20.10.2016

Comme elle «joue avec son cœur», il lui donne plusieurs coups de taser

Un homme a été condamné à 18 mois de prison dont 6 avec sursis pour avoir battu violemment son ex-concubine à deux reprises.

«Je suis quelqu’un qui s’énerve très rarement… La seule chose qui me met en colère, c’est quand on joue avec mon cœur», affirme cet homme de trente ans (CD) au tribunal devant lequel il a comparu jeudi matin. Son ex-concubine en a fait les frais à trois reprises. Une première fois en février 2015 (il avait été condamné à de la prison avec sursis). Puis en février et mars de cette année. Et c’est pour ces deux derniers faits qu’il était convoqué aujourd’hui.
Début février, le couple est séparé mais l’homme vit mal la rupture. Un vendredi matin, il décide d’aller voir si «elle couche avec quelqu’un d’autre». Il la trouve au lit avec un autre homme. CD s’en va mais revient dans la nuit, alcoolisé. À 3 heures, il défonce la porte de l’appartement. Il porte une machette et frappe son ex-amie. Il la menace également avec un couteau en lui disant qu’il va «la piquer». Puis il s’en va.
«J’AI PERDU LE CONTRÔLE»
Il va de nouveau revenir vers 5 heures. Il réveille son ex-amie en lui donnant des coups de poing au visage. «Toujours amoureux d’elle», il veut lui faire l’amour, «baisse alors son pantalon et tente de lui enlever sa culotte». Mais elle refuse. La jeune femme parvient à s’enfuir de l’appartement. CD quitte aussi les lieux et va prendre une pierre sur le parking pour aller casser le pare-brise d’une voiture. CD est interpellé.
Lors de sa garde à vue, il reconnaît «l’avoir frappée bien fort au visage». «J’ai perdu le contrôle», admet-il devant les magistrats.
Un test d’alcoolémie est réalisé et montrera qu’il a encore 1,5 gramme d’alcool dans le sang.
La jeune femme dépose plainte mais souhaitera la retirer quelques jours plus tard. «C’est le père de mon enfant, je ne veux pas qu’il aille en prison», se justifie-t-elle. Convoquée en tant que victime, elle est présente à l’audience ce matin. Elle écoute son ex-conjoint parler et est affectée. Elle pleure. Elle va quitter la salle à deux reprises mais accepte de répondre aux questions du tribunal.
Après ces premiers faits de violence, CD aurait pu être condamné rapidement. Mais le parquet de Saint-Martin a demandé à ce qu’il voit vu par un expert. Or, ce dernier est indisponible pour un certain temps, il ne rendra son rapport que trois mois plus tard. Et entre-temps, CD a de nouveau fait preuve de violences.
Début mars, le couple sort en partie hollandaise avec le frère de la jeune femme. Tout se passe bien durant la journée. Selon CD, son ex-amie montre plusieurs marques d’affection à son égard jusqu’au moment où, le soir, alors qu’ils sont à la fête organisée à l’occasion de la Heineken regatta, elle met une certaine distance. «Elle a changé lorsqu’elle a vu ses copains», affirme-t-il. Ce qu’elle nie. «Souviens-toi, on a fait un selfie ensemble», dit-elle à la barre.
IL ENTRE DANS L’APPARTEMENT PAR LA FENÊTRE
Plus tard dans la nuit, alors que la jeune femme règle l’alarme sur son téléphone portable, elle entend du bruit dans le salon et se retrouve face à face avec CD qui s’est introduit dans l’appartement en passant par la fenêtre. «Elle dit qu’elle réglait l’alarme mais c’est faux… Elle était avec son petit-ami, elle lui disait qu’elle se foutait de moi», rapporte-t-il au tribunal. Et de concevoir : «Je suis un homme, j’ai un cœur… Il ne faut pas exagérer». Il attrape alors violemment son amie et la somme de lui donner le mot de passe de son téléphone. Après avoir reçu plusieurs coups de poing au visage, elle va le lui communiquer. Ensuite, il se saisit du taser qu’elle possède et s’en sert. Plusieurs traces sur le corps de la jeune femme le montreront.
«C’est une violence hallucinante», note le vice-procureur Michaël Ohayon qui tient à rappeler le nombre de blessures et leur taille constatées par le médecin légiste lors de l’examen de la femme. Sur son épaule, elle a une plaie de 5 cm qui a nécessité trois points de suture. Sur un doigt, elle a eu 2 autres points de suture. Un autre point sur un autre doigt. Elle a un bleu de 15 cm par 15. Un autre de 15 par 10 cm. Encore un sur le sein de 5 cm par 3. Pour les principales marques de coups après la première agression en février. Une ITT de 5 jours a été prescrite. Elle sera de trois semaines après les seconds faits de mars. En plus d’avoir les deux yeux au beurre noir et près d’une dizaine d’ecchymoses, elle a été «très choquée psychologiquement», a observé le médecin.
Le vice-procureur considère CD comme «un homme dangereux». Il requiert ainsi deux ans de prison dont six mois assortis du sursis avec mise à l’épreuve durant deux ans, comprenant notamment l’obligation de soins. Il demande également un mandat de dépôt.
Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé une peine de dix-huit mois de prison dont six mois assortis du sursis avec mise à l’épreuve durant deux ans comprenant l’obligation de soins ainsi que l’interdiction de porter une arme durant cinq ans.
Le couple est reparti ensemble du tribunal. Depuis le mois de mars, la jeune femme n’a fait l’objet d’aucune autre violence. CD a affirmé que «ses sentiments avaient changé» et acceptait que chacun puisse aller «s’amuser» de son côté. Néanmoins, ils vivent toujours ensemble avec leur enfant de quatre ans sous le même toit pour des questions financières. Mais lui dort sur le canapé.

Estelle Gasnet