02.04.2024

Accusé d'avoir agressé la compagne de son frère, il est placé en détention provisoire dans l'attente de son procès

Accusé d’avoir agressé sexuellement la compagne de son frère, un homme d’une quarantaine d’années, déjà connu des fichiers judiciaires pour des faits similaires, était convoqué mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. Placé en détention provisoire le 23 février, P.Q a comparu en visio-conférence depuis la prison de Basse-Terre.

Il n’a toutefois pas été jugé immédiatement car il n’avait pas d’avocat. Le tribunal a donc renvoyé l’affaire mais a dû statuer sur sa situation judiciaire dans l’attente de son procès, à savoir sur son maintien ou non en détention, ou sur un placement sous contrôle judiciaire.

Les faits se sont déroulés le 9 janvier. La victime se trouve chez son fiancé qui vit avec sa mère et son frère, P.Q. Elle cuisine lorsque P.Q s’approche d’elle. Elle lui demande de s’éloigner et, selon elle,  l’homme l’aurait touchée, lui aurait écrasé le sein, et attrapé le bras. Par réflexe, elle jette un pot de fleurs à ses pieds. Puis, elle le repousse, se rend dans sa chambre. P.Q la suit et verrouille la porte.

Sous l’effet d’un traitement médicamenteux pour sa dépendance à l’alcool, la victime commence à s’endormir dans le lit. P.Q lui retire son pantalon et lui met sa main dans son vagin. Elle a tellement eu mal qu’elle n’arrivait pas à bouger, décrit-elle aux enquêteurs. Le prévenu aurait continué en la pénétrant avec son sexe, jusqu’à ce qu’elle saigne sur le matelas. Elle va réussir à le repousser et à le faire sortir de la chambre.

Au gendarmes, elle racontera que P.Q lui a porté des coups à la tête et qu’il a tenté de l’étrangler. De plus, il a menacé de la « jeter par le balcon » et de lui « trancher la gorge » quand celle-ci est allée déposer plainte quelques jours plus tard.

Les enquêteurs ont réalisé des photographies du corps de la victime qui a été examinée par un médecin. Celui-ci a constaté plusieurs hématomes au niveau de la tête, des avant-bras et des fesses. La victime était en état de choc émotionnel avec une désorientation dans le temps. L’examen gynécologique a révélé des lésions. Le médecin a établi une incapacité totale de travail (ITT) d’un jour.

Le compagnon de la victime a aussi été entendu par les enquêteurs à qui il a prétendu qu’elle mentait. «Elle a de gros problèmes d’alcool et un traitement lourd qui lui entraîne des problèmes de mémoire et de comportement (..) Elle a déjà été hospitalisée», a-t-il déclaré. Il n’a pas assisté aux faits. Il est arrivé au domicile vers 20 heures et a constaté que son frère était blessé au pied. Il a écouté les versions de son frère et sa fiancée mais ne croit pas cette dernière. Il précise aux gendarmes ne pas avoir vu de traces de sang sur le matelas et que sa compagne avait déjà menti.

A la barre du tribunal, P.Q conteste fermement les faits. «Je ne l’ai jamais frappée. Quand j’ai des besoins sexuels, je vais sur la partie hollandaise voir des prostitués que je paie», avoue-t-il. Sa mère confirme sa version selon laquelle il regardait la télévision le jour des faits.

Comme dans tout ce genre d’affaires, le prévenu a été vu par un psychiatre. L’examen a révélé une personnalité psychotique dépendante, une déficience intellectuelle, une addiction au crack et à l’exhibitionnisme dans un contexte de grande immaturité psychoaffective. La mise en place d’un suivi psychiatrique et un traitement sont fortement recommandés par le médecin.

«Le risque de réitération est présent et il est fort, l’expertise le démontre », déclare le vice-procureure qui, pour requérir, s’appuie sur la précédente condamnation du prévenu en 2022 pour des faits similaires «avec une multiplicité de victimes ». « Il y a également un risque de pression sur la victime et cela se reflète dans les menaces de l’accusé», complète-t-il avant de requérir le maintien en détention du prévenu.

Après délibération, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet. L’affaire a été renvoyée au 24 avril.

Siya TOURE