19.06.2025

Tribunal : condamnation exemplaire pour un agresseur et exhibitionniste sexuel en récidive

« C’est une affaire qui aurait pu passer devant la cour d’assise, au vu de la gravité des faits » déclare la procureure de la République, devant le tribunal de proximité de Saint-Martin. Ce jeudi 19 juin, le parquet examinait une affaire d’agression et d’exhibition sexuelle en récidive, de violation de domicile ainsi que vol avec violence. Lors de l’audience, C.M, le prévenu, est déjà incarcéré à Basse-Terre en Guadeloupe. Son jugement se déroule donc en visioconférence.

Les faits remontent au 1er juin 2021, sur la route de Pic Paradis. Il est neuf heures du matin lorsque les gendarmes arrivent au domicile de B.T, une jeune femme de 23 ans qui vit avec ses parents. La victime, en état de choc, raconte alors qu’un homme s’est introduit chez elle, en escaladant le balcon. Alors qu’elle est seule et endormie, ce dernier l’agresse sexuellement, d’abord en se masturbant, puis en lui caressant la poitrine et en la forçant à le toucher. La jeune femme, qui réussit à prendre la fuite, sort alors son téléphone portable afin de capturer des images de son agresseur. Seulement, l’homme de 20 ans parvient à la rattraper, la bloque dans l’escalier et la strangule pendant plusieurs minutes. Quand B.T reprend connaissance, C.M est en train de saisir un couteau. Mobilisant ses dernières forces, l’étudiante réussit à sortir de sa maison en appelant à l’aide. Elle est alors accueillie par des voisins qui la mettent en sécurité. En fuite pendant quatre jours, l’accusé sera finalement retrouvé à Grand-Case, caché dans la végétation d’une des maisons du quartier. Interrogé par les autorités, l’homme reconnait les faits mais indique avoir touché sa victime par erreur, lors de l’altercation.

« Il m’a cassé. Je n’ai jamais plus refonctionné depuis et ça fait quatre ans. Ma colère m’a sauvé la vie mais je veux qu’elle parte maintenant. Je veux retrouver ma vie d’avant et enfin devenir magistrate » déclare à la barre la victime en pleurs. Auscultée après le drame, la jeune femme présentait de nombreuses griffures et contusions ainsi que des douleurs au cou qui lui vaudront cinq jours d’interruption temporaire de travail. Avec un fort trouble de stress post-traumatique, son état psychologique freinera pendant deux ans la progression de ses études de droit. « Ça aurait pu toutes nous concerner. Il est inarrêtable. Il est connu pour 19 faits d’agressions sexuelles, combien faut-il de victimes ? Nous voulons qu’il reste hors d’état de nuire » plaide son avocate, Maître Petit, non sans émotion. Pour le préjudice moral, sexuel, universitaire et tous les frais engendrés par cette affaire, la victime qui se constitue partie civile, demande une indemnisation à hauteur de 32 848€.

« Ma peine sera à la hauteur de ses actes » promet la procureure de la République en saluant la victime pour son courage. « On est dans la plus grande des horreurs que chacun peut vivre, homme comme femme. On est en face d’un prédateur qui rentre chez les gens en pleine nuit ». Pour ces faits, la procureure requiert dix ans d’emprisonnement avec un mandat de dépôt immédiat, un suivi socio-judiciaire de dix années également, une obligation de soins et de travail, ainsi qu'une interdiction de territoire de Saint-Martin. « Je vous demande la plus grande fermeté. Il n’y a eu que trop de victimes et nous leur devons réparations » conclut-elle. Après délibération, le tribunal suivra les réquisitions du ministère public en y ajoutant l’inscription de C.M au fichier judiciaire des auteurs d'infractions sexuelles. La constitution de partie civile sera également reçue.

Cyrile POCREAU