04.01.2017

Ressusciter le centre de Marigot

Le Stone House Café mélange tradition et modernité, en déco comme en cuisine. Un lieu atypique et culturel qui devrait réveiller le centre de Marigot.

Située à l’extrémité du centre de Marigot, la rue de la République charme le visiteur par sa proximité avec le front de mer et la présence harmonieuse de nombreuses cases rénovées. L’angle de la ruelle qui monte vers l’église catholique a récemment retrouvé une seconde jeunesse : le Stone House Café y a ouvert ses portes en juin 2016. Le « Cultural Lounge Café » apparaît bien décidé à redynamiser le quartier, en conciliant charme d’antan et modernité.

UN LIEU CHARGÉ D'HISTOIRE

La façade traditionnelle ravivée par des volets anis et violet annonce d’emblée la couleur : le bâtiment vient d’être ressuscité. Les écriteaux peints à la bombe à même le crépi ne font que le confirmer. A l’intérieur, de vieilles photos ornent les murs. Elles côtoient les paroles du refrain de l’hymne de Saint-Martin qu’un graffiti vient immortaliser sur la carte de l’île. Que l’on soit tables hautes et chaises en bois ou que l’on préfère les ambiances lounge et sofas, le Stone House Café joue sur les contrastes qui font le visage de Saint-Martin.

Un principe appliqué jusqu’aux fourneaux, puisque le chef Esteban Foini n’hésite pas à utiliser le mot « fusion » pour décrire sa cuisine qui mélange saveurs locales, régionales et internationales. Café, bar, restaurant, traiteur ou sandwicherie…le Stone House est décidément difficile à classer.

Soutenu par Initiative Saint Martin Active, Pierre Charville a réhabilité l’établissement familial conçu dans les années 40. Fermé depuis quinze ans, il avait d’abord abrité l’épicerie de sa grand-mère dans les années 50, avant que sa tante le transforme en un lieu atypique dans les années 90 : mi snack, mi magasin de Cd’s.

LA MUSIQUE DANS LA PEAU

A 31 ans, ce descendant d’une des grandes familles saint-martinoises est revenu sur son île natale après avoir passé plusieurs années en métropole. D’abord étudiant en prépa maths et physique à Toulouse puis dans une école d’ingénieur du son parisienne, il devient producteur de musique et crée le label zouk Craigstorm. La musique, beaucoup se rappellent qu’il l’a découverte à l’église où il jouait du piano. Elle ne l’a jamais quitté puisque le Stone House Café se veut complémentaire de son autre label : Stone House Records.

Pour lui, elle ne se résume pas à un genre. « Aujourd’hui je suis ouvert j’ai envie d’écouter du jazz, demain si je suis frustré j’irai plutôt vers le hip hop… Ecouter toujours la même musique c’est boring. » C’est pourquoi la playlist du lieu est éclectique : lundi c’est jazz, mardi reggae, mercredi zouk, jeudi électro rock 70’s 80’s vendredi R’n’b et Rap, samedi soca caribéenne.  

RÉVÉILLER MARIGOT

Outre rénover un lieu familial aidé de quelques amis dont le graffeur Ahkim de Quartier d’Orléans, et s’inscrire dans la lignée de ses aïeux, Pierre Charville a l’ambition de redynamiser Marigot. C’est pourquoi il compte y développer une branche événementielle. « Les vendredis et samedis afterwork, la musique est au centre de l’attraction même si pour l’instant la fréquentation est plus faible qu’en journée. » Le but est d’attirer les gens qui sortent des autres restaurants le week-end et font un tour dans le centre à la recherche d’un endroit où continuer la soirée.

Le défi n’est pas des moindres à relever, d’autant plus en ouvrant en basse saison. « Ce projet farfelu dans Marigot, personne n’y croyait » se souvient Pierre Charville qui misait sur un endroit climatisé dans Marigot, avec le wifi gratuit, et pouvant accueillir des réunions de business. Avant le début de la haute saison il semblait en tout cas déjà avoir obtenu l’adhésion de la population locale qui constituait alors la grande majorité de sa clientèle (employés de banques, télécoms et pharmacies autour notamment). « C’est une agréable surprise que les locaux soient déjà un peu accros » confie-t-il. Il n’y a plus qu’à espérer que les touristes qui commencent à affluer depuis quelques semaines partagent cet engouement. Histoire de pouvoir aussi rénover le patio situé derrière la salle…

Fanny Fontan