Lutte contre la vie chère et l'insécurité : de nouvelles mesures annoncées lors du CIOM
Un comité interministériel des outre-mer (CIOM) «particulier» s’est réuni jeudi dernier à Paris. «Alors que les deux premières éditions, en 2009 et 2023, avaient pour optique de placer les territoires ultramarins au cœur de l’action publique française tous azimuts, celui-ci a eu pour objectif de répondre rapidement aux urgences spécifiques en outre-mer», indique le ministère des outre-mer. Ce CIOM s’articule autour de trois thèmes : Mayotte, la lutte contre la vie chère et la sécurité.
Lutte contre la vie chère
Un projet de loi sera présenté en Conseil des ministres d’ici à la fin du mois de juillet afin de «renforcer le pouvoir d’achat des habitants ultramarins, en intégrant les spécificités liées à l’éloignement et à l’insularité ; améliorer la transparence dans la formation des prix, en responsabilisant tous les maillons de la chaîne économique ; stimuler une concurrence loyale, en luttant contre les situations de monopole ou d’oligopole, soutenir les filières locales pour relocaliser de la valeur ajoutée dans les territoires».
«Il se traduira par notamment par une gouvernance renforcée des observatoires des prix, des marges et des revenus (OPMR) et un renforcement du Bouclier qualité prix (BQP). Une circulaire inédite a été adressée aux préfets, leur confiant un rôle de coordination et d’impulsion pour ancrer cette stratégie dans les réalités locales», précise le ministère. Selon le dossier de presse du CIOM, c'est à Saint-Martin que les écarts de prix avec la métropole sont les plus grands (+ 47 %).
Sécurité
«Chaque année, près de 30 % des homicides en France ont lieu en outre-mer. Plus de 1000 ultramarins sont victimes d’agressions chaque jour. L’insularité, l’éloignement et la proximité de zones instables en font des zones d’exposition stratégique sur la route des trafics (êtres humains, drogues, armes, espèces protégées), exposées à la criminalité organisée, menace existentielle dont les populations les plus fragiles subissent en premier lieu les agissements », convient le gouvernement qui prévoit neuf mesures concrètes pour non seulement «combattre les trafics et la criminalité organisée [mais aussi] protéger les plus vulnérables et anticiper les catastrophes ».
Ces neuf mesures sont :
- des contrôles renforcés aux ports, aéroports et littoraux, à travers une stratégie de sécurité interservices et interministérielle pilotée par le préfet ;
- un contrôle des flux migratoires qui déstabilisent les territoires ultramarins ;
- la recherche d’une coopération régionale concrète pour contrer l’action des filières criminelle ;
- le renforcement de la prise en charge des jeunes engagés ou risquant de se tourner vers les réseaux criminels, notamment par la mise en œuvre d’actions éducatives ;
- le renforcement des actions de prévention, d’information et d’accompagnement par les unités d’accueil pédiatrique des enfants en danger (UAPED) ;
- la mise en place dès 2026 dans les Antilles, de campagnes d’information et de sensibilisation spécifiques aux risques existants localement ;
- l’installation d’un radar hydrométéorologique à Mayotte, seul département d’outre-mer n’en disposant pas ;
- le renforcement du niveau d’alerte des populations, en déployant le dispositif FR Alerte en Nouvelle-Calédonie et à Saint-Pierre-et-Miquelon (et étude en cours à Wallis-et-Futuna);
- le renforcement de la réactivité des services et la résilience des territoires en cas de catastrophes naturelles, en mettant notamment en place des éléments avancés permanents (« harpon ») de 5 militaires des formations militaires de sécurité civile (FORMISC) aux Antilles et à La Réunion en mesure d’accueillir des renforts en cas de crise majeure
Dans les prochains mois, le CIOM entrera "dans une phase nouvelle avec une déclinaison territoriale", lors de laquelle les élus et les acteurs socio-économiques seront les moteurs. Ils proposeront des actions répondant à leurs besoins. Les préfets organiseront des consultations publiques dans chaque territoire, permettant de rassembler élus, acteurs socio-économiques et de terrain et citoyens.
À l’issue de ces consultations, un CIOM local sera organisé dans chaque territoire. Les actions à mener découlant du CIOM local seront limitées en nombre afin d’en faciliter la réalisation effective. Un CIOM national de fin d’année fera le bilan de ces déclinaisons territoriales et validera la feuille de route de l’Etat des actions en découlant.