En quoi consistait la campagne de tirs sismiques suspendue par le tribunal administratif
Une flotte océanographique française devait conduire du 1er mars au 20 avril une campagne de recherche scientifique marine baptisée Garanti 2 dans les eaux françaises, à bord du navire de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), Atalante, au niveau des zones côtières guadeloupéennes, martiniquaises, de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Cette campagne a été autorisée par le préfet de Martinique le 13 janvier puis suspendue. En quoi consistait cette campagne ?
Les petites Antilles sont situées au niveau de la plaque Caraïbe. Dans sa partie orientale, c'est-à-dire au niveau des petites Antilles, la plaque Atlantique plonge sous l'arc antillais, c'est ce que l'on appelle une zone de subduction. L'une des conséquences de ce plongement de la plaque sous l'autre, est la production de séismes au niveau de l'arc des petites Antilles.
Cette campagne a pour but de caractériser la tectonique et l'historique des déformations liées à la subduction de la ride des Bahamas. Pour cela, elle va acquérir des profils sismiques de haute résolution et d'échantillonner des roches sur une partie de cette plaque Caraïbe, précisément sur l'ouest et le nord de la ride d'Aves, le passage d'Anegada, la marge des îles Vierges et le nord des petites Antilles.
Concrètement, cet échantillonnage des roches va être réalisé à l'aide de dragues (navires) chalutées sur le fond marin. Des mesures acoustiques seront effectuées par l'intermédiaire d'un air gun Array, d'un enregistreur, d'un magnétomètre, d'un sondeur et d'un sondeur multifaisceaux.
Il est prévu aussi que la source sismique sera aussi déployée pour l'étude des couches supérieures de sédiments. Elle sera constituée de quatre canons à air, utilisés à la cadence de dix secondes entre les tirs. L'étude des couches profondes de sédiments et la bathymétrie se feront au moyen de sondeurs d'une intensité sonores, utilisant un spectre de fréquences très important.Cette campagne qui devait se dérouler jusqu'au 20 avril a été suspendue par la justice. Le tribunal administratif avait été saisi par quatre associations*qui dénonçaient les conséquences de l'utilisation de certaines méthodes, précisément les tirs sismiques, sur le comportement des mammifères marins, notamment les baleines et les cachalots qui sont dans les eaux actuellement pour se reproduire et mettre bas. Les associations avaient aussi demandé au tribunal d'enjoindre à l'Etat de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le respect des libertés fondamentales liées à l'environnement et de réévaluer les conséquences environnementales de la décision du préfet avant sa mise en œuvre et, à titre subsidiaire, d'ordonner la réalisation d'une consultation publique et d'une étude d'impact avant toute exécution de ladite décision.
*L'association Le Toto-Bois - association pour l'étude et la protection de la vie sauvage dans les petites Antilles (AEVA), l'association pour la sauvegarde et la réhabilitation de la faune des Antilles (ASFA), l'association Sea Shepherd France et l'association Vétérinaires pour la biodiversité.
(source des illustrations : GeologiedesAntilles.com).