Emploi : "l'appareil local de formation ne parvient pas à répondre aux besoins du secteur hôtelier"
«L’emploi dans les hébergements touristiques de Saint-Martin est majoritairement jeune et féminin mais est en manque de formation» titre l’exemplaire du mois de janvier du magazine Regards sur Saint-Martin mené en partenariat entre l’ITSEE et le CARIF-OTEF. En 2024, l’emploi salarié dans l’hébergement touristique est majoritairement occupé par les femmes. À hauteur de 57% dans ce domaine, le sexe féminin ne représente pourtant que 49% de l’ensemble des salariés du territoire. Aussi 34% des salariés de l’hôtellerie ont-ils moins de 35 ans, alors que cette tranche ne représente que 26% de l’ensemble des salariés de l’île.
Afin d’approfondir la connaissance du secteur de l’hébergement touristique en matière d’emploi et de formation, l’ITSEE et le CARIF-OTEF ont conduit une enquête de juin à octobre dernier auprès de l’ensemble des établissements hôteliers de Saint-Martin. Côté français, on répertorie 40 établissements pour un total de 1214 chambres. Sur ces 40, 21 ont répondu à l’enquête. À la question «À quelles évolutions majeures vos métiers ont-ils été confrontés ces dernières années?», les interviewés indiquent à 43% les mutations environnementales, surpassant les évolutions réglementaires (24%) ou technologiques (19%). «Politique environnementale, gestion de ressources et sensibilisation de la clientèle transforment les pratiques du secteur», informe le document.
La formation professionnelle, l’enjeu n°1
Autre challenge constant auquel doivent faire face les établissements, celui de la gestion des ressources humaines. «Une entreprise sur deux, et jusqu’à 60% de structures employant 3 à 5 salariés, se disent confrontées à des difficultés de ressources humaines et financières. La gestion des stocks et l’entretien des locaux figurent également parmi les principaux défis. Ce dernier point est d’autant plus marqué par les contraintes environnementales croissantes, la pénurie de main-d’œuvre, le manque d’attractivité des métiers et l’insuffisance des formations disponibles ».
Selon les répondants, le consensus est clair : «l’appareil de formation local ne parvient pas à répondre aux besoins du secteur hôtelier. La majorité estime que le volume des professionnels formés est insuffisant pour combler la demande en main-d’œuvre. De plus, l’offre de formation souffre d’un manque d’équipements et d’un contenu jugé inadapté dans trois-quarts des cas, un constat déjà évoqué dans le rapport 2023/2024 de l’IEDOM. Ces constats sont à rapprocher des difficultés de recrutement signalées par les entreprises, qui mettent en lumière des inadéquations (notamment en termes de niveau de qualifications) et des pénuries de profils qualifiés s’inquiètent les professionnels.
En 2023, « seules 77 personnes étaient inscrites dans des formations dédiées aux métiers de l’hôtellerie sur le territoire, avec une prédominance de cursus orientés vers le service en restauration. Par ailleurs, les formations spécifiques à la réception et à l’hôtellerie de plein air restent très limitées, avec moins de cinq formés dans chacun de ces titres professionnels», conclut la revue.