25.10.2016

Pour A.Richardson, le projet de la baie de Marigot est «une vraie menace »

Mercredi 26 octobre étant la date limite de remise des candidatures à l’appel public à la concurrence pour le projet d’aménagement de la baie de Marigot. Alain Richardson, «for the love of St Martin», a souhaité écrire une tribune pour s’exprimer à ce sujet.

«Dans le cadre de la nécessité et de l’urgence absolues de créer de l’activité économique pérenne sur le territoire, la baie de Marigot, depuis des décennies est considérée par tous comme un atout formidable avec un potentiel de développement réel et stratégique car ayant la capacité d’être une locomotive de croissance économique et sociale. 
Il est clair donc que dans le cadre d’un tel projet, l’objectif essentiel voire exclusif, doit être d’attirer, d’accueillir et d’accommoder des touristes et des visiteurs ayant un fort pouvoir d’achat et de consommation sur le territoire. Dès lors, l’implantation des équipements structurants indispensables ainsi que la création des conditions maritimes et portuaires adéquates pour accueillir et accommoder les bateaux de croisière et la plaisance doivent être la « raison d’être » du projet car elles sont les conditions sine qua non. 
Le site de la baie de Marigot, compte tenu du développement constant dans le bassin caribéen du secteur du tourisme de croisière et de l’activité de la plaisance est incontestablement notre meilleure chance de développement et de croissance économique pérennes. Les secteurs de la croisière et de l’activité de plaisance sont des secteurs à forte valeur ajoutée et grands consommateurs de main d’œuvre : croissance économique et emplois voilà exactement ce qui depuis plus d’une décennie nous font défaut ici et qui sont pour moi des priorités absolues. 
Je rappelle ici encore que l’enjeu dramatique pour St-Martin afin de répondre aux besoins et exigences de sa croissance démographique est de doubler le niveau de son produit intérieur rut dans les dix années à venir sous peine d’une paupérisation accrue et dangereuse. 
L’activité touristique par et autour de la mer dans notre bassin caribéen, est et demeure le vecteur le plus important de croissance et d’emplois. 
- Croissance annuelle moyenne du secteur de la croisière en termes de nombre de croisiéristes 6.55 % par an ; (dans la Caraïbe plus de 4% de croissance annuelle en 2014 et 2015. (« Cruise Market Watch »). 
- 42 % des croisiéristes visitent ultérieurement les territoires découverts lors d’une croisière. 
- 86 % des croisiéristes programment une autre croisière dans les 3 ans de leur dernière croisière. 
- En moyenne chaque croisiériste dépense 565 $ pour activité et shopping à bord et sur les territoires visités. 
Il est manifeste donc que tout projet de développement et ou d’aménagement du front de fer de Marigot, ne pourrait avoir comme « objectif principal » que la mise en place: 
        -  des infrastructures d’accueil et d’accommodation des bateaux de croisière ainsi que des croisiéristes ;
        -  des infrastructures d’accueil et de développement de l’activité de plaisance.
        -  des infrastructures ainsi que d’une politique holistique de redynamisation de Marigot. Tout le reste est de l’accessoire. Rester fidèle en permanence à ce qui est principal et ce qui relève de l’accessoire est primordial au risque de détruire le charme, la beauté et les équilibres même de ce qui fait de cette baie un atout formidable et un des plus beau site dans la zone. Le marché cible pour ces 2 secteurs (croisière et plaisance) ne peut être autre que le haut de gamme. Car la croisière et la plaisance de masse auraient nécessairement pour effet la destruction même du cadre environnemental et d’un produit touristique, sources mêmes de l’intérêt de son développement. Pourtant après le projet «écran de fumée» des Canadiens de Daniel Gibbs de 2012 (plus de 800 millions d’euros d’investissement annoncés), l’analyse du dossier de consultation du projet de contrat de concession lancé par Aline Hanson, fait conclure qu’en réalité ce projet n’est qu’un projet de promotion immobilière irréaliste mais surtout dangereux pour le territoire. L’accessoire (la promotion immobilière) est devenu le principal (implantation des équipements structurants de la croisière et de la plaisance).
Dans les faits, caché et couvert sous l’idée de l’accueil de la croisière et de la plaisance c’est un vaste projet de promotion immobilière spéculative qui n’aura pour effet que de créer une nouvelle ville et d’enterrer le Marigot actuel. 
Pour information le projet d’Aline Hanson porte sur la création de plus de 26 hectares de terrains nouveaux (soit plus que la surface actuelle de Marigot) pour faire de la promotion immobilière avec plus de 180 000 m2 de surface plancher ce qui représente, même si on réservait 25 000 m2 pour d’éventuels hôtels, plus de 155 000 m2 de logements et de commerces. En fait ce projet représenterait compte tenu des surfaces et de l’affirmation de «logements de standing», plus de 1 500 logements et plus de 1 000 commerces nouveaux. 
L’étude présentée pour justifier de la faisabilité et de la rentabilité du projet est infondée et aberrante. L’économie même du projet est irréaliste, déconcertante et totalement erronée. Je reste convaincu qu’aucun investisseur sérieux et disposant de la surface financière nécessaire, qui accepte de s’inscrire dans l’objectif du principal d’un tel projet, ne va présenter d’offre (même pas les amis de Daniel Gibbs qui, il y a quelques temps affirmaient être prêts à investir plus de 800 millions d’euros). 
Le risque est de voir un prédateur et spéculateur immobilier présenter une des très rares offres et éventuellement remporter la consultation. 
Notre territoire a grandement et urgemment besoin d’un réel projet structurant d’aménagement de la baie pour accueillir et accommoder les activités touristiques de la croisière et de la plaisance ainsi que de redynamisation de Marigot. Mais une certitude est que ce projet-là, n’est nullement celui présenté par Aline Hanson à l’appel public à la concurrence (ni même par les amis de Daniel Gibbs à l’époque). »

Anonyme
1 commentaire

Commentaires

Belle Créole morte. Happy Bay morte aussi .
Réhabilitons ici et maintenant ces très beaux lieux plutôt que de rêver la lune à des fins programmatiques pré-électorales mégalomaniaques. SMALL IS BEAUTIFUL , la folie des grandeurs n'est pas de mise, surtout lorsque l'on connait le niveau d'efficacité des "leaders de la Nation".

Quand à l'attraction du Marigot il y a beaucoup à faire ici et maintenant pour enjoliver les vieilles maisons créoles, les façades murales délabrées ou graffitées sans parler des blocs Edf remarquables verrues urbaines et les fils téléphoniques semblables à des toiles d'araignées ici et là.

Misons sur l'écotoursime et construisons un télé siége. http://fr.jabiru-blog.info/2007/12/07/bulles-de-noel/

Il n'y a qu'un seul port en eau profonde sur notre île au manteau partagé. géographiquement il est au Sud du côté de Chez Martine. C'est par là que le flux des touristes passe, non obstant l'aéroport international.

"Une grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf finit par crever."