La crise inflationniste impacte fortement le résultat de la Semsamar
En 2023*, la société d'économie mixte de Saint-Martin, la Semsamar, a enregistré un résultat net déficitaire de 9,53 millions d'euros contre 2,2 millions en 2022 (hors filiales). Lors du dernier conseil territorial, la Team Gibbs a interrogé la majorité sur ce résultat. Le premier vice président de la Collectivité et président directeur général de la Sem, Alain Richardson, a expliqué que cela était dû «à une hausse des taux d'intérêt du livret A».
En 2023, la Semsamar a réalisé un chiffre d'affaires de 103,52 millions d'euros, en baisse de 2,8 % par rapport à celui de 2022. Ses charges d'exploitation ont baissé d'autant pour s'établir à 116,67 millions d'euros. L'excédent brut d'exploitation (capacité d'une entreprise à dégager un surplus financier uniquement à partir de son exploitation courante) est positif et s'élève à 41,4 millions d'euros, il est «en nette amélioration par rapport à 2022, + 6,8%, note la Sem.
En revanche, la Semsamar a vu son résultat financier se dégrader de 12 millions d'euros par rapport à 2022, et s'établir à – 22,93 millions d'euros ; le résultat financier étant la différence entre les produits et les charges financières (dettes/intérêts et charges assimilées).
Dans le cas d’une entreprise endettée, les charges financières d’intérêts sont lourdes, d'où souvent un résultat financier souvent négatif. Il l'est d'autant plus pour la Semsamar - et les bailleurs sociaux d'une manière générale - qu'une «grande partie de leur dette est constituée de prêts CDC (Caisse des Dépôts et consignation, ndlr) de long terme indexés sur le taux du livret A», lequel a subi des augmentations.
«La crise inflationniste survenue en 2022 a engendré une hausse généralisée des taux d’intérêt, dont celui du livret A qui a évolué très rapidement de +2,5% en l’espace de 12 mois, suite à trois campagnes de hausses décidées par l’Etat entre février 2022 et février 2023 afin d’infléchir la progression du taux d’inflation. Les conséquences directes pour les bailleurs sociaux ont été de subir dès 2022, une hausse sensible des charges d’intérêt de la dette» donc des produits financiers, explique la Semsamar.L’impact financier sur son compte de résultat est «colossal, avec 26,7 millions d'euros de charges financières» en 2023. Au cours des dix dernières années, la Sem indique n'avoir «jamais eu à supporter plus de 20 millions d'euros de charges financières annuelles». «L’importance de l’encours de dette et [son] profil relativement jeune expliquent pour l’essentiel l’ampleur de l’impact financier », commente-t-elle.
Précisément, c'est notamment l'activité de gestion locative sociale représentant 78 % du chiffre d'affaires de la Semsamar, qui a été le plus touchée par ces hausses de taux d'intérêt. Cette activité «qui présentait historiquement un résultat bénéficiaire, subit de plein fouet l’impact de la hausse des taux d’intérêt en 2023, avec une progression de 11 millions d'euros des charges financières sur l’année. Le résultat agréé ressort à -6,2 millions d'euros (contre un bénéfice de 3,6 millions d'euros en 2022), en dépit de résultats d’exploitation et exceptionnel qui ressortent à l’équilibre pour cette activité », commente la Sem. Le montant de la dette pour cette partie gestion de logements sociaux est de 663,20 millions d'euros. A l'inverse, la Sem étant peu endettée sur son parc de gestion locative libre, enregistre un résultat bénéficiaire pour cette activité (+2,7 millions d'euros).
Ces deux activités de gestion de location (sociale et libre) représentent près de 90,5 % du chiffre d'affaires de la Semsamar. Ses autres sources de revenus sont issues des activités d'aménagement foncier libre (-7,39 millions d'euros de chiffre d'affaires), de promotion (0,33 million d'euros), de mandat (2,33 millions d'euros) et de concessions d'aménagement/DSP (-0,24 million).
La Semsamar prévoit que la tendance haussière des charges financières devrait encore se poursuivre en 2024.
*Les comptes pour l'année 2024 n'ont pas encore été publiés.