17.10.2018

Quatre mois de prison ferme pour s'être opposé à un contrôle de gendarmerie et avoir détenu du cannabis

RF, l'ex-braqueur qui a fait le fameux selfie avec E. Macron, a été présenté mercredi matin devant le tribunal de Saint-Martin en comparution immédiate.

«On lui porte de mauvaises intentions», a répété à plusieurs reprises son avocate lors de sa plaidoirie. Son client, RF, 22 ans, qui a fait le buzz après avoir pris un selfie avec Emmanuel Macron, est «victime de son exposition médiatique ». En raison de son passé de braqueur, il y a un «acharnement médiatique» alors qu’il a «une réelle volonté de s’en sortir».

Il est reproché à RF d’avoir été en possession de 25 pochons en plastique contenant du cannabis (20,35 grammes), de 0,62 gramme d’ecstasy, d’avoir opposé une résistance violente sur deux gendarmes ainsi que des faits de violence sur gendarmes.

Le 12 octobre, RF est avec d’autres personnes à Quartier d’Orléans quand il voit une patrouille de gendarmes. Il s’enfuit immédiatement. Il escalade un portail laissant tomber une sacoche par terre. Il tente de la récupérer et c’est à ce moment que les gendarmes arrivent à son niveau. L’un d’eux tape dans le portail qui frappe RF au visage, celui-ci tombe par terre, puis se relève. «Il se met alors en position de défense », explique le gendarme. Un autre gendarme arrive. RF est interpellé.

Selon les dépositions des militaires, RF leur a donné des coups de pieds lorsqu’il s’est relevé. «C’était pour essayer de se soustraire au contrôle. Il ne les a pas portés volontairement. C’était un réflexe», déclare le gendarme qui se porte partie civile et demande 800 euros de dommages. «RF a reçu le portail dans la tête, il était désorienté», précise un autre. Le gendarme qui a reçu un coup au niveau du menton, confirme la version de son collègue mais ne se porte pas partie civile.

RF qui a vu son t-shirt déchiré et sa chaîne en or cassée dans l’action, admet qu’il était «énervé» contre les gendarmes mais nie les avoir frappés avec violence.

Une fois RF menotté, les gendarmes trouvent sur lui son téléphone portable, un briquet, 36 euros et 124 dollars. Les produits stupéfiants seront découverts dans sa sacoche. Il explique que la drogue n’est pas la sienne, mais celle d’un type qu’il a rencontré «au block» après sa sortie de prison en mai dernier. «Son ami devait se rendre en partie hollandaise et comme il sait qu’en partie hollandaise on peut aller en prison très rapidement si on est arrêté avec du cannabis, mon client lui a rendu service en la gardant, un mauvais service», raconte l’avocate. «Je ne suis pas un dealer», confie RF qui avait déjà été condamné pour détention de produis stupéfiants et avait eu une peine alternative en septembre pour conduite sous l’emprise de stupéfiants.

«Mais quand allez-vous vous arrêter ?», lui demande à plusieurs reprises le vice-procureur lui rappelant qu’il a toujours quatre ans de prison au-dessus de sa tête, soit le sursis de ses deux précédentes peines pour braquage et vo aggravé.

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public s’est montré très sévère. Il a rappelé que les gendarmes et policiers étaient là pour protéger la population et prévenir de tout désordre public. «Dès qu’ils voient des éléments pour amener à un désordre public, ils interviennent », a-t-il insisté. Et de préciser que toute personne qui s’en prendra ou tentera de s’en prendre aux militaires sera convoquée en comparution immédiate. «La fuite ne sert à rien… Lorsque les gendarmes vous ont rattrapé, vous auriez dû ne rien dire… Si tel avait été le cas, vous ne seriez pas là ce matin», a-t-il déclaré. 

En revanche, le vice-procureur qui a requis une peine de huit mois de prison avec placement sous surveillance (port d'un bracelet électronique) a confié avoir entendu RF durant le week-end lorsque celui-ci dit devoir aider sa mère et avoir envie d’aller de l’avant. RF doit en effet réaliser un stage de plomberie dans une entreprise grâce à Sem’ta Route, si le stage se passe bien, il pourrait être embauché.

Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé RF des faits de violence sur gendarmes mais l’a condamné pour les autres à une peine de huit mois de prison dont quatre avec sursis mise à l’épreuve durant dix-huit mois comprenant l’obligation de justifier de son domicile, de travailler ou de suivre un emploi et d’indemniser la victime à hauteur de 200 euros.

«On ne veut pas vous revoir ici. Si vous revenez une nouvelle fois, vous irez à Basse-Terre » a assuré le président du tribunal à RF qui ressort donc libre du palais de justice.

Enfin, suite aux propos relatés par l’avocate de RF selon lesquels «un gendarme aurait essayé de prendre une photo de RF durant sa garde à vue», le vice-procureur a assuré qu’il allait demander à ce que lumière soit faite sur ces faits qui seront condamnés s’ils s’avèrent vrais.

Estelle Gasnet
2 commentaires

Commentaires

Ayant habité SAINT MARTIN pendant 30 ans, je me suis fais braquée sur mon lieu de travail à 8 reprises par ce genre d'individus. J'ai quitté l'ile depuis car depuis ces évenements j'étais très perturbée.Alors imaginer le dégout quand je vois notre président poser avec ce genre de personnes

Le président à donné une chance à ce jeune homme. Par humanisme et pour lui accorder une opportunité de montrer l'exemple car la délinquance n'est pas une fatalité. Mais attention, regardez bien le geste dans la vidéo qui lui signifie que la république le surveille désormais...la preuve est qu'il a été intercepté dès son premier délit car il n'a pas eu l'intelligence de bien se comporter. Aujourd'hui, les jeunes délinquants de quartier ne peuvent pas dire que le système les abandonne et que c'est de la faute de l’État, qu'on ne les prend pas en considération...il sont responsables de leurs actes et doivent en payer les conséquences.