Il avait oublié qu’il avait une arme de calibre 45 chargée dans sa sacoche
«Si je vois quelque chose, je ne le ramasse pas», confie pour sa défense ER, un Saint-Martinois âgé de 32 ans convoqué devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin mercredi matin selon la procédure de comparution immédiate. «On ne parle pas d’œufs en chocolat cachés dans un arbre», lui répondra le vice-procureur Michaël Ohayon dans son réquisitoire. ER a été arrêté deux jours plus tôt par les gendarmes alors qu’il avait une arme de catégorie B dans sa sacoche avec treize munitions dans le chargeur. Il est en récidive légale. Il avait été condamné il y a moins de cinq ans pour des faits similaires.
Lundi, au croisement de la route de Saint-Louis et de la route nationale, les gendarmes aperçoivent un véhicule garé sur la chaussée. Comme la loi le leur permet, ils décident de procéder à son contrôle administratif ainsi qu’à celui de ses occupants. Le passager, ER, ouvre sa sacoche pour y chercher sa carte d’identité. À ce moment, les militaires voient des petits sachets en plastique contenant du cannabis. Ils décident alors de poursuivre la fouille et découvrent, toujours dans la sacoche, un pistolet de calibre 45 avec une balle chambrée, c’est-à-dire que l’arme est «prête à l’emploi». «Si les gendarmes n’avaient trouvé que du cannabis, vous ne seriez pas là ce matin», lui explique le magistrat. «Nous avons adopté une politique pénale ferme en matière de détention d’arme de catégorie B», ajoutera le vice-procureur.
À la barre du tribunal, ER explique qu’il ne se souvenait plus qu’il avait ce pistolet dans sa sacoche. Il l’avait trouvé la veille derrière un bar. Alors qu’il était parti aux toilettes, il avait vu cette arme par terre dans l’herbe. Pensant qu’elle était fausse, il l’a prise. «Vous avez bien vu qu’elle était vraie, qu’elle était lourde… Une arme fausse est en plastique», lui fait remarquer le tribunal. Il dit aussi qu’il avait voulu la donner aux gendarmes après l’avoir trouvée.
ER répète qu’il «ne se souvient pas toujours des choses». Ses pertes de mémoire seraient dues à un accident survenu il y a plusieurs mois. Il a aussi encore des séquelles physiques, notamment au niveau du genou. Il a subi plusieurs opérations chirurgicales dont la dernière il y a deux mois. Lorsqu’il va à la barre, il tousse, il a du mal à rester debout. Les magistrats lui proposent alors de s’asseoir. «Mais de façon courageuse, vous continuez à travailler», observe le tribunal, quelque peu surpris qu’il ne soit pas en congé maladie vu son état. ER travaille en effet depuis neuf ans aux services techniques de la collectivité et confirme «aller sur le terrain» tous les jours. Il confie avoir besoin de travailler pour aider sa mère à payer le loyer.
Au sujet du cannabis, il avoue en consommer lorsqu’il est «stressé», notamment «quand il pense à ses enfants » âgés de 3 et 5 ans. Le tribunal lui demande alors de préciser. «Je suis stressé quand je pense à mes enfants car ils habitent côté hollandais avec leur mère», répond-il. «C’est le quotidien de nombreux couples ici sur l’île», commente le juge.
ER qui s’exprime en anglais, est penaud. «Il n’est pas toujours amorphe», tentera de rassurer son avocat. «Mon erreur a été de ramasser l’arme… J’aimerais pouvoir résoudre ce problème », déclare ER. «Ce problème va être réglé mais pas en votre faveur», rétorque le juge. «Il y a une absence de crédibilité dans vos explications. Les fais ne sont pas anodins comme vous semblez le penser, mais graves», considère le tribunal qui, après en avoir délibéré, a condamné ER selon les réquisitions du ministère public à une peine de quinze mois de prison ferme et à une interdiction de détenir une arme avec autorisation durant une période quinze ans. L’arme trouvée sur lui a été confisquée.
Un mandat de dépôt a aussi été prononcé ; ER prendra donc l’avion cet après-midi pour être transféré au centre pénitentiaire de Baie-Mahault.
Sa copine a éclaté en sanglots à la lecture du jugement. Elle est sortie de la salle d’audience et s’est allongée par terre.
En ce qui concerne le conducteur de la voiture, il a été contrôlé par les gendarmes mais a été mis hors de cause dans cette affaire d’arme et de produits stupéfiants. En revanche, il était recherché par le parquet de Sint Maarten pour exécuter une peine ; une convocation lui a donc été notifiée. Il était aussi connu par la justice française pour avoir fait circuler de la fausse monnaie.
Commentaires
Oh tiens ! Qu'est ce qu'elle
Oh tiens ! Qu'est ce qu'elle fait là ?
- Elle n'est pas à moi. On me l'a mise dans mon sac !
MDR
MDR