09.09.2020

Violences conjugales : il manque (toujours) des structures d'hébergement

«Les plaidoiries se suivent et se ressemblent... Vous ne savez pas aimer… On règle les problèmes avec des coups, c’est plus simple», a récemment déclaré un avocat à la barre du tribunal alors qu’il défendait un homme accusé d’avoir frappé sa compagne. Les hommes qui sont violents, souvent, «ne mesurent pas la gravité des faits», a-t-il ajouté. «Par manque d’éducation, d’amour, de fibre paternelle.» Les violences conjugales – physiques ou verbales - sont fréquentes, elles font partie du quotidien de certaines femmes. Mais elles sont de plus en plus dénoncées par les victimes.

Bien que ces femmes trouvent le courage de déposer plainte, nombreuses sont celles à rester avec leur compagnon. Par amour pour certaines, mais aussi et surtout parce qu’elles n’ont pas d’autre choix. Elles n’ont pas les moyens (financiers) de quitter le domicile conjugal.

Si les violences conjugales et l’accompagnement des victimes sont un sujet – politique- très médiatisé au niveau national depuis plusieurs mois, localement il l’est beaucoup moins. Les actions mises en place sont peu nombreuses. Non pas par faute d’acteurs mais de moyens. Le principal problème localement est le manque de structures permettant un accompagnement au quotidien pendant plusieurs semaines.

Il existe un centre d’hébergement, Le Manteau, mais il est saturé. L’association de solidarité propose un hébergement de jour et de nuit pour les femmes battues et les enfants. Il accueille les femmes qui ne peuvent pas rester chez elles, le temps qu’elles se reconstruisent et obtiennent un autre logement. Solution alternative, l’hébergement au Manteau peut devenir une solution durable. «Tant que les femmes ne peuvent pas se loger, elles restent au Manteau», explique Audrey Gil, la directrice de l’association. Et si elles ne peuvent pas se loger, c’est parce qu’elles n’en ont pas les moyens financiers. Alors elles ne partent pas.

Les douze places du Manteau sont occupées en permanence. Or les besoins sont bien plus grands. Aujourd’hui l’association n’est pas en mesure d’accueillir de nouvelles victimes même si celles-ci se trouvent dans une situation d’extrême urgence.

Les autorités sont conscientes de la situation. Il y a plusieurs années, la préfecture avait soutenu financièrement un projet de construction d’un centre d’hébergement pour les femmes battues mais pour diverses raisons le projet n’a pas abouti. Quant à la collectivité, elle accorde son soutien au Manteau en mettant à disposition les locaux, locaux qu’elle aimerait récupérer dans le cadre d’un autre projet touristique.

«L’idéal serait d’ouvrir une pension de famille avec une capacité d’une vingtaine de places», confie Audrey Gil. Chaque victime aurait sa chambre et partagerait des lieux de vies en commun avec les autres.

Le sujet devait être abordé dans le cadre des Assises des politiques sociales et de l’insertion, mais ne l'a, au final, pas été.

Estelle Gasnet