09.06.2016

Il soupçonne une hôtesse d’accueil, les gendarmes, un médecin et le tribunal d’être contre lui

Un architecte a comparu jeudi matin devant le tribunal pour avoir notamment frappé deux personnes.

Il a quitté la salle d’audience en insultant l’une des deux victimes. «Tu vas voir ce que tu vas toucher c…», a lancé J.M. qui venait d’être condamné à verser un total de 10 000 euros de dommages et intérêt aux personnes qu’il avait frappées et à deux amendes d’un montant de 750 euros chacune.J.M., architecte à Saint-Martin, était convoqué ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour violences à l’encontre d’un géomètre et d’un prestataire intervenant pour le compte de l’aéroport de Grand Case.

COUPS DE POING À L’AÉROPORT

Le 26 juin 2015, J.M. donne un coup de poing à Y.B. alors que celui-ci se trouve dans l’aérogare pour raison professionnelle. «Monsieur B. vient tous les mercredis pour assister à des réunions et ce jour-là, j’ai vu une personne que je ne connaissais pas, arriver et lui donner un coup de poing. Monsieur B. a demandé à l’autre personne pourquoi elle l’avait frappé et celle-ci lui a donné un deuxième coup de poing…», a raconté l’hôtesse d’accueil aux gendarmes.

À la barre du tribunal, J.M. qui n’a pas souhaité être assisté d’un avocat, contredit les faits. Selon lui, c’est Y.B. qui l’aurait frappé en premier lieu sans qu’il ne sache pourquoi. Il dément aussi la présence d’une hôtesse d’accueil et affirme au magistrat que celle-ci a menti en témoignant. Il la soupçonne d’être de connivence avec Y.B. car «ils travaillent tous les deux pour l’aéroport».

COUPS DE POING DANS LE BUREAU

J.M. avance des arguments similaires pour se défendre dans la deuxième affaire de violences. Le 5 août 2015, il a «rendu la claque» à D.B., géomètre.

D.B. est assis à son bureau quand surgit dans la pièce J.M. qui le frappe. Si le prévenu reconnaît ces faits, il précise au tribunal que quelques minutes plus tôt, dehors, sur le parking, D.B. l’aurait aussi frappé. Mais les images de la caméra de surveillance visionnées par les gendarmes, ne confirment pas sa version. Elles montrent que D.B. était assis depuis au moins une heure à son bureau et qu’à aucun moment il n’est sorti à l’extérieur. «Il n’a pas remis la caméra aux gendarmes qui n’ont pas voulu enquêter», affirme J.M.

À la barre, l’architecte accuse également de complaisance un médecin de Saint-Martin. En effet, les deux victimes ont été examinées par un docteur après avoir reçu les coups et ont eu toutes deux une ITT de deux jours. Et le fait qu’elles ont été examinées par le même professionnel fait dire à J.M. qu’il serait de connivence avec elles en leur ayant délivré des ITT.

À LA LIMITE DE L’OUTRAGE AU TRIBUNAL

Lors de l’audience, J.M. adopte un comportement agressif et violent verbalement. Il interrompt maintes fois le président du tribunal. Il hausse la voix. Il s’en justifie par le fait d’être sourd d’une oreille. A plusieurs reprises, il se dit victime et accuse les autorités judiciaires d’être contre lui au motif que ses plaintes (il affirme avoir été victime de violences) n’ont jamais été traitées comme elles auraient dû l’être à son sens. Il reproche au président du tribunal de faire preuve de «communautarisme». Fait allusion à «Pétain». Des propos qui font se lever le vice-procureur Michaël Ohayon. Ce dernier avertit le prévenu qu’il est à «la limite de l’outrage» et lui conseille de modérer ses propos.

Dans ses conclusions rédigées et communiquées au tribunal avant la suspension d’audience pour permettre aux juges de délibérer, J.M. est «aussi à la limite de l’outrage». «Vous aviez bien fait de ne pas les dire…», lui lance le magistrat.

«Parfait…», commente l’architecte à la lecture du jugement, avant de quitter la salle en insultant Y.B. Des injures que le tribunal a fait notifier à la greffière dans le compte-rendu d’audience.

  • Il était également reproché à J.M. de ne pas avoir voulu se soumettre à des prélèvements biologiques dans le cadre deux autres enquêtes dont il a fait l’objet. En effet, deux autres personnes avaient déposé plainte à son encontre car il les avait menacées verbalement sur un chantier. Selon la procédure judiciaire, J.M. aurait dû se soumettre à des prélèvements. Et refuser est considérée comme une infraction pénale.
Estelle Gasnet