À l’embarcadère de Pinel, les passeurs souffrent de l’invasion des sargasses
Depuis plus d'une décennie, les sargasses perturbent la vie des habitants de Saint-Martin. Mais pour les passeurs de l’îlet Pinel, site touristique incontournable, la saison 2025 a été particulièrement difficile. Autour de l’embarcadère de Cul-de-Sac, impossible de passer à côté : les radeaux de sargasses s’entassent, la mer est impraticable et l’odeur difficilement respirable. Pour les passeurs, dont les revenus dépendent des traversées, la situation est compliquée. « Les sargasses sont un fléau qui aurait pu être réglé depuis longtemps mais la Collectivité ne les traite pas comme un vrai problème. Ils prennent ça un peu à la légère » déplore l’un d’entre eux.
Selon lui, la saison estivale a été en grande partie gâchée. « Les sargasses sont arrivées tôt cette année, en mai. On a fermé à partir de la troisième semaine de juin et on n’a pas rouvert avant début août. Cinq semaines en continu sans activitée. Sans compter les autres jours, en dehors de cette période, où on n’a pas travaillé non plus » se désole le passeur. En cause, une mer bloquée par ces algues : « Elles étaient sur 150 mètres au large et toute la largeur de la plage. Impossible de passer » assure-t-il, « on a rouvert samedi dernier, mais on a dû forcer avec les bateaux pour les pousser ». Face à la situation, « l’état d’esprit est au désespoir » : « Maintenant on est en septembre, et il n’y a personne. Hier, on est parti avec cinq clients ».
Pour ce passeur, des solutions existent pourtant. Il dénonce une mauvaise stratégie de ramassage : « Ils utilisent des engins de terrassement qui abîment le littoral et emportent tout le sable ». Il évoque également des mesures de prévention trop peu envisagées : « La plupart des sargasses rentrent par la petite passe entre Saint-Martin et Pinel. Il suffirait de poser un filet en biais pour les dévier vers Grand-Caille et les amener vers la décharge. En période de pic, 50 % des sargasses ne rentreraient pas à Cul-de-Sac. Ce serait déjà un soulagement » déclare-t-il. Quant au Sargator, navire collecteur de sargasses, le projet semble bloqué par des questions budgétaires. Face à ces propositions, « la réponse institutionnelle semble toujours la même : des études sont en cours » déplore le professionnel.
Selon le bulletin sargasses de Météo France du premier septembre, les arrivées d’algues brunes vont se poursuivre, bien que de manière moins intense. Une nouvelle vague pourrait toucher l’est de Saint-Martin d’ici le milieu de la semaine.