07.02.2016

Prison avec sursis et obligation de soins pour un homme ayant donné des couteaux à un mineur

Un homme de 32 ans a comparu ce matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour violences et menaces de mort à l'encontre d'un mineur de 16 ans.

La présidente du tribunal n'a pas fini de lire son délibéré qu'il confie sa volonté de faire appel. Sans grande surprise car cet homme de trente-deux ans, condamné à une peine d'emprisonnement de six mois avec sursis et mise à l'épreuve de deux ans avec obligation de soins pour violence avec arme et menace de mort avec une machette, a essayé de démontrer tout au long de l'audience qu'il était la victime. Il estime en effet être l'objet d'un complot de la part de ses voisins, lesquels auraient livré des témoignages «pour le faire tomber».
Selon les riverains, il n'est pas rare que le prévenu prétende «vouloir tuer tous les enfants de la résidence». Ce qu'il nie. Par contre, il affirme bien à la barre ne pas accepter que «ces enfants» laissent des déchets dans les couloirs de leur résidence rue Low Town à Marigot. Plus généralement, le prévenu ne tolérerait pas que «quelqu'un puisse être dans le couloir devant sa porte», suppose son avocat. Or, ce jour de novembre 2014, un jeune de seize ans s'y trouve lorsqu'il l'ouvre aux alentours de 21 heures pour accomplir son rite quotidien. En effet, le soir il a l'habitude de vérifier qu'il n'y ait personne derrière sa porte avant de la verrouiller ; une façon pour lui de s'assurer de trouver son palier propre le lendemain matin.
Selon le prévenu, le jeune l'aurait bousculé et il s'est défendu. Il affirme aussi avoir reçu des coups de sandales de la part de l'amie du jeune. Selon des témoins, c'est l'inverse. La jeune fille défendait son ami que l'homme aurait plaqué au sol avant de lui donner des coups de poings. Il l'a ensuite traîné dans son appartement. A l'intérieur, l'homme a saisi un couteau et en a porté deux coups. Il considère que c'était de la légitime défense car, au départ, c'est le jeune qui tentait d'attraper le couteau. «J'ai fait du mieux que je pouvais avec un jeune agressif», confie-t-il. «Oui, j'ai pris le couteau et lui ai fait sentir que cela pouvait mal se finir», précise-t-il à la magistrate. Mais il n'admet pas qu'il l'a blessé. «Il ne saignait pas», dit-il. Pourtant, examiné par un médecin à la suite de l'incident, l'adolescent présente deux plaies en bas du dos.
L'adolescent est ensuite sorti de l'appartement pour rentrer chez lui à l'étage au-dessus. Ce qui n'a pas calmé le trentenaire pour autant. Toujours selon les témoins qui ont alerté les gendarmes, il serait lui aussi sorti avec une machette à la main et disait qu'il voulait tuer le jeune. Sur ce point, le prévenu conteste avoir utilisé une machette mais le jeune présente aussi des contusions au niveau du crâne qui pourraient effectivement être dues à des coups de sabre.
La perquisition des gendarmes permettra de retrouver et de saisir le couteau et la machette.
Lors de la plaidoirie de l'avocat de la partie civile, le prévenu regarde ailleurs, mais écoute. Il fait de gros yeux à l'écoute de faits qu'il semble considérer comme grossiers et faux. Il sourit à la demande d'indemnité pour le préjudice moral.
Selon les réquisitions du vice-procureur, le tribunal l'a condamné à une peine de six mois de prison avec sursis. Cependant la magistrate a formulé une autre demande d'obligation que celle de travaux d'intérêt général, celle de soins dans le cadre d'une mise à l'épreuve de deux ans. Il doit aussi verser une indemnité de 2 000 euros pour le préjudice moral. Enfin, la confiscation des deux armes a été ordonnée.

Estelle Gasnet