27.12.2016

« Je me suis battue pour devenir ce que je suis »

SHERNEL XAVIER-LAKE PRÉPARE SON PREMIER ALBUM ENTRE SOUL, REGGAE ET R’N’B. ELLE CHANTE PAR PASSION, MAIS ÉGALEMENT POUR TRANSMETTRE UN MESSAGE. CELUI DE NE JAMAIS RIEN LÂCHER.

Un lundi d’été, alors que Grand-Case semble encore endormi, nous rejoignons Shernel Xavier-Lake devant les lolos qui se préparent tranquillement à démarrer leur journée. A 31 ans, la jeune mariée a quitté Sandy Ground pour habiter avec sa moitié dans la capitale gastronomique de l’île. Son sourire généreux et son regard espiègle contrastent avec une légère timidité. « Quand j’étais plus jeune, personne ne savait que je pouvais chanter parce que j’étais très timide » confie-t-elle.  Même si elle grandit au sein d’une famille de musiciens c’est à l’église Christ Ambassadors qu’elle commence vraiment à chanter : « tout a commencé par le gospel ». C’est d’ailleurs ce que lui a rappelé le prêtre qui l’a vue grandir, lors d’une visite à Saint-Martin. Une anecdote que lui répète souvent sa mère : « à l’église, quand c’est pour la musique tu chantes et tu danses, mais dès que le pasteur se met à prêcher, tu dors »

Premiers pas sur scène

Un jour, alors qu’elle est âgée de 15 ans et scolarisée au lycée polyvalent, son ami Mario qui connaît son talent caché, l’encourage à s’inscrire au défi lycéen de Guadeloupe. Sa grande sœur renchérit et finit par la convaincre avec une phrase qu’elle n’oubliera jamais : « j’ai loupé trop de choses dans ma vie, je ne veux pas que ça t’arrive ». Le passage à l’an 2000 marque ainsi l’année où elle commence à chanter en public et où elle parvient, du moins sur scène, à dompter sa timidité. Un an plus tard elle écrit ses premières chansons. Depuis, elle n’a jamais cessé de composer, épaulée par son frère Alain qui l’aide au piano à étoffer lignes de chant et accompagnements. « j’écris par rapport à mes expériences personnelles et celles de mon entourage » explique-t-elle.

La force des mots

Elle a déjà sorti un EP avec 3 titres : « Don’t give up » / « Writing on the Wall »/ « I belong to you » distribué lors de son premier concert le 12 décembre 2015 au Bel Air Com Center. Enregistré au studio ZAMA music de St Maarten, cet EP pressé en 300 exemplaires devait également l’aider à financer son album qui sortira en 2017 et dont elle ignore encore le titre. 

Elle ne souhaite pas être classée mais son style oscille entre reggae, soul et r’n’b. « je ne reste pas dans un genre, ce sont les paroles qui sont importantesL’idée est que tout le monde aime au moins une chanson».

Les paroles lui semblent d’autant plus importantes qu’elles ont vocation à transmettre un message. Parfois, elles sont clairement personnalisées. Lorsque Shernel est appelée pour chanter dans les mariages ou les « graduations », elle compose sur mesure. « I do » le premier titre de son futur album est une chanson d’amour destinée à son époux Pierre Lake, qu’elle a interprétée lors de leur mariage.

La plupart de ses textes s’adressent aux « personnes blessées ou aux cœurs brisés », mais Shernel chante également les louanges de Dieu. Un héritage du gospel, mais pas seulement. Les genres qu’elle aborde (soul, reggae…) célèbrent traditionnellement le divin. 

« Don’t give up »

Shernel est avant tout une battante. Originaire de la Dominique, elle a douze ans lorsqu’elle arrive à Saint-Martin. « J’ai alors dû apprendre à parler français. Ce n’était pas facile mais je me suis battue pour devenir ce que je suis aujourd’hui ». Poussée par ses parents elle a persévéré dans les études. Après un BEP, un Bac Pro et un diplôme de langue en anglais, elle a récemment obtenu son diplôme de conseillère en insertion professionnelle et cherche désormais un travail avec lequel elle puisse aider les jeunes.

« Don’t give up » son titre phare, résolument reggae, fait écho à son parcours. « Je ne cherche pas à prouver quelque chose, simplement à passer un message. Notamment aux jeunes, mais pas seulement. Si tu rêves de quelque chose que tu souhaites faire, il ne faut pas abandonner ». 

Pour écouter la chanson cliquer ici : 

Fanny Fontan