12.05.2021

PPRN : l’Etat parle de «dérogation et d’exception » pour Saint-Martin

Il adapte son discours pour convaincre la population.

Depuis le 4 mai, les services de l’Etat organisent des réunions publiques dans les quartiers pour présenter les nouveaux «principes» de la révision du plan de prévention des risques naturels (PPRN) issus du rapport de la mission Lacroix. «Nous veillons à ne pas dire ce qui est interdit mais ce qui est autorisé de faire», insiste le préfet Serge Gouteyron qui s’est déjà rendu à Grand Case, Quartier d’Orléans et Marigot.

Au fur et à mesure et au regard des remarques du public, les services de l’Etat adaptent leur vocabulaire. A Grand Case et encore plus à Quartier d’Orléans, la population était apparue dubitative quant aux annonces du préfet, notamment celle de pouvoir reconstruire en zone à très fort risque. Aussi ont-ils à Marigot adopté un nouveau vocabulaire dans l’espoir de mieux convaincre et d’obtenir la confiance de la population. Ils ont ainsi parlé de «dérogation» et «d’exception» en matière de reconstruction. C’est la première fois hier soir que ces termes ont été employés. Ils étaient même écrits en gras dans des encadrés sur plusieurs documents projetés en français et en anglais, documents qui ont aussi été remaniés dans la forme depuis la première réunion.

Si en théorie l’Etat doit interdire la reconstruction d’une maison détruite par un cyclone qui se situe dans une zone à très fort risque, à Saint-Martin il va l’autoriser. «C’est une dérogation pour tenir compte des spécificités » du territoire». Le préfet a également assuré que «l’Etat n’exercera pas son droit d’exproprier» les personnes dont les maisons ont été détruites et qui se situent en zone rouge foncé. Ce sera «une exception à Saint-Martin».

Serge Gouteyron l’a justifié à Marigot et à Grand Case : «si je vous exproprie, c’est pour vous mettre où ? » Alors qu’en 2019, les services de la Deal avaient indiqué qu’il restait suffisamment de foncier disponible pour permettre aux populations les plus exposées de reconstruire ailleurs, cet avis n’est plus partagé par le nouveau préfet et la nouvelle équipe de la Deal.

Malgré ces annonces, la population reste prudente et attend de voir le règlement final. Elle n’est pas encore certaine que ces nouvelles dispositions seront écrites noir sur blanc dans le règlement. Bien que l’Etat fait preuve de davantage de pédagogie, d’écoute, le public reste sur ses gardes et critique.

A Quartier d’Orléans, des riverains ont demandé les raisons pour lesquelles les socioprofessionnels et le CESC étaient consultés car ils n’en voyaient pas l’intérêt ; à Marigot, pourquoi les conseils de quartier n’avaient pas été auditionnés. Enfin, il a été reproché aux services de l’Etat d’organiser des réunions lors desquelles il ne présente ni carte, ni zonage, ni règlement. En effet, les nouvelles décisions seront dévoilées au public lors du second cycle de réunions les 20, 25, 27 mai et 1er juin. Pour l’instant, la préfecture souhaite «consulter» la population, lui présenter les grands principes de sa réflexion avant de finaliser le règlement. En 2019, il avait été reproché à la préfecture de ne pas avoir consulté la population en amont de la rédaction du règlement.

La prochaine réunion publique aura lieu mardi à 18h à Sandy Ground.

Estelle Gasnet