01.03.2018

Pillages : l'interdiction d'exercer requise par le parquet pour un pharmacien

L'affaire qui avait choqué la population a été examinée ce jeudi 1er mars au matin par le tribunal de Saint-Martin.

Le 23 septembre 2017, P. P-G, pharmacien à Marigot, est à la station service de Galisbay lorsqu’il tombe sur O.N. directeur de Laborex, grossiste en produits pharmaceutiques. O.N réalise alors que le véhicule de P.P-G est rempli de boîtes de médicaments.

P.P-G revient en effet de l’entrepôt Laborex où il a volé 12 105 boîtes, pour un préjudice estimé à plus de 25 000 euros. O.N lui demande de lui restituer ce matériel et P.P-G s’exécute. Mais le véhicule d’O.N est trop petit pour tout récupérer alors il demande à P.P-G de le suivre jusqu’à son entrepôt, situé à Hope Estate. En chemin, O. N prévient les gendarmes qui interpellent P.P-G à son arrivée.

Convoqué pour vol devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin ce jeudi 1er mars 2018, le sexagénaire considère avoir été autorisé à se servir à l’entrepôt. Il avoue d’ailleurs avoir effectué quatre allers-retours entre le 18 et le 23 septembre, et donné à chaque fois son nom aux gendarmes qui l’ont laissé faire. « Deux voitures de gendarmes sont venues me chercher à mon domicile le 18 et m’ont demandé de les suivre. Ils m’ont escorté jusqu’à l’entrepôt pour que je m’y approvisionne. Je ne me suis pas posé de question», explique-t-il à la barre. Selon lui, le coordonnateur de l’ARS, craignant des émeutes comme toutes les pharmacies étaient fermées suite aux dégâts causés par Irma, l’aurait exhorté à rouvrir son officine.

Pour le parquet, l’avocat de la partie civile, ainsi que l’avocate de l’ordre national des pharmaciens, l’argument ne tient pas. P.P-G ne disposait d’aucune autorisation écrite. Le directeur de l’entrepôt, présent à l’audience, confirme qu’une partie de son stock a été réquisitionnée par les autorités, mais uniquement pour les équipes de secours. Il ajoute par ailleurs avoir décidé de porter plainte après s’être rendu compte que parmi les médicaments volés se trouvaient 134 boîtes de collyres qui présentaient un danger pour la santé publique parce qu’ils étaient sortis de la chaîne du froid depuis le 6 septembre, ainsi qu’un dictionnaire Vidal d’une valeur de 175 euros qui ne pouvait être destiné aux clients de la pharmacie.

Pour l’avocat de la partie civile, le vol est établi et caractérisé. « P.P-G a profité d’une situation confuse pour commettre un vol » affirme-t-il. Il réclame donc 22 657,74 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice matériel (montant estimé des vols commis entre le 18 et le 23), 43 087 euros au titre du préjudice de perte de chance (somme qu’aurait pu toucher le grossiste sur la marchandise volée qui a été vendue), 30 000 euros au titre du préjudice moral et 20 000 euros pour le remboursement des frais d’avocat (art. 475-1 du code de procédure pénale).

Le vice-procureur a quant à lui requis une peine de quatre mois de prison ainsi qu’une interdiction professionnelle (interdiction d’exercer) d’une durée de deux ans. Il considère, parmi les différentes affaires de pillages, que « ce dossier est atypique car on parle d’un représentant d’une profession de santé publique » et donc d’un « certain niveau de gravité ».

L’avocat de la défense parle « d’une instruction à la machette » et regrette que les gendarmes venus chercher son client à son domicile le 18 septembre, n’aient pas été interrogés par les enquêteurs. Il reproche au tribunal de réagir « par émotion ». Et ajoute que s’il y avait eu un problème de santé publique il fallait le retenir comme chef d’accusation. « Vous lui reprochez finalement d’avoir obtempéré à la demande des gendarmes de les suivre » s’exclame-t-il avant de demander la relaxe.

Le tribunal prononcera son délibéré le 12 avril prochain.

 

Fanny Fontan
5 commentaires

Commentaires

De mieux en mieux .....

voleur et menteur..ce Monsieur devrait se faire oublier

Le souci est que l interdiction d exercer risque de mettre au chômage les employés de ce monsieur .... une peine financière personnelle plus sévère aurait été meilleure puisque apparement l argent est son dada,.....

Il ne s'emmerde pas le grossiste:: Il réclame donc 22 657,74 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice matériel (montant estimé des vols commis entre le 18 et le 23) 43 087 euros au titre du préjudice de perte de chance (somme qu’aurait pu toucher le grossiste sur la marchandise volée qui a été vendue), 30 000 euros au titre du préjudice moral
Moralité, il vaut mieux être Grossiste que pharmacien

Il a rien demandé le grossiste