22.06.2017

Erreurs et raccourcis dans un article sur Saint-Martin paru dans la presse nationale

Un nouvel exemple du traitement sensationnaliste des problématiques de l'île par la presse nationale.

Le magazine Capital publiait ce jeudi 22 juin un article sur Saint-Martin intitulé « Île de Saint-Martin : le business côté néerlandais, la déglingue côté français ». Une nouvelle fois, la presse nationale s’intéresse à Saint-Martin. Cet article, qui compare le fonctionnement de l’économie côté français et côté hollandais, est un nouvel exemple du traitement sensationnaliste des problématiques de l’île.

La première phrase sonne d’emblée comme une fausse note : « Oyster-Pond : dans cette baie de carte postale, les yachts se mirent dans l’eau turquoise face à de magnifiques villas nichées au cœur d’une végétation luxuriante ». Un incipit, certes positif, qui fait la part belle aux clichés. Oyster Pond est surtout fréquenté par les plaisanciers et les sociétés de charters. Cette description faussée constitue toutefois une belle entrée en matière, puisque la journaliste Philippine Robert enchaîne ensuite sur le dernier sujet de discorde entre les deux parties de l’île : le tracé de la frontière.

Outre cette maladresse, nous avons relevé plusieurs raccourcis, approximations et fausses informations, qu’il convient de corriger et dont voici quelques exemples :

  • « Le PIB par habitant (de Saint-Martin) y est presque deux fois inférieur à celui de l’autre partie (14 700 contre 26 021 euros) » peut-on lire au début du troisième paragraphe qui cherche à démontrer que la partie hollandaise attire les investisseurs et les touristes. Or, selon les chiffres de l’IEDOM, le PIB s’élève en effet à 14 700 euros à Saint-Martin mais à seulement 16 000 euros à Sint Maarten.
  • « Chaque année on y recense 220 vols à main armée pour 1000 habitants ». Il est vrai que le taux de délinquance demeure très élevé à Saint-Martin comparé aux autres territoires français. Le taux de vols avec armes est de 3,5 pour 1000 habitants à Saint-Martin contre 0,2 au niveau national et 0,8 en outre-mer selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. En Guyane, il est de 2,7 et en Guadeloupe de 1,8. Il s’agit du plus fort taux. Le procureur de Basse-Terre précisait en juillet dernier qu’il y avait eu 120 VAMA en 2015.
  • « Sur le territoire néerlandais, 2,4 millions de touristes débarquent chaque année pour dépenser leurs dollars […] Saint-Martin attire 24 fois moins de voyageurs ! » Certes les chiffres sont justes (sur les 2,4 millions de touristes qui arrivent à Sint Maarten, 1,9 millions sont des croisiéristes) toutefois on ne peut comparer l'incomparable.  Saint-Martin ne possède pas d’aéroport international, seulement un aérodrome. L'aéroport de Juliana (Sint Maarten) est l'unique porte d'entrée aérienne de l'île pour les touristes internationaux (l'aéroport de Grand Case n'accueille que les vols régionaux). Mais les touristes qui arrivent à Julianna  se rendent également sur la partie française. On ne peut donc se limiter à comparer les chiffres de fréquentation des deux aéroports pour estimer le nombre de touristes de chaque partie de l'île.
  • « chez les Néerlandais, la monnaie officielle est le dollar ». Le dollar est la devise la plus courante sur la partie hollandaise de l’île et est acceptée côté français, toutefois la monnaie officielle est le Florin des Antilles néerlandaises (NAF) à Sint Maarten et l’euro à Saint-Martin.

 

Fanny Fontan
5 commentaires

Commentaires

NON!
"Saint-Martin ne possède pas d’aéroport international, seulement un aérodrome"
Non! St Martin possède bien un aéroport... régional! et accessoirement un aérodrome... Un aérodrome est un "terrain d'aviation" ou "airfield" en Anglais. Généralement en herbe et pour des avions de loisirs...
Je pense que TOUT journaliste devrait prendre plus de temps pour écrire ses articles et mieux se renseigner avant de les publier.

En réponse à votre message, lorsque vous consultez des documents officiels (BEA, préfecture), le terme aérodrome est utilisé.

Vous avez un sens des priorités assez curieux.

Vous êtes celui qui râle aussi parce qu'un rapport de fait divers utilise le terme révolver plutôt que pistolet, non ?

De nos jours, l'indignation fait vendre, qu'elle soit justifiée ou non ;)

’Il faut rendre à César ce qui appartient à César !’ Merci pour cet article.