25.10.2017

Deux ans de prison ferme pour avoir menacé une femme avec une arme

Un jeune de 18 ans a comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin selon la procédure de comparution immédiate mercredi matin.

«J’ai pas tiré… Je n’ai pas commis cet acte Madame la juge», répète plusieurs fois d’affilée, KR, un jeune de dix-huit ans à la présidente du tribunal correctionnel de Saint-Martin avant que celle-ci suspende l’audience pour aller délibérer avec ses collègues.

KR est accusé d’avoir menacé avec une arme le 1er octobre dernier une jeune femme (IG) dans un immeuble à Quartier d’Orléans. Ce soir là, il est 22h30, lorsque quelqu’un éteint la lumière dans les parties communes de la résidence. Au téléphone avec une de ses amies, la victime demande qui a éteint la lumière. Un jeune homme dont elle ne connaît que le prénom, lui répond et ils vont s’insulter. Selon la victime, il lui aurait demandé si elle «voulait mourir» et serait revenu avec une arme qu’il aurait posée sur sa poitrine avant de la placer sur son épaule et de tirer à deux reprises.

Aux gendarmes, KR a expliqué qu’il était allé chercher des boissons chez la grand-mère de sa petite amie (devenue ex depuis) et en redescendant dans l’escalier il a eu envie de «pisser». Il a donc éteint la lumière pour uriner. Il reconnaît qu’il a insulté IG et lui avoir fait un doigt d’honneur mais nie qu’il était en possession d’une arme et donc d’avoir tiré. Pourtant selon plusieurs témoignages de riverains qui étaient chez eux, deux coups de feu ont été entendus après que deux personnes se sont disputées.

Examinée par un médecin légiste après les faits, la victime présente des troubles d’audition, qui seraient consécutifs aux tirs près de ses oreilles. Un psychologue qui l’a aussi examinée, affirme qu’elle est une personne «crédible au parcours stable» et que «sa parole est authentique».

Quelques jours après les faits et avoir déposé plainte, IG a reçu la visite de KR auprès de qui elle s’est excusée de l’avoir insulté et de la mère du jeune homme, qui a essayé de lui faire comprendre que son fils était quelqu’un de bien. Aux gendarmes qui l’entendront à trois reprises, elle fera part de sa volonté de retirer sa plainte.

KR a été interpellé en début de semaine et placé en garde à vue pendant plus de quarante heures. Il a été déferré devant le vice-procureur et présenté au tribunal mercredi matin selon la procédure de comparution immédiate.

À l’audience, KR était soutenu par plusieurs membres de sa famille dont sa mère qui pleure ; par contre la victime était absente. L’association Trait d’Union qui vient en aide aux victimes, n’a pas réussi à la joindre.

Selon la défense, IG présente des «incohérences » dans ses déclarations, notamment au sujet de l’arme. «Elle dit qu’elle a vu KR nettoyer une arme puis ensuite qu’il est monté dans l’immeuble pour aller chercher une arme, s’il avait déjà une arme pourquoi serait-il monté en chercher une ?», relève maître Marc Vayrac pour qui «l’enquête a été bâclée». «On parle de trois coups de feu or seul un impact de balle a été constaté par les gendarmes, les faits se sont pourtant déroulés dans un espace fermé et étroit», commente l’avocat qui demande la relaxe de son client.

Le vice-procureur soulèvera un autre détail à l’audience au sujet de la tenue vestimentaire. «La victime affirme que KR portait un pantalon noir et un t-shirt noir avec un dessin doré. Lors de la perquisition à son domicile, les gendarmes ne retrouveront pas de t-shirt noir avec un logo doré », indique Michaël Ohayon. «Ce matin votre maman vous a apporté un t-shirt… pouvez-vous le montrer au tribunal ? », demande-t-il au prévenu qui s’exécute. Il ouvre son sweat-shirt et montre un t-shirt noir avec un dessin doré.

Par ailleurs, le passé de KR qui a abandonné l’école à l’âge de quatorze ans, ne joue pas en sa faveur. «Vous êtes défavorablement connu des services de police comme on dit », souligne la magistrate Catherine Leuly-Joncart.

À dix-huit ans et quatre mois, KR compte déjà deux condamnations inscrites à son casier et deux en attente de l’être pour des faits de vols avec violence et arme. Depuis le début de l’année, il a été convoqué quatre fois devant le tribunal pour enfants. À la barre aujourd’hui, il est donc en état de récidive légale. Il avait été libéré de prison en juin puis n’avait pas respecté les conditions d’une peine de sursis mise à l’épreuve. Il devait notamment travailler au sein d’un opérateur de téléphonie mobile. «Ç’était pas pour moi. J’étais assis dans une voiture à tourner… j’accompagnais un technicien qui faisait des petites réparations, moi j’ai besoin d’être actif», dit-il au tribunal. Et de confier qu’il est embauché en partie hollandaise pour ramasser les poubelles.

KR est aussi impliqué dans l’affaire dite des faux policiers en Guadeloupe confiée au pôle de l’instruction de Pointe-à-Pitre. Il était aussi impliqué dans un braquage d’un restaurant en pleine nuit à Marigot en février 2015.

«Il a commencé à commettre des actes délictueux à l’âge treize ans ; la violence avec arme est omniprésente dans son parcours. Il a treize mois de prison avec sursis au-dessus de sa tête», fait remarquer le vice-procureur qui requiert une peine de trente mois de prison, un mandat de dépôt, la révocation partielle du sursis et l’interdiction de porter une arme soumise à autorisation durant cinq ans.

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné KR à une peine de deux ans de prison ferme et une interdiction de porter une arme soumise à autorisation durant quinze ans. Il a aussi révoqué à hauteur de six mois son sursis et prononcé un mandat de dépôt. À la fin de l’audience, KR a été pris en charge par les gendarmes et sera transféré dès ce soir au centre pénitentiaire pour y purger une peine de trente mois de prison ferme.

Estelle Gasnet