Les victimes de violences peuvent déposer plainte à la Maison des femmes
« C’est une innovation à Saint-Martin. On est très content que cela puisse se faire ici dans la première Maison des femmes des Antilles » se réjouit Sibel Aydin, directrice adjointe de l'association France Victimes. Deux mois après son ouverture, début septembre, la Maison des femmes officialise son partenariat avec la gendarmerie. Désormais, il sera possible pour les femmes souffrant de violences conjugales et intrafamiliales de venir porter plainte directement dans ce lieu situé à Marigot. La permanence est assurée par deux gendarmes, le mercredi matin, de 9h à 12h. « Notre présence dans cette maison est une évidence » déclare le lieutenant-colonel Hugues Loyez. « L’intérêt de cette signature est de sacraliser le fait qu’une fois par semaine, les femmes qui en ressentent le besoin puissent venir pour être écoutées, entendues, conseillées et surtout, qu’elles puissent déposer plainte dans ce lieu au calme, ailleurs que dans une brigade de gendarmerie classique, avec des gendarmes sensibilisés et spécialisés sur la prise de plainte de ce type de problématique ».
« À Saint-Martin, on est confronté de manière trop importante aux violences conjugales et intrafamiliales. Il n’y a pas un jour qui se passe sans qu’on enregistre la plainte d’une femme victime de violence. Notre but est qu’elles puissent toutes porter plainte pour que la gendarmerie puisse confondre les auteurs et les présenter à la justice afin que cela ne se reproduise plus ». À la Maison des femmes, ce sont 10 à 15 femmes victimes qui franchissent quotidiennement les portes de l’établissement où elles reçoivent un accompagnement sur-mesure et pluridisciplinaire (social, psychologique, juridique, médical, paramédical). Ce dispositif intervient donc en complémentarité du suivi proposé, loin de l’angoisse ou des mauvaises expériences que peut entraîner la démarche. Une proximité qui permet aussi de libérer ou compléter davantage la parole. « Si certaines femmes peuvent appeler en urgence pour porter plainte, pour d’autres, un travail de longue haleine est nécessaire pour réaliser qu’elles sont victimes. Avec une permanence ici, dans ce lieu sécurisé que les femmes connaissent déjà, elles auront moins de crainte à venir » explique Viviana, psychologue de l’établissement.
Autre avantage de ce dispositif : la confidentialité. « Croiser la personne mise en cause est aussi une vraie crainte sur ce petit territoire. Elles ont peur ou honte de voir le frère du mari, le copain ou le voisin à la gendarmerie… » explique Olivier Fatou, directeur de France victimes. « C’est aussi le travail que l’on fait ici au niveau psy : placer la honte au bon endroit » complète la psychologue.
En plus de ce dispositif, des réunions pour faire le point sur les dossiers en cours ont lieu tous les lundis. Ainsi, avec la circulation des informations, tous les acteurs concernés peuvent offrir une meilleure prise en charge aux femmes et des enfants victimes.
En cas d’urgence, le centre possède aussi des logements sur lesquels les gendarmes peuvent s’appuyer. Le personnel de la Maison des femmes se rend également tous les trois mois dans les brigades pour expliquer aux nouveaux gendarmes sur le territoire le fonctionnement du centre et les sensibiliser à la prise en charge des victimes. « La maison des femmes est le symbole que les choses fonctionnent bien quand toutes nos énergies sont mises en commun » se félicite le lieutenant. Néanmoins, celui-ci tient à rappeler : « la permanence ne se substitue pas au travail des brigadiers. En dehors de celle-ci, il est possible de franchir la porte de n’importe quelle gendarmerie. En cas d’urgence, il y a toujours le 17. »