01.01.2016

La République Dominicaine : le rêve des touristes, le cauchemar des hôteliers

La République dominicaine qui a enregistré un record de fréquentation en juillet, diffuse une large campagne de publicité sur les écrans TV en métropole.

«Tout ce dont vous rêvez» ou le cauchemar des professionnels du tourisme antillais. Ce slogan est celui de l'actuelle campagne publicitaire réalisée par la République dominicaine et diffusée sur les chaînes du groupe de France Télévisions depuis le 7 septembre. Cette campagne est composée d’un total de 218 spots de 20 secondes, et répartie sur deux vagues de diffusion ; la première ayant eu lieu en juin durant vingt jours. «Entre le 30 novembre et le 27 décembre, la destination sera mise à l’honneur sur France 2 dans le cadre d’un parrainage de la météo de 19h57. Des images de la République Dominicaine apparaîtront en pré et post générique, sous la forme d’un plan de 30 bandes annonces de 6 secondes dont 4 en prime», complète un communiqué de presse.
Une campagne qui devrait booster le tourisme dans ce pays qui a enregistré en juillet dernier un record de fréquentation (+ 10,1 % par rapport à juillet 2014, et + 6 % sur le premier semestre 2015). Et cela au détriment du tourisme dans les outre-mer français, notamment antillais, qui peine à se développer.
Mais il faut admettre que nos îles ne se battent pas avec les mêmes armes. Notamment au niveau financier. En effet, Saint-Martin ou encore la Guadeloupe ne pourrait se payer une telle campagne de promotion, seule, celle-ci a été financée par un pays et non pas par une province. Pour être à égalité, il faudrait que la France initie une telle campagne valorisant l'ensemble de nos îles.
Or, dans le contexte politique existant dans le bassin méditerranéen, il y avait peut-être une vraie carte à jouer. Les destinations telles que la Tunisie ou l'Egypte sont boudées par les Français en quête de soleil qui recherchent ainsi d'autres lieux de villégiature.
Mais au vu des précédentes crises similaires, le report ne se fait pas, ou très peu, sur Saint-Martin. Problème d'image. En effet, selon les professionnels, Saint-Martin est associée à Saint-Barthélemy et jouit d'une image d'île relativement haute gamme ; or les touristes allant en Egypte vont opter pour une destination plus familiale, plus populaire comme la Guadeloupe ou la République dominicaine.
Par ailleurs, Saint-Martin – tout comme les Antilles françaises – n'est absolument pas compétitive en termes de tarifs. Si l'on compare un séjour d'une semaine fin octobre dans un hôtel cinq étoiles du groupe RIU à Punta Cana et à Saint-Martin, le tarif varie énormément si l'on se réfère au site internet de la chaîne hôtelière (1 080 € à 2 900€*). A noter toutefois que l'écart est nettement moins important sur le site internet d'une agence de voyage d'une enseigne de distribution (1 470 €/1570 €).
L'une des causes à ce manque de compétitivité est le coût du travail et des normes imposées par l'Europe dans le secteur. Un sujet qui devrait être abordé le 30 septembre prochain lors du colloque organisé à Paris par la délégation sénatoriale à l'outre-mer en partenariat avec la Fedom, sur le tourisme en outre-mer. L'Europe contraint les hôteliers à respecter toute une série de règles en matière d'équipements, de sécurité, d'accessibilité, etc., des règles qui génèrent des surcoûts certains et dont l'intérêt peut être discuté. Il serait en effet intéressant de mesurer la valeur ajoutée ainsi créée et d'estimer les avantages concurrentiels réels d'un hôtel appliquant ces normes par un rapport à un hôtel hors zone européenne, comme un établissement en République dominicaine ou à l'île Maurice.
En tout état de cause, l'absence de ces normes n'empêchent pas les Français d'aller passer leurs vacances dans ces hôtels-ci, sans normes UE, pas même les hauts fonctionnaires de Bruxelles ou des Etats des pays membres.

Estelle Gasnet