Saison record de sargasses : un COPIL pour faire le point et préparer les solutions
Ce jeudi 2 octobre s’est tenu en préfecture le premier comité de pilotage Sargasse (COPIL), en présence de Fabrice Thibier, secrétaire général, de Marie-Hildegarde Chauveau, directrice de cabinet, et de Bernadette Davis, seconde vice-présidente. Ils étaient accompagnés d’acteurs de la Collectivité, de la CCISM, du MEDEF, de la Réserve naturelle, mais aussi du collectif anti-sargasses. La réunion s’est conclue par un point presse afin de faire un compte-rendu en cette fin de saison.
En ce début du mois d’octobre, le dernier bulletin annonce encore quelques filaments à proximité des îles du Nord. « Les analyses satellites montrent un océan de moins en moins chargé, annonciateur d’une activité en forte baisse. C'est une bonne nouvelle », débute Fabrice Thibier. Un moment d’accalmie après « une année très mobilisante ». Entre le premier février, début de la collecte, et le 30 septembre, 14 000 tonnes de sargasses ont été ramassées, avec un record absolu de 5 470 tonnes en juillet. « Nous allons clore la saison à 18 000 tonnes, ce qui est le plus gros volume jamais enregistré par la Collectivité » souligne Igor Rembotte, de la direction de l'Environnement.
Face à ces chiffres en forte hausse, les budgets alloués ont également augmenté de manière significative. Dans les îles françaises des Caraïbes, la stratégie consiste à offrir aux collectivités un cofinancement dédié pour qu’elles puissent exercer leurs compétences sur le littoral. Depuis 2022, 4,4 millions d’euros, répartis entre la COM et l’État, ont été alloués à Saint-Martin pour cette problématique. « La Collectivité a pleinement assumé sa part » assure la seconde vice-présidente. « Mais on ne peut plus assumer seuls, c’est la réalité. Si en trois ans, on atteint de telles sommes, qu’en sera-t-il dans les prochaines années ? » s’inquiète-t-elle. « Nous militons désormais pour une responsabilité plus mondiale ». Dans ce sens, la motion portée par la Région Guadeloupe en faveur d'une gouvernance internationale pour gérer les échouements de sargasses a été adoptée à 96,4 % en amont du Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui se tiendra à Abou Dhabi du 9 au 15 octobre 2025.
« À Saint-Martin, la réponse apportée est plus performante que ce qu'on peut trouver ailleurs sur l’arc caribéen » assure le sous-préfet. « Mais sur des grosses années comme 2025, je comprends que cela soit difficile à entendre pour les riverains et certains chefs d’entreprise. Il n'existe pas de solution miracle, sinon, elle serait déjà appliquée. Aujourd’hui, les réponses sont apportées progressivement, par petites améliorations. »
Parmi ces solutions figure le projet de barrages déviants en baie de Cul-de-Sac et à l'étang aux Poissons, qui devraient être fonctionnels à l’horizon mai-juin 2026, avant le pic estival. Une étude de faisabilité de deux ans, rendue en mai dernier, a permis de tirer des enseignements d’expériences similaires dans d’autres territoires. Elle a confirmé la pertinence du projet. Un marché d’un million d’euros a été lancé, validé en septembre, et son attribution est imminente.
À l’étang aux poissons, les barrages permettront de protéger presque entièrement les habitants des effets des sargasses en décomposition. À Cul-de-Sac, trois barrages en cascade devraient dévier environ 90 % des échouements, avec un point de collecte centralisé en forme d’entonnoir, facilitant ainsi la récupération des algues. Ce dispositif améliorera la gestion, la salubrité du quartier et protégera l’activité économique locale. « La collecte au sol sera plus efficace, vu qu'on canalise le flux sur terre » affirme Igor Rembotte.