Le ministre de l'intérieur encore interpellé sur la violence en outre-mer caribéen
Après le triple homicide commis en centre-ville le week-end dernier à Fort de France en Martinique, le ministre de l'intérieur a de nouveau été interrogé sur la violence en outre-mer lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat mercredi après-midi. Si le sénateur de la Martinique lui a demandé quels moyens supplémentaires allaient être déployés sur son territoire, la sénatrice de Saint-Barthélemy, Micheline Jacques, l'a interrogé de manière plus générale sur «les violences dans les outre-mer du bassin caribéen».
La fusillade de Fort de France vient «s'ajouter à une trop longue liste de chiffres vertigineux de la violence dans les outre-mer du bassin caribéen», conçoit-elle. Et d'en citer quelque-uns : «une fusillade la semaine dernière à Saint-Martin a fait un mort et un blessé grave, un motard tué par balle en Guadeloupe le mois dernier. La Guyane est le premier département meurtrier de France avec 20,6 meurtres pour 100 000 habitants, viennent ensuite la Guadeloupe avec 9,4 pour 100 000 habitants et la Martinique avec 6,4 pour 100 000 habitants et déjà 24 meurtres depuis le début de cette année. Au total depuis le début de l'année, on compte un homicide par semaine en outre-mer caribéen, seul Saint-Barthélemy échappe à ces funestes statistiques».»
Micheline Jacques rappelle que la plupart de «ces crimes par arme à feu sont liés au trafic de drogue et d'armes» et appelle ainsi la vigilance du gouvernement sur le fait qu'un «un hub des drogues et des armes est en train de se constituer à 900 km de la France, en Haïti».
Dans ce contexte, elle «réitère sa demande [au ministre de l'Intérieur] d'amplification de sécurisation dans les territoires» et «quelles mesures» il a prises «pour empêcher la circulation d'armes illégales dans les outre-mer caribéens et d'une manière générale dans les outre-mer».Bruno Retailleau a admis que «la cause racine de cette ultra-violence» était «le narco trafic et plus généralement la criminalité organisée qui confond les armes et la drogue. En plus de mesures propres à la Martinique, il a annoncé avoir demandé au directeur général de la police nationale «d'aller en mission dans la zone». «Il y est allé il y a quinze jours et il va rendre un rapport avec un certain nombre de mesures», a confié le ministre. Au sénateur de Martinique, il a précisé vouloir aussi mettre en place «une mission spécifique anti-drogue dans les Antilles».
Dans cette attente, Bruno Retailleau mise sur l'efficacité de l'état major contre la criminalité organisée (EMCO) inauguré hier matin à Nanterre à côté de Paris. «Il va concentrer sur un même lieu l'ensemble des services de renseignement de quatre ministères, l'ensemble des services d'enquête. Cela va nous donner des moyens», déclare-t-il.
En février, le ministre de l'intérieur avait déjà été interpellé par la sénatrice Annick Petrus sur la situation à Saint-Martin.