07.09.2018

La Réserve naturelle installe des habitats artificiels sous-marins

Le projet BioHab2 propose des refuges de substitution à la faune marine, fabriqués à partir de matériaux recyclés.

Afin de proposer un refuge de substitution aux animaux marins le temps d’agir en parallèle sur la réhabilitation des habitats naturels, la Réserve naturelle de Saint-Martin a lancé en 2014 son projet BioHab 1, qui consiste en la création d’habitats artificiels dans les eaux dont elle a la gestion.

Ils visent également à favoriser la survie des premiers stades (post-larves) en offrant des refuges complémentaires aux poissons, mollusques, échinodermes et crustacés associés aux récifs coralliens. L’idée est aussi de proposer de nouveaux sites de plongée afin de diminuer la fréquentation des sites naturels et permettre ainsi une meilleure récupération de leurs peuplements.

Neuf modules, constitués de parpaings assemblés sous différentes formes avaient ainsi été immergés. « On était alors passé de six individus par 100m² représentant quatre espèces différentes, à 520 individus sur 100m² représentant jusqu’à 75 espèces différentes après neuf mois d’immersion » explique Julien Chalifour, responsable du pôle scientifique de la Réserve naturelle.

Détruits par Gonzalo, puis réinstallés, ces habitats artificiels ont été complètement ensablés par Irma. Alors, depuis six mois, la Réserve naturelle travaille sur BioHab 2. Ce deuxième projet, co-financé par l’Agence française pour la biodiversité et la fondation Véolia, s’inscrit dans le prolongement du premier, qui bénéficiait alors des fonds alloués par TEMEUM. La Réserve a accueilli Guillaume Montagne, un stagiaire de licence professionnelle, qui a contribué à la réalisation et au pilotage du projet.

BioHab 2 est plus ambitieux que son prédécesseur en terme de volumes mais aussi de diversité de matériaux utilisés. La Réserve a immergé deux nouveaux habitats artificiels sous-marins en juin 2018, et vient d’en installer deux autres cette semaine. Chaque site abrite une quarantaine de modules de formes variées, proposant des structures complexes, des caches de différentes tailles et des surfaces rugueuses colonisables. En récupérant la structure métallique d’un lustre par exemple, et après l’avoir dépolluée, les agents de la Réserve ont pu imiter la structure d’une gorgone.

« Lors des plongées de reconnaissance sur les deux sites installés en juin, nous avions comptabilisé là encore très peu d’individus (45 indiv./100m) représentant un faible nombre d’espèces (deux espèces). Après un mois d’immersion, le peuplement est passé de 2 à 24 espèces représentées par 254 individus par 100 m². Une nouvelle plongée de suivi aura lieu en septembre et devrait donner des chiffres encore plus impressionnants. » rapporte Julien Chalifour.

La grande nouveauté c’est que ces nouveaux habitats artificiels sont fabriqués à partir de matériaux recyclés, et si possible, de déchets d’Irma.

« Si Irma a fait des ravage à terre, elle a contribue à mettre à disposition quantité de matériaux inertes pouvant être réutilisés pour constituer des habitats artificiels sous-marins » souligne en effet Julien Chalifour. Naturellement, la Réserve utilise des matériaux qui ne vont pas dégager de matières nocives pour le vivant.

« BioHab2 ambitionne donc de sélectionner les matériaux compatibles lors des opérations de nettoyage et, en collaboration avec divers contributeurs (VerdeSXM, Tout à Louer….), d’élaborer des propositions d’architecture des modules à immerger » poursuit-il.

Ces habitats artificiels sont par ailleurs voués à recevoir les boutures de coraux mises en pépinière il y a trois ans. Ces dernières mesuraient alors quatre centimètres en moyenne et ont grandi de plusieurs dizaines de centimètre depuis leur installation sur les cordes. Ainsi, selon Julien Chalifour, « les surfaces des modules devraient petit à petit être colonisées par le vivant et à terme devenir de véritables récifs vivants. Les habitats artificiels sont voués à favoriser la survie d’un plus grand nombre de jeunes poissons, pour permettre une augmentation des populations et donc un export d’individus de la Réserve vers les zones adjacentes. Mais à long terme, ils ne sauront remplacer les récifs naturels. ».

Crédits photos : Réserve naturelle de Saint-Martin (les photos ont été prises après un mois d’immersion. Les structures font l’objet d’un entretien et d’un suivi scientifique pour documenter leur colonisation).

Fanny Fontan
1 commentaire

Commentaires

GASPILLAGE
il faudrait juste eviter le pillage systématique de nos site marins naturels pour permettre à la faune, flore etc. de s'y réinstaller.
Témoins la BO où un individu s'est installé depuis quelques semaines avec un kayak Bleu et pose des casiers sans aucune restriction devant ce qui reste du Pedros...