Intervenant en langue étrangère dans les écoles : oui, mais....
Il y a le fond et la forme. Sur le fond, la Collectivité veut que l'enseignement dans les écoles publiques soit mieux adapté aux spécificités du territoire en favorisant le bilinguisme. Elle a ainsi voté une convention plutôt dans l'année avec le rectorat en ce sens. Aujourd’hui, elle va plus loin et crée trois emplois permanents d'intervenants en langue étrangère, en l'occurrence en anglais afin de «favoriser le bilinguisme, l'égalité des chances des élèves et répondre aux exigences du socle commun des connaissances et des compétences».
La mission de ces agents sera d'intervenir dans les écoles primaires pour «aider les élèves à développer leurs compétences orales de communication quotidienne, animer des ateliers et mettre en place des supports pédagogiques adaptés». Ces trois personnes seront embauchées et rémunérées par la COM. Et c'est là que le bât blesse pour certains élus.
On vient alors à la question de la forme. Pour le conseiller de l'opposition Daniel Gibbs, «ce n'est pas la manière correcte d'agir». Il considère que c'est à l'Etat dont l'éducation est la compétence, de financer ce type de dispositif et non «à la population» comme le précise Marie-Dominique Ramphort. C'est aussi l'avis de la sénatrice Annick Petrus pour qui «ce dispositif a tout son sens» mais regrette que ce soit à la COM de supporter son financement».
Elle en a en outre évoqué la cause. Selon ses entretiens avec le ministère, il aurait été demandé en 2021 à la Collectivité de dresser un état des lieux du bilinguisme dans les écoles, des dispositifs déjà en place. «Il veut savoir si le process a donné des résultats positifs», rapporte-t-elle. Or, toujours selon elle, «la COM n'a toujours pas rendu sa copie» à ce jour. Parce que «nous n'allons pas suffisamment vite dans travail qui nous est demandé », la COM doit supporter le financement des emplois et «tous les enfants n'ont pas [encore] accès au bilinguisme », déclare-t-elle.Pour la vice-présidente Dominique Democrite-Louisy, la Collectivité n'avait pas d'autres choix. «Si on attend sur le gouvernement, on ne va jamais le faire. Depuis que je suis arrivée à Saint-Martin, j'en entends parler, j'ai fait partie des équipes qui ont proposé des projets. Il se trouve qu'aujourd'hui, on s'est senti obligés de mettre des intervenants, de les payer de notre poche car le gouvernement français ne veut qu'on utilise qu'une seule langue, le français. […) Je pense que c'est une bonne initiative, (…) si on ne veut pas perdre cette particularité saint-martinoise, on est obligé d'agir en attendant que l'Etat français comprenne qu'il n'y a pas qu'une seule langue en France», a-t-elle commenté.
Enfin, Louis Mussington a confirmé qu'il avait projet pour développer le bilinguisme dans les écoles et qu'un prestataire avait été mandaté pour l'aider à l'élaborer. Il a annoncé dimanche aux élus du conseil territorial que d'ici à vendredi, ce projet leur serait envoyé par email afin qu'il puisse être ensuite débattu.
Les élus ont voté pour la création de ces trois emplois, seuls les membres de la Team Gibbs ont voté contre.










