoire d'autorisation !!! on l'avait payés le dimanche à Marigot en espèces (75€) à la terrasse d'un Resto sur le front de mer, avec garantie d'avoir des boissons à volonté, ce qu'on a pas du tout eu d'ailleurs le jour J. il nous avait remis un reçu et il l'avait repris le jour du transport.