"Outta Control", le nouveau tube dancehall de Saint-Martin

Cheveux bouclés coiffés d’une casquette, barbe minutieusement dessinée et démarche chaloupée, Benny Bellahsen incarne la cool attitude. Bien que né à Paris, c’est un enfant du pays, et en journée comme en soirée, il a beaucoup d’amis à saluer. Sa bonhomie transparaît même lorsqu’au volant de son pick up, il sillonne les routes de Saint-Martin pour « s’occuper des problèmes de cafards chez les gens ». Il a sa propre entreprise de 3D (Désinfection, Désinsectisation, Dératisation). Un boulot alimentaire qu’il a choisi par pragmatisme sur une île où l’emploi est généralement saisonnier : « je peux le pratiquer toute l’année ».

Depuis l’école primaire où ses copains et lui tapaient sur les tables pour faire une instru puis improvisaient dessus, il consacre tout son temps libre à la musique. Benny a.k.a Yogsta est avant tout chanteur de dancehall. Après le récent Summertime sorti à l’été 2016, il revient avec Outta control, featuring Vacaino : un titre entraînant purement dancehall qui parle « du pouvoir qu’ont les femmes sur les hommes » et invite à la danse. En ligne depuis le 14 février, le clip réalisé par l’équipe de G-Island, connue en Guadeloupe, avait totalisé près de 4000 vues sur YouTube en 48h. 

Plus qu’une passion, le « son » est chez lui une véritable obsession. « Lorsque je sortais de l’école j’écrivais des chansons tout l’aprem » se souvient-il. Opiniâtre, il a toujours eu envie de progresser afin d’arriver à maîtriser sa voix, aujourd’hui plus puissante et plus grave. «Même si tu crois que c’est bon tu sais que ce n’est pas encore tout à fait ça » se remémore-t-il humblement. S’il s’est toujours considéré comme un artiste solo, il a participé à différents projets collectifs depuis le collège.

Ses amis et lui ont d’abord enregistré dans des home studios d’Agrément à Cul de Sac, jusqu’à leur rencontre avec Loïc, DJ Getop, qui venait de terminer ses études d’ingénieur du son : «c’était la première fois qu’on avait accès à un studio de cette qualité. Ça nous a donné envie de pousser plus loin». Lorsqu’il voit ses amis monter sur scène pour un concert à la salle omnisport et interpréter les titres qu’il les a vus travailler à la maison, c’est le déclic. Lui qui n’avait pas encore eu le courage de le faire, réalise qu’il est possible de « toucher les gens » et se dit : « c’est ça que je veux faire ». Il fera sa première scène un mois plus tard à Agrément.

« A ce moment là, je n’avais pas du tout prévu de carrière professionnelle, c’était juste pour le plaisir et je ne me sentais pas encore prêt ». Il part poursuivre des études d’anglais et de communication à Paris et enregistre entre autres projets underground pour le label Stone House de Pierre Charville alias Hypnoz. A son retour sur l’île, il a déjà bien progressé. Ses amis d’enfance, les frères Eyedol et Speyenol devenus respectivement DJ et ingénieur du son, aussi. Ensemble, ils montent le label Awesome Sound Records et il enregistre désormais tous ses titres dans leur studio. « Depuis deux ans, je commence à vraiment avoir envie de percer » confie-t-il. 

Mais vivre de son art à Saint-Martin est quasi impossible. Il doit financer chacun de ses projets, de l’achat de l’instru à la réalisation du clip en passant par l’enregistrement. « Cela coûte très cher sinon on serait plus productifs » avance-t-il. « Il faut que les gens se mettent dans la tête qu’à Saint-Martin il y a des artistes à part entière, comme partout. Il faut qu’ils écoutent, qu’ils s’abonnent aux pages (Facebook, Youtube, Sound Cloud…) ». Il travaille actuellement sur son album solo, parallèlement à d’autres projets collectifs. « Nous avons beaucoup plus de projets en 2017, il faut que tout le monde se connecte parce qu’il va y avoir du lourd » promet-il.