La CCISM porte des entreprises de Saint-Martin à l’Élysée
Angèle Dormoy, Présidente de la Chambre Consulaire Interprofessionnelle de Saint-Martin (CCISM) et Vice-Présidente de l’Association des Chambres de Commerce et d’Industrie d’Outre-mer (ACCIOM), a participé, la semaine dernière, mardi 28 octobre, à une séance de travail organisée au Palais de l’Élysée à l’invitation de CCI France et de la Présidence de la République.
Un échange sur l’avenir économique des Outre-mer
Autour d’Alain Di Crescenzo, Président de CCI France, les représentants consulaires ultramarins (Guadeloupe, Guyane, Réunion, Martinique et Saint-Martin) ont échangéavec les conseillers de la Présidence de la République, Guillaume Vuilletet, Grégoire Potton et Déobal Gobin, sur les enjeux économiques prioritaires des territoires : maintien des dispositifs LODEOM, exonérations sociales, soutien à l’investissement productif et visibilité budgétaire, entre autres.
Deux sujets se sont rapidement imposés comme centraux dans les discussions : le maintien des aides à l’investissement, essentielles pour soutenir la modernisation et la compétitivité des entreprises, ainsi que la préservation de la LODEOM, pilier du modèle économique ultramarin et levier de l’emploi. Ces thématiques, communes à l’ensemble des territoires, traduisent l’urgence d’un dialogue renouvelé entre l’État et les acteurs économiques afin d’assurer la pérennité des dispositifs structurants.
Une parole de terrain portée par Saint-Martin
La présidente Angèle Dormoy a partagé les réalités du tissu économique saint-martinois, confronté à des fragilités persistantes. Elle a décrit une reprise qui reste sous tension notamment dans les secteurs du commerce, du tourisme et des services. Les incertitudes économiques et la hausse généralisée des coûts font peser une pression croissante sur les petites entreprises, avec des effets en chaîne sur l’emploi, la compétitivité et la qualité des prestations. Cette conjoncture risque de fragiliser davantage un marché déjà marqué par un taux de chômage supérieur à 30 %, tout en accentuant la concurrence de la partie hollandaise et les fermetures d’établissements en basse saison.
« Nous observons une reprise réelle, mais freinée par l’incertitude budgétaire et la hausse des coûts. À Saint-Martin, une réduction des exonérations représenterait un surcoût moyen de 18 000 € annuels de charges supplémentaires pour une petite entreprise. Dans un territoire insulaire, ce type de mesure peut faire basculerdes équilibres déjà précaires » explique Angèle Dormoy.
Elle a également tenu à souligner la dimension humaine de cette situation : « Derrière les chiffres, il y a des femmes et des hommes profondément affectés par les tensions économiques. La détresse de certains chefs d’entreprise est un signal d’alarme que nous devons entendre. Nos entreprises ont besoin d’écoute, de stabilité et d’un accompagnement durable. C’est le sens même de notre engagement collectif au sein de la CCISM et plus largement de l’ACCIOM : défendre l’économie réelle, mais aussi les femmes et les hommes qui la font vivre » confie Angèle Dormoy.
Des signaux d’écoute et une volonté d’action de l’Etat
Les conseillers de l’Élysée ont salué la cohérence du message porté par le réseau consulaire ultramarin. Ils ont reconnu « le rôle essentiel des CCI dans la compréhension fine des dynamiques économiques locales » plaidant pour « une meilleure articulation entre les politiques nationales et les réalités de terrain ».
Au-delà de la construction d’une feuille de route commune entre la Présidence de la République, CCI France et l’ACCIOM, afin d’assurer un suivi semestriel des avancées et de maintenir un dialogue continu, les représentants consulaires sont sollicités pour formaliser leurs propositions par un courrier adressé au Président de la République, garantissant une prise en compte officielle dans les prochains arbitrages.
Une dynamique collective qui s’inscrit dans la durée
Pour la CCISM, cette rencontre confirme la nécessité d’une présence constante de Saint-Martin dans le débat national et d’une gouvernance économique concertée. « Être à la table des discussions, c’est faire en sorte que notre territoire ne soit pas un simple sujet de politique publique, mais un acteur à part entière de la transformation économique des Outre-mer. Nous avançons dans la clarté et la coopération » conclut Angèle Dormoy.
Cette rencontre s’inscrit dans la continuité des travaux engagés dans le cadre du Conseil interministériel des Outre-mer (CIOM) et du travail mené par les parlementaires ultramarins pour défendre leurs territoires. Elle marque aussi une étape inédite : le monde économique ultramarin sollicité directement par la Présidence de la République pour contribuer à la construction d’une trajectoire nationale dédiée auxentreprises des Outre-mer.
Les prochaines semaines seront consacrées à la rédaction conjointe du courrier ACCIOM – CCI France à l’attention du Président de la République, afin de poser les bases d’une feuille de route économique partagée.
Une réunion d’étape est d’ores et déjà envisagée pour le premier semestre 2026 à Paris, afin d’évaluer les avancées, consolider les dispositifs de soutien et ancrer durablement ce dialogue entre l’État et les acteurs économiques ultramarins.










