Situation sécuritaire alarmante à Grand-Case, le préfet fait le point
« Nous avons eu en deux mois, sept faits de vols à main armée dans le secteur de Grand-Case, tous commis à l’aide de scooters. Ceux-ci ont atteint un niveau insupportable dimanche soir dernier, avec un tir par arme à feu dans l’abdomen d’un touriste américain, d’une soixante d’années, qui sortait d’un restaurant » déclare Vincent Berton, préfet de Saint-Martin.
Face à cette situation sécuritaire très préoccupante, un point presse avait lieu ce mercredi 8 janvier, en préfecture, en présence de la sous-préfète, Marie-Hildegarde Chauveau et du lieutenant-colonel Hugues Loyez. « L’acte de dimanche soir est un acte criminel, les auteurs risquent des peines de prisons très lourdes » sanctionne Vincent Berton. La victime, un homme de 63 ans, a été transféré au centre hospitalier de Marigot. Son pronostic vital n’est plus engagé et il devrait bientôt être transféré aux États-Unis.
Au-delà de l’aspect « inhumain » de cet événement, le préfet s’inquiète des répercussions néfastes de cette insécurité sur les activités de Grand-Case, poumon économique de l’île. « Nous ne sommes pas la seule destination des Caraïbes. Si nous ne garantissons pas la sécurité des touristes accueillient à Saint-Martin, nous faisons courir à cette île un risque très grave pour son économie ». Face à ces constats, l’État indique apporter des solutions à court, moyen et long terme.
Piétonnisation du boulevard de Grand-Case
Dans l’immédiat, une réponse judiciaire. « Des enquêtes sont ouvertes et deux interpellations ont été menées. Autant du côté de la gendarmerie que du parquet, il y a une volonté d’apporter des réponses judiciaires rapides, fermes et de déférer ces auteurs au plus vite devant la justice » indique le préfet en précisant que tous les moyens nécessaires, notamment des renforts, seront mis en place.
Seconde réponse apportée, celle de la piétonnisation du boulevard de Grand-Case, chaque soir, de 20 heures à 3 heures du matin. Un arrêté est déjà en vigueur depuis le mardi 7 janvier. « Je souhaite qu’on pérennise ce dispositif. D’une part, parce que c’est dangereux en termes de sécurité routière, et d’autre, parce que c’est aussi la voie qu’empreintent les auteurs de ces actes ». Toujours à court terme, Vincent Berton demande la sécurisation de l’alimentation électrique du lieu, aujourd’hui à la portée de tous.
À des fins de prévention et de dissuasion, il est demandé aux socio-professionnels de Grand-Case de renforcer la sécurité privée de leur magasin et à la Collectivité, l’installation de la police territoriale, comme annoncé il y a plus d’un an. En complément, l’État demande également « urgemment » la remise en service de la vidéosurveillance, hors service depuis Irma. Dernier point sur le court terme, les actions de saisines de scooters. « Sans stigmatiser, il faut prendre en compte que la quasi-totalité des faits est commis par des deux-roues. Nous allons procéder à des saisines et des destructions, dans un cadre procédural, quand ceux-ci ont été interceptés à des auteurs de méfaits » affirme le préfet.
Poser un constat de violence chez les jeunes
À moyen terme, Vincent Breton souhaite mettre en place des actions de médiations. « Ce travail est important pour rappeler à chacun ses responsabilités, rappeler le travail de la gendarmerie et des risques que l’on prend en commettant ce type d’actions. La Collectivité a créé un conseil des droits et des devoirs des familles afin de rappeler aux parents leur responsabilité morale et juridique envers leurs enfants » développe le préfet. À moyen terme toujours, il énonce deux autres instruments nécessaires pour avancer : le centre de supervision urbain, également hors service depuis Irma et la fourrière, afin d’accueillir les véhicules saisis.
Enfin sur le long terme, des actions de préventions vis-à-vis des jeunes Saint-Martinois seront mises en place. « 2400 jeunes de moins de 25 ans, ni en emploi, ni en formation. Il faut impérativement que nous puissions réinsérer ces jeunes avec des actions adaptées comme le projet Mangrove, le Living Museum ou Les compagnons bâtisseurs. Il faut aussi se concentrer sur la réussite éducative, dès le collège, ce qui passe par la lutte contre l’absentéisme et un accompagement renforcé. Il faut poser un constat de violence chez les jeunes à Saint-Martin et à partir de ce constat, développer des pistes d’actions ». Des assises sur le sujet prendront d’ailleurs place sur le territoire début 2025.