03.10.2017

Sécurité civile : comment vient-elle en aide aux Saint-Martinois (2/4)

À Saint-Martin, la mission de la sécurité civile est de deux ordres : apporter un appui au corps préfectoral et apporter assistance à la population. Zoom sur cette seconde mission.

À mesure qu’Irma s’éloigne, militaires et sapeurs-pompiers de la sécurité civile se déploient en partie française pour venir en aide à la population. Dans les premières heures, les reconnaissances se font à pied et en véhicules. Dès le jeudi matin, le deuxième détachement de quatre-vingts hommes arrive. Près de 140 sapeurs et militaires sont désormais sur le terrain. «Nous avons sectorisé Saint-Martin et constitué des équipes», explique le capitaine Joël (le nom de famille ne peut pas apparaître dans les médias, Ndlr) responsable de Quartier d’Orléans et qui la veille a procédé à des évacuations jusqu’à 22 heures. «Quand des personnes sont venues nous dire qu’elles étaient sans nouvelles d’autres, nous sommes allés voir. Nous avons vérifié toutes les adresses qu’on nous a données, on n’a trouvé personne enseveli sous les décombres. Souvent les personnes recherchées étaient chez des amis ou un peu plus loin dans la rue», raconte le capitaine.

À mesure que les vents diminuent, les sapeurs sauveteurs peuvent utiliser leurs drones pour avoir une meilleure estimation des dégâts. «En moins de dix minutes, nous avons une vue», affirment-ils. Ils ont plusieurs types de drones qui sont pilotés par des maîtres chiens, dont un capable de détecter des présences humaines sous des débris. Ils font voler les engins pour estimer l’état des toitures. Ils ont notamment réalisé une vidéo du toit du Beach hôtel. Le gain de temps est énorme pour pouvoir engager les premières interventions.

De nombreux sapeurs-pompiers sont aussi mobilisés sur le toit de l’hôtel Mercure pour le bâchage. «C’était un hôtel qui venait d’être rénové et qui avait bénéficié de subventions publiques, notamment d’aides européennes. Nous devons l’aider à redémarrer. C’est important de pouvoir relancer l’activité économique. Aujourd’hui nous sommes là, demain nous serons dans un autre établissement, dans une autre entreprise pour l’aider», commente la préfète Anne Laubiès qui y a effectué une visite la semaine dernière. «Il faut remettre de l’huile dans les rouages», lâche pour sa part le lieutenant colonel Vincent.

Outre la distribution de bâches envoyées par l’État, les militaires s’affairent à distribuer de l’eau à la population. En trois semaines, 1,3 million de bouteilles d’eau ont été données. «Nous distribuons environ 150 000 litres par jour, cette semaine nous sommes tombés à 50 000 litres et la semaine prochaine nous devrions en distribuer 10 000», commente le lieutenant colonel Vincent qui estime à encore un mois le besoin en eau potable. Les bouteilles sont acheminées aux frais de l’État par barge et les lieux de distribution communiqués par la préfecture et la collectivité.

En parallèle de la distribution d’eau potable, la sécurité civile assure la production d’eau sanitaire (non potable) grâce à une machine qu’elle a elle-même emmenée. Les militaires disposent de deux machines, l’une pour produire à partir de l’eau douce et une seconde partir de l’eau de mer. «Ici, nous avons pris le système d’osmose inverse, c’est-à-dire de désalinisation de l’eau de mer », explique le sergent-chef Benoît. La machine est installée sur un camion garé sur la dalle des anciens lolos à Grand Case, «endroit idéal de par sa proximité avec la mer et l’espace autour disponible». Une bâche d’une capacité de 10 000 litres est posée au sol pour le stockage. «Nous y mettons du chlore ce qui nous permet de la garder plus longtemps», explique le sergent-chef. Les militaires distribuent entre 4 000 et 5 000 litres par jour. «Depuis deux jours, nous voyons moins de monde car l’eau est revenue au robinet», commente le sergent-chef. La population peut venir tout au long de la journée avec ses jerricans pour les remplir. Elle peut aussi récupérer des poches d'eau.

Juste à côté, un stand a été installé pour distribuer de la nourriture. D’autres équipes se relaient en effet pour alimenter les points de distribution en denrées alimentaires. Elles vont les chercher sur le port dans le bâtiment de Frigodom qu’ils ont également vidé de toute la nourriture avariée et nettoyé.

Cette semaine, la distribution de la nourriture devrait diminuer et les hommes déployés sur une autre mission, celle d’aide aux personnes vulnérables (personnes âgées, malades, femmes seules avec enfant).

Crédit photos : Crédit photo F. PELLIER_DICOM, Uiiscun et SP).

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Estelle Gasnet