02.11.2016

La frontière à Oyster Pond, responsable d’un nouveau conflit

Le Premier ministre de Sint Maarten reproche à la préfète de Saint-Martin d’avoir abusé de son autorité lors d’un contrôle à Oyster Pond alors que celui-ci aurait eu lieu en partie hollandaise.

Depuis des décennies, la partie française et la partie hollandaise se disputent la frontière à Oyster Pond. Elle n’est pas officiellement délimitée, du moins validée par les deux parties, ce qui est à l’origine de nombreux troubles diplomatiques. Le dernier date de la semaine dernière.
Mercredi 26 octobre, les autorités françaises se rendent à Oyster Pond pour aller contrôler un chantier sur l’eau. Un ponton serait en train d’être érigé sans autorisation. Il s’agit alors de vérifier sa légalité ainsi que celles des ouvriers. Après examen, le chantier est illégal et certains ouvriers sont non déclarés. 
Seulement, ces contrôles ont eu lieu sur un ponton, c’est-à-dire au-dessus de l’eau. Or, selon les Hollandais, la mer appartient à Sint Maarten et la terre à Saint-Martin, la frontière passant au niveau du littoral. Ils en concluent que les autorités françaises ont procédé à un contrôle sur leur territoire. Le Premier Ministre, William Marlin, qui est en déplacement à Miami, est avisé. On frôle l’incident diplomatique.
Nous avions alors contacté la préfecture qui nous avait confirmé les faits (contrôle d’un chantier non autorisé et découverte de personnes non déclarées) mais était restée discrète sur les conséquences.
Une semaine plus tard, William Marlin a décidé de réagir. Il s’est exprimé via les médias mardi 1er novembre, comme le rapporte nos confrères néerlandais dans leur édition de ce jour. Le Premier ministre fait part de sa demande formulée par courrier à la préfète Anne Laubies, de «supprimer les barricades installées à Oyster Pond». En cas de non exécution, Sint Maarten se réserve le droit de les faire enlever elle-même.
«En tant que Premier ministre de Sint Maarten, je condamne fermement les actions des autorités françaises et considère ces actes de la République française comme des actes agressifs et illégaux sapant l’autorité de Sint Maarten et violant ses droits», a indiqué le Premier Ministre à la préfète.

Il semblerait que William Marlin ait quelque peu exagéré en employant le terme «barricades». Il ne s’agit pas de barrières en tant que telles mais d’un ruban «caution» visant à délimiter le chantier et à protéger le public ; ruban qui a été arraché.
À Oyster Pond, les enjeux sont financiers et importants. Délimiter la frontière revient à préciser où se trouve le Captain’ Oliver. Autrement dit de dire à qui le fameux complexe doit payer ses taxes et impôts. Aujourd’hui, il les verse à Sint Maarten.
Il est intéressant de noter que selon les cartes, la frontière ne passe pas au même endroit. Si l’on regarde les cartes touristiques, elle longe le littoral. Si l’on regarde le site IGN (Institut national géographique), elle passe au milieu de la baie et une partie de la mer appartient à la France.
Et si l’on se réfère à la convention de Montégo Bay du 10 décembre 1982, précisément à son article qui stipule la détermination de la mer territoriale entre États dont les côtes sont adjacentes ou se font face – ce qui est le cas à Oyster Pond, «ni l'un ni l'autre de ces Etats n'est en droit, sauf accord contraire entre eux, d'étendre sa mer territoriale au-delà de la ligne médiane dont tous les points sont équidistants des points les plus proches des lignes de base à partir desquelles est mesurée la largeur de la mer territoriale de chacun des deux Etats».
À dix jours de la célébration du Sint Maarten day, le 11 novembre prochain, l’ambiance s’annonce tendue. 
Estelle Gasnet
2 commentaires

Commentaires

et oui, on a des problèmes!! quand je pense qu'il y en a qui croient qu'on s'amuse!!
ah la la j'espère que ca ne va pas se terminer en conflit armé.
Faut vraiment être des politiciens pour avoir des soucis pareils...allez souhaitons nous en avance une "bonne st martin"

Vive Napoléon ! Que les Pays-Bas soient à nouveau annexés ! MdR
On ne sait pas quoi faire ensemble à Saint-Martin, donc on se chamaille ? Un peu puéril tout de même, non ?