Politiques publiques de l'Etat : à combien s'élève leur financement à Saint-Martin ?
Justice, enseignement, social, sécurité, cohésion des territoires, culture, etc., l'Etat participe au financement des politiques mises en place dans plusieurs domaines sur l'ensemble des départements et régions, y compris en outre-mer. Pour l'année 2025, le budget consacré à l'ensemble des politiques publiques financées par l'Etat sur les territoires ultramarins s'est élevé à 19,37 milliards d'euros en autorisation d'engagement (AE) et 21,06 milliards en crédits de paiement (CP). Tous les territoires d'outre-mer sont concernés, y compris les terres australes. Quelle est la part attribuée à Saint-Martin ? Eléments de réponse à partir du document de politique transversale élaboré fin 2024 pour l'année 2025.
La Réunion qui représente 31 % de la population ultramarine, concentre 34 % des autorisations d'engagement, soit 6,5 milliards d'euros. Les deux territoires qui bénéficient le moins du budget de l'Etat sont Saint-Barth et les Terres australes (0,15 % des AE chacun). La collectivité de Saint-Martin qui compte 1,1 % de la population ultramarine, perçoit 0,53 % des autorisations d'engagement en 2025, soit 102,69 millions d'euros. Les crédits de paiements s'élèvent à 116,56 millions d'euros (0,55 % de la totalité des CP).
Saint-Martin reçoit 3 260 euros par habitant en AE et 3 701 euros en CP ; il s'agit du montant par habitant le plus bas observé après celui de Saint-Barth (respectivement 2 726 et 2 743 euros). En Nouvelle Calédonie et Polynésie, les AE s'élèvent à environ 4850 euros par habitant. Dans les départements d'outre-mer, le montant varie de 4 906 euros à Mayotte à 9 576 euros en Guyane ; en Guadeloupe et Martinique, le montant est de l'ordre de 6 700/6 800 euros. Parmi les COM, les AE par habitant sont de l'ordre de 14 000 euros à Wallis et Futuna et Saint-Pierre et Miquelon, soit quatre fois plus qu'à Saint-Martin.
Dans le domaine de la sécurité, la COM de Saint-Martin se distingue en étant le territoire ultramarin le mieux doté par rapport à sa population : 993 euros par habitant (en AE), juste devant celui de la Guyane (964 euros/hab). Au total, les politiques publiques en matière de sécurité à Saint-Martin représentent 31,28 millions d'euros en AE en 2025 et 30,46 millions en CP. Plus de 78 % des AE sont destinées aux forces de gendarmerie (24,64 millions d'euros).
Le budget des missions de sécurité est relativement stable, il est en hausse de 2,8 % par rapport à 2024 après avoir augmenté de 2,5 % en 2024. Ces missions représentent 30,5 % des autorisations d'engagement de l'Etat à Saint-Martin en 2025. Toutefois, elles ne représentent plus les actions les plus financées par l'Etat à Saint-Martin (en 2023, 53 % des AE étaient dans la sécurité, 46 % en 2024).
En 2025, l'Etat a engagé 45 millions d'euros dans le financement du service public de l'énergie, soit 43,8 % des AE. Il y a deux ans, il n'avait programmé que 185 750 euros, et moins de 30 000 euros en 2024 dans ce domaine de l'écologie, développement et mobilité durables.
Autres dépenses conséquentes de l'Etat, celles liées à la cohésion des territoires avec 10,68 millions d'euros engagés (soit 10,4 % des AE) qui sont destinés exclusivement à l'aide à l'accès au logement.
Les missions de justice représentent un engagement de 1,25 million d'euros en 2025, celles du travail et de l'emploi 2,4 millions, celles des relations avec les collectivités territoriales 4,72 millions, celles liées à l'économie seulement 7 493 euros, celles de l'administration territoriale de l'Etat 3,37 millions d'euros.
Dans l'enseignement, aucune AE n'a été budgétisée cette année, uniquement 1,58 million d'euros en CP. Les missions dites «outre-mer» comprenant des actions portant sur les conditions de vie et l'emploi outre-mer, sont en baisse de 68 % en 2025 par rapport à 2024, avec seulement 3,7 millions d'euros engagés contre plus de 11,7 millions en 2024 ou 10,47 millions en 2023.
Globalement, le financement des politiques publiques a augmenté de 55 % en autorisations d'engagement en 2025 à Saint-Martin, soit une enveloppe de + 36,6 millions d'euros. Cette progression s'explique par le financement de l'Etat dans le service public de l'énergie (45 millions) et son recul dans celui des actions liées aux conditions de vie outre-mer (-8 millions). Sans ces dépenses dans l'énergie, les AE s'élèveraient à 57,68 millions d'euros, soit autant qu'en 2023 et seraient inférieures de 8,4 millions à celles de 2024.
La différence entre AE et CP
Les autorisations d'engagement (AE) constituent «la limite supérieure des dépenses pouvant être engagées». Les crédits de paiement (CP) représentent «la limite supérieure des dépenses pouvant être ordonnancées ou payées pendant l’année pour la couverture des engagements contractés dans le cadre des autorisations d’engagement».
Par exemple, pour un marché d'un montant global de 100 000 euros sur deux ans, on aura 100 en AE et 50 en CP pour l'année en cours. L'année suivante, on aura 0 en AE et 50 en CP, soit le reste à financer. (source : ministère de l'économie).