Fête nationale : deux Saint-Martinois dans la lumière du défilé
Marcher sur les Champs-Elysées un 14 juillet, au son des tambours, sous le regard de milliers de spectateurs… C’est un rêve d’enfant pour beaucoup. Et cette année, deux Saint-Martinois l’ont réalisé. Pour la première fois de l’histoire, Saint-Martin a été représentée lors du prestigieux défilé militaire. Parmi les 77 sapeurs-pompiers ultramarins venus de onze territoires, la caporale Célia Daizey et le caporal-chef Félix Marie ont marché pour représenter fièrement les couleurs de la friendly island. Une « aventure hors du commun, humaine et patriotique » qui dépasse le simple cadre d’un défilé pour devenir un symbole : celui d’une île qui prend sa place. En effet, jusqu’à présent, Saint-Martin faisait partie d’un ensemble plus large, rattachée au service départemental de la Guadeloupe. Mais en devenant récemment un STIS (Service Territorial d’Incendie et de Secours), elle affirme désormais son autonomie.
« Quand j’ai vu le mail annonçant qu’on pouvait postuler pour le défilé, je n’ai pas hésité une seconde. Je me suis dit : Il faut que j’y sois » raconte Célia Daizey avec le sourire. Saint-Martinoise depuis toujours, cela fait maintenant cinq ans et demi que la jeune femme est devenue pompier professionnelle. À ses côtés lors des sélections, cinq autres volontaires dont le caporal-chef Félix Marie, mais seulement deux places à la clé. Tout a commencé début avril. Chaque samedi matin, ces volontaires suivaient des entraînements exigeants, formés par le capitaine Arnould. Apprentissage du pas cadencé, ordre serré, alignement parfait : la sélection s’est faite dans la durée. « Nous devions répondre aux critères d’une grille spécifique. Des éléments comme la ponctualité, la rigueur, l’endurance physique et la capacité à défiler étaient pris en compte » explique Félix Marie, pompier depuis six ans. Après trois mois d’engagement : l’heure du verdict a sonné. « On avait un groupe avec tous les participants. Vers 11h30, le capitaine nous a envoyé un message en disant qu’on pouvait venir dans son bureau pour avoir les résultats. A 11h40, j’étais déjà devant sa porte » se rappelle Célia Daizey avec amusement.
« Nous serons à jamais le 18ème bataillon »
Le 28 juin, les 77 sapeurs-pompiers ultramarins rejoignent Aix-en-Provence pour une semaine de préparation à l’ENSOSP (École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers). « C’est là qu’on a rencontré tout le bataillon, des collègues venus des quatre coins du monde comme Wallis-et-Futuna ou de Saint-Pierre-et-Miquelon… C’était incroyable. On vient de territoires différents, mais on a tout de suite eu une belle cohésion. Humainement, c’était très fort. Nous serons à jamais le 18ème bataillon » raconte Célia émue. S’ensuit une seconde semaine de répétitions à Paris, sur la base militaire de Satory. « On répète les gestes, on muscle la marche, on affine la synchronisation en gardant toujours un l'œil sur la personne qui se situe à notre gauche pour ne pas perdre l’alignement » précise Félix Marie. Le 11 juillet, vient l’ultime répétition au petit matin sur les Champs-Élysées, avec la tribune présidentielle simulée.
Puis arrive le jour J. Le 14 juillet, à 10h, le bataillon s’avance enfin sur l’avenue des Champs-Élysées, devant les plus hautes autorités de l’État. Célia Daizey est positionnée rangée 5, colonne 2. Felix Marie, quant à lui, a la responsabilité d’être sur la première rangée, colonne 7. « On ressent une pression immense. Mais on était prêts ! » assure la caporale. Sous les acclamations du public, les pas s’enchaînent, d’une parfaite cohésion. « Dès qu’on commence à marcher, on se met dans une bulle. On est porté par la foule, par l’énergie, par l’émotion et on oublie les douleurs, le stress, on vit l’instant » continue-t-elle.
Un défilé comme message
Un moment suspendu, où tous deux confient avoir eu des étoiles dans les yeux. « C’était vraiment un honneur de représenter Saint-Martin. On avait à cœur d’incarner notre île, notre population et notre caserne, surtout pour la première fois » confie Félix Marie. Pour sa collègue, ce défilé était aussi l’occasion de passer un message : « Je pensais à Saint-Martin. Je me disais que ce n’est pas parce qu’on vient d’une petite île qu’on n’a pas notre place. Je voulais aussi prouver à nos jeunes que l’on peut venir d’un petit territoire et accomplir de grandes choses. Quand on se donne les moyens, on peut réussir ».
De retour à la caserne à Saint-Martin, la vie a repris son cours. Le prochain défilé du 14 Juillet consacré aux Outre-mer aura lieu dans huit ans. Si les deux caporaux aimeraient revivre l’expérience, tous deux s’accordent pour laisser la place à d’autres pompiers. « Parce que cette aventure mérite d’être vécue » conclut Célia en souriant.