11.08.2017

Les sargasses : «un risque aléatoire au même titre que les cyclones» (2/5)

La mission sollicitée par l’État pour apprécier la problématique des sargasses aux Antilles, préconise la mise en place d’un plan de gestion dans chacun des territoires.

«Il est impératif de passer d’une logique de l’urgence à une logique de gestion de crise», conçoit la mission. «Les échouages de sargasses doivent avant tout être considérés comme un risque aléatoire et difficilement prévisible au même titre que les cyclones ou les inondations». Aussi la mission recommande-t-elle «la mise en place d’une gestion du risque sargasse», soit une démarche globale «conçue à l’avance et pilotée pour réagir aux échouages massifs». Elle doit être intégrée au plan communal/territorial de sauvegarde et se décline en deux principaux axes : l’anticipation et la collecte.

L’anticipation consiste à estimer les arrivées. Cela est aujourd’hui en place grâce à des observations par satellite. Ces dernières font l’objet de bulletins émis par la direction de l’environnement (DEAL) - soit l’État- et diffusés auprès des collectivités, acteurs privés concernés et des médias. Si les arrivées sont importantes, le passage en situation d’alerte puis de crise sera déclenché par le préfet.

Grâce à ces observations, la collectivité connaît alors les sites susceptibles d’être impactés. Elle peut les compléter via des remontées du terrain par les acteurs privés (pêcheurs, restaurants, etc.) et par ses propres agents qui doivent effectuer régulièrement des tournées. Elle peut aussi s’appuyer sur des «fiches modèles» proposées par l’État. Ces fiches décrivent les arrivées d’algues et les actions à mener zone par zon e; l’objectif étant d’identifier les sites, leurs caractéristiques (topographiques, etc.) ainsi que les enjeux que chacun présente en termes économiques, écologiques et humains. Cela doit permettre de définir et de planifier les besoins humains, matériels et financiers, de prioriser les actions.

À partir de l’ensemble de ces informations, la collectivité doit être en mesure d’élaborer «un plan de mobilisation des moyens» et d’en informer les acteurs du ramassage, du transport et de valorisation pour qu’ils soient opérationnels.

En période de crise, la collectivité doit, selon la mission, «réunir quotidiennement la cellule de crise» qu’elle aura au préalable installée et la préfecture doit «veiller à la mise en place des actions curatives, instruire des demandes de renforts et réunir les acteurs hebdomadairement».

Toujours en période de crise, la collectivité dresse la liste des agents chargés de surveiller les arrivages ainsi que ceux chargés de donner l’ordre des travaux de collecte. L’agent de surveillance doit procéder au lever du jour à une visite de tous les sites d’échouage ou d’accumulation infra-littorale et quantifier sommairement les dépôts puis donner ordre de service à l’organisme en charge de la collecte.

Si la collectivité doit faire appel à des sous-traitants, la mission conçoit que ceux-ci soient présélectionnés à l’avance par un appel d’offres afin que le jour J, elle puisse envoyer un bon de commande pour les solliciter rapidement. En sachant que les sargasses doivent être ramassées dans les 72 heures qui suivent leur échouage pour limiter les nuisances dues aux émanations gazeuses.

Enfin, la mission conseille vivement aux collectivités de communiquer. «Il est indispensable de mettre en place une politique de communication sur le long terme pour limiter les emballements médiatiques contre-productifs et au contraire valoriser les efforts des acteurs qui s’impliquent». La mission préconise ainsi de «mettre à disposition très régulièrement des informations factuelles en toute transparence y compris les petits incidents ou les mauvaises nouvelles». Cela peut être les tonnages ramassés, les risques sanitaires, les quantités traitées, les financements mis en place, etc. La mission va même jusqu’à inviter les collectivités à installer des webcams sur les sites les plus fréquentés afin de montrer aux touristes inquiets et hésitants à venir passer leurs prochaines vacances, les actions mises en place pour régler le problème.

À lire aussi 

- Sargasses : des recommandations pour une gestion à long terme (1/5)

À suivre…

- Comment organiser la collecte pour qu’elle soit optimale (3/5

- La nécessité de professionnaliser les agents et acteurs concernés (4/5

- La question du financement (5/5)

Estelle Gasnet
1 commentaire

Commentaires

des webcams? quelle bonne idée mais déjà la surveillance par vidéos ne fonctionnent pas.....