19.11.2018

Recels et vol en réunion : 18 mois de prison ferme pour un jeune de 19 ans

«Un festival d’explications fantaisistes», a commenté le vice-procureur. SG, une jeune né en 1999 à Sint Maarten, a en effet eu du mal à convaincre le parquet et le tribunal de son innocence dans la série de trois faits qui lui étaient reprochés. Il a été présenté devant les juges selon la procédure de comparution immédiate le 16 novembre.

Revente de pièces détachées volées

Les gendarmes le soupçonnent d’être impliqué dans la revente de pièces détachées sur internet alors qu’il savait qu’elles provenaient d’un vol. En septembre dernier, le gérant d’un magasin situé à Hope Estate est averti par un ami que des pièces dérobées durant les pillages post Irma sont à vendre sur Facebook. Une plainte est déposée, une enquête est ouverte et les gendarmes identifient SG comme le vendeur. Ce dernier explique qu’il avait acheté les pièces (chaîne de moto, blouson, filtre à air, etc.) avant Irma dans ce magasin mais comme elles ne correspondaient pas au modèle de sa moto, il a décidé de les revendre de même que le blouson.

Les juges ont trouvé curieux qu’il ait décidé de les revendre un an plus tard, qu’il les ait conservées intactes alors qu’il a perdu les factures pendant l’ouragan, mais comme le gérant du magasin n’avait pas apporté la preuve que les pièces lui avaient été volées, ils ont relaxé le prévenu de ce chef d’accusation.

Recel de scooter: il demande à un ami de "récupérer" un scooter

Le deuxième fait qui lui est reproché s’est produit les 3 et 4 avril de cette année. Il est accusé d’avoir recelé un scooter qu’il savait volé. Il est aussi impliqué dans le vol du deux roues même s’il nuance son intervention.

A cette époque de l’année, SG vend un téléphone à un jeune et comme ce dernier lui doit encore 50 dollars, SG paie un de ses amis 100 dollars pour aller lui «prendre» son scooter ; le contrat étant, selon SG, de rendre le scooter à son propriétaire une fois qu’il aura payé les 50 dollars. Ledit ami s’exécute. Mais la récupération de l’engin est violente puisqu’une arme est utilisée.

«Je n’ai jamais dit de voler la moto, juste de la prendre, je n’ai jamais dit non plus de prendre une arme», insiste SG auprès des juges, qui cherche à se déresponsabiliser du comportement de son ami.

Il s’avère que SG et le jeune mineur propriétaire du scooter sont cousins et ce sont d’autres cousins qui, après une rapide enquête à Quartier d’Orléans, vont retrouver le lendemain le scooter, désossé, à Oyster Pond. «J’ai enlevé les pièces car je voulais le camoufler», se justifie SG.

Le prévenu explique aussi que son ami s’est trompé de scooter : il a pris le mauvais. «Il y avait deux motos similaires », affirme SG qui voulait, en fait, récupérer l’autre. Il a répété vouloir rembourser la victime.

Le jeune mineur qui avait été agressé trois semaines plus tôt dans des circonstances de tentative de vol de son scooter, a déposé plainte. Il s’est constitué partie civile et l’audience a été renvoyée sur intérêt civil. Aux côtés de sa mère, il a toutefois assisté au procès.

Refus d’obtempérer, conduite sans permis, vol en réunion

SG est impliqué dans d’autres faits qui se sont produits très tôt le 27 octobre dernier. Alors qu’ils sont appelés pour une tentative de cambriolage au niveau de la boulangerie de Grand Case, des gendarmes de la brigade de Marigot, constatent un attroupement à la Savane au niveau de la route menant aux casernes de pompiers et de gendarmerie. A leur arrivée, un motard au sol leur fait signe de poursuivre les deux jeunes qui prennent la fuite à scooter. Une course poursuite est alors engagée. Le scooter roule sur la voie de gauche, prend un sens interdit. Le passager tombe et le conducteur va perdre le contrôle de l’engin au niveau du rond point à Hope Estate avant de percuter la voiture des gendarmes. Il tentera de remonter dessus mais sera interpellé par les gendarmes qui l’avaient sommé à plusieurs reprises de s’arrêter. Une fois menotté, il essaiera encore de s’enfuir. Il communiquera aussi dans un premier temps un faux nom.

SG explique au tribunal que lui et son ami (le passager) rentraient chez eux en partie hollandaise par la partie française. Ils ont vu des voitures arrêtées au milieu de la route, se sont arrêtés, ont cherché à aider une victime et qu’ils se sont enfuis à l’arrivée des gendarmes car il n’avait pas les papiers du deux-roues et que son ami avait de la ganja sur lui. SG a précisé aux juges que s’ils lui donnaient une chance, il passerait le permis.

Pour le parquet, les faits se sont déroulés de la manière suivante. Un homme pilotant une grosse cylindrée a été pris en chasse à Hope Estate et a été percuté au niveau de la route menant aux casernes. Il est tombé à terre. Les enquêteurs soupçonnent SG d’être impliqué dans le traquenard et non d’être arrivé par hasard sur les lieux de l’accident et du vol de la moto. L’une des sandales de SG a été retrouvée sur le chemin à 80 mètres de la route nationale. Sur ce point, SG explique que lorsqu’il a pris la fuite pour échapper aux gendarmes, il a perdu sa chaussure et qu’elle «a volé».

Dans cette affaire, il est notamment poursuivi pour vol en réunion, refus d'obtempérer, avoir donné une fausse identité.

Réquisitions

Pour le vice-procureur Yves Paillard, SG fait partie de «cette jeunesse qui se moque des règles et qui chasse en meute les deux roues». «Il n’a jamais été habitué à respecter la loi», déclare-t-il. Et de demander au tribunal de «le condamner sévèrement» afin d’envoyer un message à «cette jeunesse impétueuse». Il requiert une peine de quatre ans de prison dont un an assorti du sursis mise à l’épreuve comprenant l’obligation de trouver un emploi et d’indemniser les victimes ainsi qu’une amende de 1 000 euros. Il sollicite aussi le maintien en détention et la révocation des trois mois de sursis prononcés en mars 2018 par le tribunal pour enfants pour des faits similaires.

Après en avoir délibéré, le tribunal le reconnaît coupable des second et troisième faits reprochés et le condamne à une peine de trois ans de prison dont dix-huit mois assortis du sursis mise à l’épreuve durant deux ans comprenant l’obligation de travailler ou de suivre une formation, d’indemniser la victime et d’établir sa résidence côté français ainsi qu’à une amende de 1 000 euros. Le maintien en détention est aussi prononcé, SG est donc retourné en Guadeloupe l’après-midi même.

Accessoirement, l’homme qui conduisait la grosse cylindrée et qui a été victime du vol de la moto, n’avait pas le permis de conduire adapté. Il avait emprunté la moto pour raccompagner une personne. Il est aussi poursuivi.

Contexte du procès

A la suite des faits du 27 octobre, SG avait été présenté selon cette même procédure de comparution immédiate quatre jours plus tard devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. Comme son avocate était en Guadeloupe, il avait demandé un délai pour préparer sa défense ce qui lui avait été accordé. Dans l’attente de son procès fixé au 16 novembre, il avait été placé en détention provisoire en Guadeloupe.

Vendredi dernier, il a été transféré à Saint-Martin pour assister à l’audience. Son maintien en détention ayant été prononcé, il est reparti l’après-midi en prison en Guadeloupe sous escorte de gendarmerie.

Comme il devait comparaître fin novembre pour les autres faits de recels, le parquet avait demandé à ce que tous les dossiers le concernant soient joints.

Estelle Gasnet
2 commentaires

Commentaires

pourquoi utiliser le mot "jeune "quand il s'agit de délinquant, à son age on est adulte .. De plus c'est mettre tous les jeunes dans le même sac (car beaucoup de jeunes ne sont ni des voleurs, drogués, meurtriers) la moindre des choses quand on est "journaliste" c'est d'utiliser le vocabulaire adéquat au lieu de faire du politiquement correct

Est catégorisé JEUNE au sens de la loi toute personne âgée de moins de 25 ans révolus. Le journal n'est donc pas politiquement correct mais tout simplement, sémantiquement précis.