24.06.2016

Motard tué dans un accident : 6 mois de prison ferme pour l’automobiliste

Les faits s’étaient produits il y a un an à Quartier d’Orléans.

Comme elle avait vraisemblablement l’habitude de le faire, cette jeune trentenaire va chercher en fin de journée ses enfants au stade de Quartier d’Orléans. Ils sont à l’arrière ; le plus petit est attaché dans son siège et les deux autres ne portent pas la ceinture de sécurité. Au carrefour de la route nationale et de celle allant vers Belle Plaine, elle marque un temps d’arrêt, vérifie qu’aucune voiture n’arrive et s’engage en tournant à gauche. Quelques secondes plus tard, c’est le choc. Une moto, une cylindrée 600 centimètres cubes, la percute au niveau de l’aile droite.

Si l’automobiliste n’est pas blessée et ses enfants à l’arrière n’ont que quelques contusions, le motard âgé de 29 ans est dans un état plus grave. Il souffre notamment d’une fracture ouverte au bras. Il est transporté vers le centre hospitalier Louis-Constant Fleming où il est opéré. Puis il sera transféré vers l’hôpital de Sint Maarten d’où il sera évacué vers un troisième établissement en République dominicaine. Il sera placé dans le coma et décédera deux semaines plus tard.

La femme au volant est ainsi accusée d’avoir causé sa mort, involontairement, dans un accident de la circulation. Les faits sont d’autant plus graves qu’elle n’était pas titulaire du permis de conduire à l’époque, qu’elle conduisait sous l’emprise de produits stupéfiants et que la voiture n’avait ni papier, ni assurance. Le véhicule lui avait été donné par son frère après le décès de son épouse, mais n’avait pas retrouvé la carte grise. Et pour cause, selon l’enquête de gendarmerie, la voiture avait été volée. Mais il a été admis que la mise en cause ne pouvait être au courant.

ÉVITER À SES ENFANTS DE MARCHER

Convoquée par le tribunal correctionnel ce jeudi 23 juin, soit un an après les faits, la trentenaire explique à la barre qu’elle voulait «éviter à ses enfants de marcher». Qu’elle n’avait jamais passé le permis de conduire par manque d’argent. Et qu’elle avait fumé un joint le matin. «C’était l’anniversaire de la mort d’une amie et j’étais stressée», raconte-t-elle. Les analyses sanguines pratiquées après l’accident ont révélé un taux de 1,1 ng/mg de THC. Au sujet de l’accident, elle a affirmé ne pas avoir vu la moto. Elle avait juste vu une voiture au loin et avait estimé qu’elle avait le temps de faire la manœuvre. Elle précise néanmoins avoir entendu le bruit d’un moteur de moto au dernier moment.

Devant le tribunal, son conseil insiste sur ce fait. Il montre sur les photos des véhicules prises après l’accident, que la moto n’avait pas de lumière. Aussi que sa cliente ne pouvait-elle la voir d’autant plus que l’accident s’est produit à la tombée de la nuit. L’avocat essaie aussi de faire partager les responsabilités du drame en rappelant que le motard n’avait certainement pas attaché son casque (il a été récupéré un peu loin du lieu du choc et ne comportait pas d’impact), qu’il conduisait également sans permis et surtout que lui aussi avait fait usage de produit stupéfiant et qu’il conduisait sous leur emprise. Les analyses sanguines pratiquées ont révélé un taux de 10,77 ng/mg de THC. «Soit 10 fois plus que celui de ma cliente», a commenté l’avocat.

Néanmoins, le tribunal n’a pas reconnu sa responsabilité et a considéré que la trentenaire avait bien commis «une faute d’imprudence». Elle a été condamnée à une peine de trois ans de prison dont trente mois assortis du sursis simple ainsi qu’à une amende de 400 euros pour le défaut d’assurance du véhicule et une seconde 100 euros pour le refus de priorité.

A noter que depuis les faits, elle a passé et obtenu son permis de conduire. Elle a aussi versé la somme de 2 500 dollars à la famille du motard.

La mère de celui-ci était présente jeudi à l’audience. Assistée par l’association d’aide aux victimes, elle s’est constituée partie civile. Le montant des dommages et intérêts sera examiné lors d’une prochaine audience.

Estelle Gasnet