18.08.2020

Layla : «les jeunes des deux îles ont besoin de partir voir ailleurs »

Soualigapost.com publie le portrait d’étudiants saint-martinois qui ont quitté l’île pour faire leurs études. Ces portraits avaient été publiés dans le spécial étudiants-campus.

Prénom : Layla

Age : 20 ans

Études : 3eme année de licence en Stratégie et Economie d’Entreprise

Lieu de résidence : Paris

Ambition professionnelle : Ingénieur Financier

Quel est votre parcours ?

Originaire de l’île de Saint-Barthélemy, les opportunités scolaires s’arrêtent après le collège. J’ai donc choisi la ville de Paris pour poursuivre.

A l’âge de 14 ans, et n’ayant pas de contact sur l’hexagone, j’ai intégré le lycée privé catholique Notre-Dame de Sion qui était le seul établissement sur Paris à proposer l’accueil 7 jours sur 7. Seulement, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. Déjà dans un premier temps, le choc culturel, environnemental et social de la capitale, mais aussi et surtout l’environnement scolaire était une grande désillusion ! Un trimestre plus tard, me voilà renvoyée par “erreur”, puis réintégrée dans l’établissement. Que de chamboulements. J’ai alors quitté la ville de Paris, étais déscolarisée le reste de mon année de seconde (2e et 3e trimestre), pour terminer mon lycée (première et terminale) en Guadeloupe, plus proche de mes parents  et de l’environnement dans lequel j’ai grandi. J’y ai obtenu mon baccalauréat scientifique, spécialité sciences de l’ingénieur, avec mention Très Bien.

Déterminée à redécouvrir la ville de Paris sous un autre jour, j’ai décidé d’y retourner pour poursuivre mes études.  J’y ai alors intégré une classe préparatoire économique et commerciale scientifique (ECS) au lycée Montaigne (Paris 6), où je ne suis pas parvenu à m’épanouir.

Aujourd’hui, et ce depuis trois ans, je prépare ma Licence de Gestion à l’Université de La Sorbonne Paris 1 en vue d’un master en ingénierie financière.

Comment avez-vous pris la décision de partir de Saint-Barthélemy pour suivre des études ?

Faute d’autres possibilités sur l’île de Saint-Barthélemy. Mais je pense également intimement que les jeunes des deux îles ont besoin de partir voir ailleurs ce qu’il se passe, sortir de leur bulle et découvrir le monde très tôt.

Quand vous avez quitté Saint-Barthélemy, quel a été votre sentiment ?

J’ai quitté l’île de Saint-Barthélemy avec une soif de découvrir le monde, avec l’envie de voir ailleurs ce qu’il se passe. Mais j’ai aussi quitté mon île très, voire peut-être, trop naïvement.

Avez-vous rencontré des difficultés ? Si oui, lesquelles et comment les avez-vous surmontées ?

Aujourd’hui âgée de 20 ans, voilà six ans que j’ai quitté ma petite île. Au cours de mes dernières années, je me suis souvent sentie livrée à moi même. Mes parents et moi même avons dû user de nos contacts personnels afin de trouver des familles d’accueil/garants à Paris et en Guadeloupe.

En effet, en Guadeloupe, j’ai d’abord été hébergée par la principale d’un Collège, qui était l’ancienne principale du collège de Saint Barthélemy, puis j’ai été hébergée chez un couple de gendarmes, dans la caserne de gendarmerie de Baie Mahault, et j’ai aussi vécu en internat, avant de me sentir prête à aménager seule en appartement à l’âge de 16/17 ans.

Depuis que vous êtes partie, quel est votre plus beau souvenir ?

Mon plus beau souvenir a été mon retour à Paris après mon bac, ville que j’ai d’abord détesté en la quittant une première fois à 15 ans.

Quels conseils donneriez-vous aux bacheliers qui hésitent à partir ?

Je leur dirais qu’il s’agit d’une aventure qui demande du courage, mais je leur dirais de partir, de prendre ce qu’il y a à prendre ailleurs,  et de revenir sur leur île afin d’y apporter leur savoir.

Je leur dirais qu’ils pleureront parfois, qu’ils auront envie de rentrer souvent, que le froid et la grisaille n’est pas drôle, que les gens parfois rejettent ce qui ne leur ressemble pas, mais je leur dirais que jamais ils ne regretteront d’être partis, qu’ils feront des rencontres extraordinaires, et surtout, qu’ils se rendront compte de la chance qu’ils ont de vivre sur une île.

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Estelle Gasnet