09.05.2022

Exhibition sexuelle et outrages à gendarmes : un jeune de 19 ans placé sous contrôle judiciaire

Mercredi dernier, alors qu’elle est chez elle, une jeune femme voit un jeune homme de la résidence voisine à Oyster Pond, sur sa terrasse en train de se masturber. Il la regarde. Il se déplace, montre toujours son sexe. Elle prend peur et appelle les gendarmes qui, quelques minutes plus tard, se rendent sur les lieux. Ils trouvent l’individu chez lui, toujours en train de se masturber et de regarder un film porno. Ils l’interpellent.

EC, âgé de dix-neuf ans, est alors placé en garde à vue. Son audition se passe mal. Il insultent des gendarmes - femmes uniquement - porte un coup de poing à l’épaule à l’une et un coup de pied dans le ventre à une autre. Il menace de mort une autre.

EC est poursuivi pour exhibition sexuelle ainsi qu’outrages et violences à l’encontre de personnes dépositaires de l’autorité publique. Il a été présenté devant le tribunal de proximité de Saint-Martin deux jours plus tard en comparution immédiate.

Comme la loi le lui permet, le jeune homme a demandé un délai pour préparer sa défense. Il reconnaît son comportement lors de sa garde à vue mais nie les faits d’exhibition sexuelle. Son procès est renvoyé au 20 mai. Dans cette attente, le tribunal a dû statuer sur la situation de EC : le laisser en liberté, le placer sous contrôle judiciaire ou mandat de dépôt (prison).

La procureure de la République a requis la troisième option. Pour elle, EC présente «un profil inquiétant». Elle rapporte des faits de violences auxquels il a participé, quand il était mineur. Elle insiste sur «le rapport de force» dans lequel EC est en permanence, comportement identifié par le médecin psychiatre qui l’a examiné avant l’audience. «Lors de sa garde à vue, six gendarmes ont été nécessaires pour le maîtriser. Je ne vois pas comment sa sœur de vingt et un ans avec son gabarit sera capable de le maîtriser s’il est placé sous contrôle judiciaire chez sa mère… Ce n’est pas le petit chéri à sa maman comme celle-ci le décrit », commente la procureure.

Quelques minutes plus tôt, le tribunal avait étudié la personnalité de EC et invité sa mère à la barre pour témoigner. Les juges ont en effet voulu éclaircir un point du rapport médical : pourquoi le prévenu vit seul et a été «mis dehors». La mère explique qu’elle n’a jamais abandonné son fils, que celui-ci vit effectivement seul dans un appartement à Oyster Pond «mais [qu’elle] paie le loyer, les charges et les courses». Elle confie que son fils est malade, «il est dyslexique ce qui cause ses troubles de comportement», maladie que le médecin psychiatrique n’avait pas relevée dans son examen.

«C’est très dur de l’avoir à la maison, il faut prendre beaucoup de temps avec lui… Après Irma nous avons été en Guadeloupe où nous avons eu des aides, cela se passait bien. Mais ici à Saint-Martin, il n’y a rien, il n’y a pas d’aide», poursuit la mère qui ne cache pas ses difficultés à faire face à la situation. Aussi a-t-elle préféré louer un appartement à son fils pour qu’il vive hors du foyer familial. «Mais nous nous appelons tous les jours, nous sommes en contact», précise-t-elle.

A la question «accepteriez-vous d’accueillir votre fils à votre domicile» jusqu’à la tenue du procès, la mère ne répond pas directement. Sa fille, âgée de vingt et un ans, assise dans le public, demande alors à prendre la parole. «Vous demandez si mon frère, pour ne pas aller en prison, peut rester à la maison jusqu’au procès ?... Alors oui, il peut rester. Je vais aider ma mère, je dois passer bientôt des examens, je dois réviser mais je vais aider ma mère et mon frère, il m’écoutera, je vais prendre du temps, je vais m’organiser», a-t-elle déclaré.

EC a également indiqué au tribunal qu’il voulait rester chez sa mère et qu’il s’excusait auprès des gendarmes pour son comportement.

Après en avoir délibéré, le tribunal a placé EC sous contrôle judiciaire avec l’obligation de résider chez sa mère à Concordia, de pointer à la gendarmerie accompagné de sa mère ou de sa sœur une fois par semaine, l’interdiction de porter une arme, de se rendre à Oyster Pond et d’entrer en contact avec la victime. Cette dernière était présente à l’audience et était encore effrayée.

Estelle Gasnet