29.10.2020

Deux ans de prison dont un an ferme pour avoir violemment frappé son ex partenaire

Le parquet avait requis une peine de douze mois de prison dont six assortis d’un sursis probatoire comprenant l’obligation de soins et l’interdiction d’entrer en contact avec la victime. C’est au final une peine de deux ans dont douze mois assortis d’un sursis probatoire durant trois ans que le tribunal a prononcé à l’encontre de KH pour avoir commis des violences sur son ex-partenaire.

Les faits se sont déroulés dans la nuit du 20 au 21 octobre dernier. KH envoie plusieurs messages à son ex-partenaire X* lui demandant de l’appeler. Un peu avant minuit, la victime le contacte et le couple - séparé depuis une dizaine de jours - se revoit «pour discuter». KH se rend chez X et la situation va dégénérer en quelques minutes.

Les voisins sont alertés par les cris de X, regardent par la fenêtre et aperçoivent KH marcher tranquillement sur le parking vers sa voiture. Ils voient ensuite X en pleurs, des marques sur le visage. Ils appellent les gendarmes.

KH sera interpellé quelques instants plus tard dans sa voiture garée sur un parking dans un autre secteur de l’île. Il est placé en garde à vue puis en détention provisoire dans l’attente d’être présenté le 23 octobre devant le tribunal de proximité de Saint-Martin en comparution immédiate.

Aux gendarmes, la victime explique avoir reçu des coups aux visage, avoir été projetée au sol. Elle confie aussi que KH a tenté de l’étrangler avec un torchon. Elle est examinée par un médecin qui confirme des traces sur le visage et au niveau du cou, un bleu sur son visage est encore visible à l’audience.

KH donne une autre version des faits. Il reconnaît uniquement lui avoir donné une «baffe». «Elle m’a frappé en premier et mon réflexe a été, malheureusement, de la frapper en retour», déclare-t-il. Il admet aussi avoir pu la bousculer en voulant sortir de l’appartement mais dément avoir tenté de l’étrangler.

A l’audience, les magistrats essaient de comprendre les circonstances de ces violences. Tout d’abord la nature de la relation entre KH et X. La victime, plus âgée, avoue timidement qu’ils entretenaient «des relations sexuelles mais pas amoureuses» et qu’elle «a hébergé KH pendant plusieurs mois». Le prévenu le confirme. Et ajoute à la barre pour justifier qu’il ait quitté son domicile et lui ait rendu ses clés : «elle était en train de tomber amoureuse et je ne voulais pas lui briser le cœur». L’exploitation des téléphones portables révèle que KH voyait une autre fille, et que X regrettait que «cette droguée» ait «détruit leur relation». Et c’est justement avec cette fille que KH était le soir des faits, la jeune femme l’avait attendu dans la voiture le temps qu’il aille discuter avec X. Elle était aussi à ses côtés lorsque les gendarmes l’ont interpellé dans la voiture. Elle a été auditionnée mais a tenu des propos contradictoires.

La nuit des faits, KH affirme que X a essayé de lui «faire des bisous» et qu’il l’en a empêchée. Il lui a pris le téléphone portable pour «supprimer les photos intimes» qu’elle avait prises de lui. Puis ils se sont disputés, il a voulu partir mais elle a refusé qu’il sorte de l’appartement.

De son côté, la victime nie avoir voulu l’embrasser et s’être opposée à ce qu’il sorte. Elle affirme l’inverse. Le voyant violent, c’est elle qui a essayé de sortir. «Il n’était pas dans son état normal… Je lui ai dit c’est moi X, mais il n’entendait pas… Il ne s’est jamais comporté ainsi, il a toujours été respectueux et gentil. Je ne le reconnaissais pas ce soir là», déclare-t-elle aux juges qui regrettent qu’aucune analyse toxicologique n’ait été faite «d’autant plus que du cannabis a été découvert dans sa voiture au moment de son arrestation». Et que KH a admis en consommer.

D’ailleurs, il lui était reproché d’avoir été en possession d’une paire de ciseaux (considérée comme une arme) le soir des faits et de l’avoir sortie de sa poche lors de la dispute. KH a expliqué que les ciseaux appartenaient à X et qu’il s’en servait pour «couper l’herbe».

Cette détention d’arme n’a toutefois pas été retenue par le tribunal à son encontre. La peine de deux ans de prison dont un an assorti d’un sursis probatoire comprend l’obligation de soins et de travailler. KH a également interdiction d’entrer en contact avec la victime et de détenir une arme pendant cinq ans.

* Nous désignerons la victime par X dans l’article car elle a demandé à ce que ses initiales ne soient pas mentionnées.

Estelle Gasnet