24.01.2017

7 ans de prison pour double braquage

Jeudi 19 janvier 2017, le tribunal correctionnel de Saint-Martin a condamné à sept ans de prison deux hommes toujours recherchés pour un double braquage commis en 2014.

« Cette affaire s’inscrit dans la série noire des vols à main armée (VAMA) qu’a connue Saint-Martin en 2014 » commente le vice-procureur Yves Paillard dans son réquisitoire jeudi 19 janvier 2017, avant de constater que les enquêtes et les renforts de la gendarmerie ont permis de réduire les VAMA en 2016 de 40%. Le parquet salue « un effort collectif sur ce phénomène qui prenait de l’ampleur et faisait peser un risque économique » à la destination touristique que constitue Saint-Martin.

Dans la nuit du 5 au 6 septembre 2014 quatre ou cinq individus armés, munis de gilets pare-balles et aux visages dissimulés par des bandanas ou des cagoules, commettent deux braquages. Le premier survient aux alentours de 20h45 à la station Cadisco de la Baie orientale. Les auteurs arrivent à bord d’un véhicule volé. Un homme descend et menace un pompiste avec une arme et se dirige à l’intérieur. Il est suivi d’un complice qui, arme au poing, rentre dans la boutique et met en garde le propriétaire avec une arme jusqu’à ce que ce dernier lui remette la totalité du tiroir caisse, soit un peu moins de 300 €. Pendant ce temps, un troisième individu sort du même véhicule. Muni d’une arme lui aussi, il menace l’agent de sécurité et le force à s’allonger sur le sol. Il lui assène un coup de crosse et lui dérobe son téléphone portable ainsi qu’une bague. Puis tous les trois remontent à bord du véhicule et prennent la fuite en direction de Quartier d’Orléans. Quelques heures plus tard, à 2h du matin, un jeune homme roule dans le centre de Marigot sur son scooter. Soudain, il est bloqué en pleine rue par le véhicule utilisé par les braqueurs de Cadisco. Trois individus en descendent. Deux d’entre eux, arme au poing, se font remettre le scooter avec violence, et repartent vers Spring.

Quelques instants plus tard, une patrouille de gendarmes arrive sur le parking d’Howell Center et remarque plusieurs individus à bord d’un véhicule qui prennent aussitôt la fuite. Il s’agit des auteurs des braquages qui sont montés à bord de la voiture d’un autre complice. Ils ont abandonné le véhicule volé qu’ils ont utilisé dans la soirée et les gendarmes y trouvent le téléphone dérobé à la station Cadisco ainsi qu’un passeport au nom de L.M et son billet d’avion pour Saint-Kitts. Ils parviennent également à interpeller un des individus en fuite, J.H.R. Il porte une arme automatique, un gilet pare-balles et détient le smartphone et la bague qui ont été dérobés un peu plus tôt à l’agent de sécurité de Cadisco. Au cours de sa garde à vue, l’individu reconnaît être l’un des auteurs des deux braquages mais déclare que sa participation à lui se limitait aux repérages. Il serait allé à la station service avant les faits, vérifier qu’il n’y avait pas trop de monde. Il a ensuite rejoint ses amis qui lui ont donné une partie du fruit de leur vol.

Depuis beaucoup d’investigations ont été menées sur les deux véhicules. Six ADN différents y ont été trouvés dont celui de J.H.R. Un travail a également été effectué sur la téléphonie pour vérifier comment les auteurs entraient en contact. L’individu auquel on a prêté la deuxième voiture et qui est certainement le troisième complice, a depuis été tué lors d’un braquage à St. Maarten.

Jeudi 19 janvier, les deux prévenus convoqués au tribunal correctionnel de Saint-Martin sont absents. J. H.R astreint au contrôle judiciaire, n’a jamais pointé depuis sa remise en liberté. Il était incarcéré en 2013 pour des faits similaires mais son dossier ne fait état d’aucune autre condamnation. Son complice présumé, L.M, n’a jamais été entendu mais fait l’objet de deux mandats d’arrêt qui permettaient de le juger ce jour-là. Il aurait été expulsé à Saint-Kitts (sans son passeport ?) et ne serait jamais revenu à Saint-Martin. Il aurait par ailleurs appartenu à un gang d’Anguilla. Est présente en revanche l’une des nombreuses victimes : J.L.H, la tante de L.M, qui l’hébergeait à l’époque et à qui appartient le véhicule volé le 5 septembre 2014 dont les individus se sont servis pour commettre leurs braquages, après l’avoir faussement plaqué. Elle se constitue partie civile et réclame 900€ au titre des dommages et intérêts afin de financer la réparation de sa voiture qui lui a été restituée par les autorités.

Après délibération, et compte-tenu de l’aspect fouillé du dossier, le tribunal de Saint-Martin condamne J.H.R et L.M à 7 ans de prison, prononce un mandat d’arrêt à l’encontre de J.H.R et prolonge celui de L.M. Les deux prévenus sont également condamnés à verser solidairement 900€ de dommages et intérêt à J.L.H. 

Fanny Fontan