06.12.2016

Jules Charville, son engagement pour la Collectivité avec Hope Party

Après avoir cofondé Hope Party, Jules Charville veut se présenter comme tête de liste aux élections territoriales de mars 2017.

Il n’a «jamais eu cette ambition», celle de «faire une carrière politique», celle de porter une liste aux élections territoriales. Jusqu’à peu. «Mais aujourd’hui, je n’ai pas le choix si je veux changer mon île», confie Jules Charville, leader de Hope Party, une association créée en août 2015 mais qui s’est révélée au public en mai dernier et dont la vocation est politique.

«Il est nécessaire d’apporter un changement profond», estime-t-il. «Depuis quatre ans et demi que je suis au conseil territorial*, je constate que rien n’est fait en considération avec la population. Elle est totalement ignorée», poursuit-il. Aussi s’est-il employé à aller à sa rencontre. «Notre ambition est d’être un parti à 100 % au service de la population», insiste-t-il. Durant plusieurs mois, Hope Party a tenu des réunions publiques dans plusieurs quartiers de la partie française pour «écouter» les citoyens dont les doléances permettront d’élaborer son programme. De ces meetings, il en est ressorti que le chômage des jeunes et la délinquance» sont les deux principales préoccupations des gens. «Selon les jeunes, il y a une vraie déconnexion entre les dirigeants et eux. Ils nous ont dit qu’ils avaient l’impression de ne pas exister», rapporte Jules Charville.

NÉGOCIER POUR DÉBLOQUER DES SITUATIONS

«Il y a eu la crise économique mondiale qui a impacté notre île mais aujourd’hui, des signes de croissance sont perçus partout dans le monde sauf ici. Nous avons l’impression qu’aucune mesure n’est prise pour inciter les investisseurs à venir. Les commerces ferment et on ne fait rien pour essayer de les garder ouverts», constate-t-il amèrement.

Comme mesure, Hope Party suggère de «négocier avec l’État une exonération de charges sociales durant trois à quatre ans». «Nous voyons que l’un des principaux blocages à l’embauche est le poids des charges sociales. Si on les réduit, cela pourrait créer des emplois, alors nous, nous voulons le demander directement à l’État», explique Jules Charville pour qui «la collectivité doit créer les conditions du développement économique». «Mais aujourd’hui, il y a un manque de vision politique. Il n’y a pas de volonté de faire revivre l’économie, de relancer la machine saint-martinoises», déplore-t-il. Et de citer comme exemple flagrant illustrant «ce manque» le projet de La Belle créole à la baie Nettlé. En se présentant aux élections territoriales, Jules Charville s’engage à contribuer au déblocage de ce dossier en «se rapprochant des investisseurs» et à faire avancer les négociations. Idem avec la famille propriétaire du site d’Happy bay convoité par de nombreux investisseurs.

Négocier, Jules Charville souhaite aussi le faire avec le conservatoire du littoral. «Sur le site du Galion, nous avions un hôtel cinq étoiles. Aujourd’hui, il est démoli. Je pense que nous devrions discuter avec le conservatoire du littoral pour voir dans quelle mesure il serait possible d’ouvrir un nouvel établissement intégré à l’environnement, du type écolodge», ajoute-t-il.

Négocier encore, Jules Charville estime qu’il importe de le faire avec des propriétaires terriens afin de construire des routes. «Nous avons un schéma routier depuis 2007 et rien n’est fait. Les conditions de circulation automobile sont désastreuses. Nous devons construire de nouvelles routes, nous n’avons pas le choix. Cela va prendre du temps, cela ne va pas être facile car il va falloir acquérir du foncier mais il faut commencer. Il faut entamer ces négociations», admet celui dont l’ambition est de «faire en sorte que la vie des Saint-Martinois soit plus agréable».

RÉDUIRE LA PAUVRETÉ

Hope Party ne tolère pas qu’à Sandy Ground ou à Quartier d’Orléans, «il puisse exister un tel niveau de pauvreté alors que nous sommes au XXIè siècle et une région de l’Europe». «C’est inacceptable», juge Jules Charville. «Il y a des familles qui sont dans le besoin, or il existe un manque d’attention à certaines situations. La COM ne sait pas suffisamment ce qui se passe dans ces quartiers. Les agents ne sont pas assez nombreux pour aller sur le terrain et rapporter les besoins. Il faut améliorer ces situations», affirme-t-il.

Au niveau social, l’une des mesures qu’Hope Party veut également adopter, est la suppression du prélèvement forfaitaire de 30 % sur le RSA (revenu de solidarité active). «C’est injuste de taxer la pauvreté», commente Jules Charville, conscient toutefois du gouffre financier généré par cette allocation localement. «C’est un dispositif national, l’État doit mieux le prendre en charge. Il faut négocier avec lui», estime-t-il.

PRÉSENTATION DES MESURES EN FÉVRIER

Toutes ses mesures dans le domaine social et autres, Hope Party les présentera à la population en février 2017. Aujourd’hui, Jules Charville s’emploie à constituer sa liste. Ne seront pas forcément dessus ceux ou celles qui ont cofondé le parti. Outre des personnes partageant ses ambitions et ses valeurs, il veut surtout des hommes et des femmes «engagés et qui seront impliqués à 100 %». «On ne peut cumuler une activité professionnelle et être élu, et encore moins vice-président de la collectivité», considère Jules Charville qui désire s’entourer de personnes capables de lâcher leur métier le temps d’un mandat et d’être animées par «l’envie de travailler dans le seul intérêt général». Autrement dit, il ne veut pas d’opportunistes ou de personnes à l’égo surdimensionné. «Ce qui n’est pas facile à trouver…»

De plus, Jules Charville entend miser sur de «nouveaux visages». Il pense qu’aujourd’hui le changement doit venir des idées politiques mais aussi et surtout des personnes. Ne cautionnant ainsi pas forcément les mêmes candidatures à répétition depuis des années. Il confie alors que s’il ne parvient pas à trouver vingt-six personnes (le nombre de personnes requis pour constituer une liste, ndlr) correspondant à ses critères, il ne présentera pas de liste aux élections territoriales de mars 2017.

Toutefois, Hope party ne s’arrêtera pas de travailler. «Nous continuerons et soutiendrons un candidat aux élections législatives et sénatoriales», déclare Jules Charville en précisant que ce ne sera pas lui.

 

* Jules Charville avait été élu en mars 2012 sur la liste Team Daniel Gibbs. «Il était venu me voir et m’avait dit qu’il me voulait comme numéro trois sur sa liste. J’ai accepté à certaines conditions mais celles-ci n’ont pas été respectées, donc je suis rapidement parti», explique-t-il.

Estelle Gasnet