10.05.2017

Il frappe son ex-femme devant leur enfant parce qu'elle l'aurait provoqué

Le tribunal correctionnel de Saint-Martin a condamné jeudi 4 mai un homme de 29 ans à un mois de prison avec sursis pour des faits des violences commis sur son ex-épouse.

Le 26 janvier dernier, S.E marche en direction de son ancien domicile à Colombier où vit toujours L.L, son époux, dont elle est séparée depuis quatre mois. Elle vient récupérer un papier dont elle a besoin pour inscrire leur enfant à l’école. Sur la route, elle croise justement LL, qui arrive en voiture.

Aux gendarmes, auprès de qui elle dépose sa plainte quelques heures plus tard, elle déclare que l’homme de 29 ans lui a demandé de monter dans la voiture, et qu’elle a refusé. Mais au moment où elle repartait, il est sorti de son véhicule et l'a poussée. Puis une fois qu'elle était tombée, il l'a frappée plusieurs fois sa tête au sol. Des ecchymoses au visage et au genou sont constatées par un médecin qui diagnostique également une anxiété généralisée et prononce un ITT de cinq jours.

Entendu par les gendarmes le lendemain, l’ex époux présente une version des faits différente qu’il confirme à la barre du tribunal correctionnel de Saint-Martin où il est convoqué jeudi 4 mai. « Mon ex-femme m’a appelé pour un papier d’assurance. Je me trouvais au Terres-Basses et ai été bloqué par le pont de Sandy ground. Je suis allé comme convenu à la gare des bus et je l’ai cherchée mais elle n’y était plus. Je l’ai appelée elle m’a dit qu’elle était repartie à Colombier pour chercher la facture. Je l’ai vue à 100 mètres de chez moi et lui ai donné le document mais elle m’a demandé un autre papier dont je n’avais que l’original. Je lui ai dit que je lui ferai parvenir une copie plus tard. Elle s’est énervée, a pris mon portable et m’a menacé de le casser, alors que je venais de l’acheter. Elle l’a balancé par terre et ça a provoqué les faits pour lesquels je suis jugé aujourd’hui »

A l’écoute de cette déclaration, S.E, assistée d’une traductrice, ne se constitue pas partie civile et rétorque : « je n’ai pas de téléphone, et je n’ai pas jeté son téléphone non plus ». Elle modifie légèrement sa version : « je marchais vers la maison, j’allais chez une amie, je l’ai rencontré par hasard sur le chemin ». Il demande alors de façon rhétorique : « si elle n’a pas de téléphone, comment j’ai fait pour savoir qu’elle voulait un papier ? » et ajoute avoir trois témoins qui étaient avec lui dans la voiture. 

« Je suis sorti de la voiture je l’ai poussée c’est vrai, elle est tombée c’est vrai, et je lui ai tapé la tête trois fois. J’ai perdu la tête, c’est les cris du petit  (leur fils, ndlr) qui m’ont arrêté. Je l’ai fait parce qu’elle m’a provoqué. C’est la première fois que je passe devant un tribunal. Je ne suis ni agressif ni violent » tente de justifier le prévenu qui n'est pas représenté par un avocat

Dans son réquisitoire, le vice-procureur Yves Paillard s'attarde sur les faits plutôt que les circonstances - floues en l'occurence : «Vous dites n’être pas violent, peut-être. Mais ce jour-là vous l’avez été. Que vous ayez été provoqué ou non, peu importe. Ce n’est pas intelligent de faire ça devant son fils ». Il rappelle que des violences contraventionnelles deviennent délictuelles dès lors qu’elles sont commises sur une personne avec laquelle on a des liens affectifs ou entretenu une vie commune et demande 800 euros d’amende dont la moitié avec sursis.

Gérard Egron-Reverseau, le président du tribunal, estime que la soi-disant provocation ne justifie pas le comportement de L.L. Et le condamne à un mois de prison avec sursis. « Ce n’est pas anodin. Votre énervement, il faut l’exprimer différemment. Votre enfant est tout jeune. Il va falloir trouver un autre moyen de communiquer avec sa maman ».

 

Fanny Fontan