14.04.2016

L'hôpital des machines-outils

Stephan Mangin trie et recycle les machines-outils afin de leur donner une seconde vie.

Lorsque Stephan Mangin est arrivé à Saint-Martin il y a 21 ans, «c’était paradisiaque». Mais année après année, le Bourguignon voit l’île «se transformer en déchetterie». En cause : le manque de civisme des habitants qui «jettent tout n’importe où quand ils croient que ce n’est pas réparable» dénonce-t-il tout en reconnaissant que la déchetterie de Galisbay «fait énormément d’efforts».

Artisan-plombier de profession, il peine à ses débuts sur l’île, à se faire une place dans la branche. Comme il a suivi une formation en outillage électroportatif chez Bosch, à Paris, il oriente vite son activité vers la réparation d’outils. Il crée SXM Matériaux, un atelier de réparation et de location de machines et outillages ainsi qu’un magasin de matériaux et accessoires pour le bâtiment. Depuis juillet 2015 son entreprise est installée chemin des Griselles, entre Cul-de-Sac et Grand Case.

Le gaspillage l’insupporte. En novembre 2015 il décide de se lancer dans le recyclage des machines-outils : «J’en avais marre de voir les gens laisser traîner tout ce matériel». Il ramasse donc ceux qu’il trouve et demande à ses clients de lui laisser ceux qui ne fonctionnent pas. «On commence par les démonter. Si on voit qu’on peut les réparer on le fait. Sinon, on garde les pièces détachées. On trie l’acier, le cuivre, le plastique ainsi que les huiles et graisses.» Parfois, ces pièces servent à réparer d’autres machines. Il récupère tout ce qu’il peut pour dépanner ses clients. «Il faut toujours garder en tête qu’une machine cassée peut faire le bonheur de quelqu’un d’autre. On est un peu l’hôpital des machines-outils.»

Dans son magasin, il expose pour le moment une dizaine de machines outils ainsi refaites. Et les vend à des prix défiant toute concurrence. N’étant pas fabricant, il ne peut pas fournir de garantie, mais assure : «si la personne revient, bien sûr on s’en occupe !». Sa clientèle est constituée à la fois de professionnels et de particuliers dont le point commun semble évident : la passion du bricolage.

Le recyclage n’est pour l’instant pas rentable d’un point de vue économique. «je ne le fais pas fait pour gagner de l’argent dans l’immédiat mais contre le gaspillage.» Parfois, aidé de son employé, il passe une ou deux heures à démonter une machine pour ne rien trouver de récupérable au final. «Mais au mois c’est trié». Le tri constitue justement une tâche à laquelle, selon lui, les gens devraient s’atteler « s’ils veulent que Saint-Martin change d’image ».

Fanny Fontan