01.01.2016

Accusée d'abus de faiblesse, elle essaie de prouver sa bonne foi

C'était «le risque» de son métier, explique au tribunal cette femme de 43 ans qui travaillait pour une entreprise d'aide à domicile en métropole*. Sa mission consistait à se rendre chez les personnes âgées plusieurs fois par semaine afin de les aider dans les tâches ménagères et de la vie quotidienne. Elle confie qu'elle était très appréciée par ces personnes et leur famille qui, pour la remercier, lui offraient des cadeaux à Noël par exemple. Ce qui était dangereux, conçoit-elle. Recevoir et accepter des cadeaux des personnes qu'elle aide, est ce qu'elle appelle «le risque» du métier car elle sait que cela peut être mal interprété. Effectivement. Mais faut-il encore s'entendre sur la définition du mot cadeau. Et elle ne semble pas avoir la même que les autorités judiciaires.
En effet, il est reproché à cette femme d'avoir escroqué une personne chez qui elle allait, un chef d'accusation que le vice-procureur, Michaël Ohayon propose de requalifier en abus de de faiblesse. La prévenue a fait usage à plusieurs reprises de la carte bancaire d'une personne de 84 ans pour qui elle faisait les courses dans la banlieue de Nantes, pour un montant total de 3 000 euros. Elle s'est acheté des extensions capillaires sur internet et trois billets d'avion pour Saint-Martin.
A la barre, la prévenue reconnaît qu'elle n'aurait pas dû. Elle n'aurait pas dû accepter la proposition de la personne âgée car, selon elle, c'est bien cette dernière qui lui a proposé d'utiliser sa carte bancaire. «Elle m'a demandé d'aller chercher sa carte dans son porte monnaie qui se trouvait dans son sac dans sa chambre et de recopier les numéros pour m'acheter quelque chose», raconte-t-elle. «C'était un cadeau empoisonné», dit-elle à la barre.
Le parquet a requis trois mois de prison avec sursis. Après en avoir délibéré, le tribunal pour qui la prévenue a «du mal à prendre du recul», l'a condamnée à six mois de prison avec sursis et à 1 000 euros d'amende.

* Depuis, elle réside à Saint-Martin où elle est enseignante.

Estelle Gasnet