07.04.2016

Alain Juppé se livre sur ses ambitions pour l'outre-mer et Saint-Martin

INTERVIEW. LE CANDIDAT à la primaire de la Droite et du Centre pour l’élection présidentielle de 2017, a accepté de répondre à nos questions.

Pourquoi avez-vous souhaité venir à Saint-Martin dans le cadre la campagne des primaires  ?

Saint-Martin, c’est la France, et je veux aller à la rencontre de tous les Français afin de me rendre compte par moi-même de ce que sont leurs vies, leurs problématiques, leurs espoirs, leurs atouts. C’est en dialoguant avec tous, avec les acteurs de terrain, avec les élus locaux dont je fais moi-même partie, que je veux construire mon projet pour la France. Les Outre-mer seront au cœur de ce projet et je m’y investis personnellement. J’y suis profondément et historiquement attaché, convaincu du lien profond et indéfectible qui nous unit. Je me suis déjà rendu à Mayotte et à la Réunion en novembre dernier. J’étais en Guyane il y a quelques jours, puis à la Martinique et en Guadeloupe ; je serai demain à Saint-Martin et samedi à Saint-Barthélemy. J’irai également dans le Pacifique dans les prochains mois. C’est ainsi, grâce à toutes ces rencontres, que je souhaite bâtir mon programme et redéfinir notre vision commune, pour la France des océans, pour toute la France de demain.

Quel sera votre programme demain ?

Je rencontrerai les exécutifs territoriaux et les élus, qui sont en contact permanent avec leurs administrés et donc un relais direct de leurs préoccupations. J’irai également à la rencontre des socio-professionnels et de toutes celles et ceux qui souhaiteront témoigner de leur quotidien et de leur conception de la France. J’attache aussi une importance particulière à la parole des jeunes, qui partout en France sont porteurs de dynamisme et d’innovation.

Dans votre programme politique, vous concevez la nécessité de « construire avec chacun des outre-mer une relation nouvelle en ne traitant plus de manière identique des situations qui ne le sont pas mais en recherchant le juste équilibre résultant d’une prise en compte de la différence locale dans l’ensemble républicain ». Concrètement, de quelle manière cela peut-il se mettre en place ?

Je veux construire mon programme avec celles et ceux qui vivent leur territoire au quotidien, c’est-à-dire en contact avec les réalités du terrain. Je suis respectueux des différences, géographiques, historiques, culturelles voire identitaires. La modernité, l’avenir, sont ceux d’une France forte de sa diversité et d’une prise en compte plus assumée de ses différences. La compétitivité des entreprises en outre-mer est très faible ; l’une des principales raisons est un coût du travail très élevé comparé à celui des îles voisines où le salaire minimum est souvent divisé par deux.

Quel type de mesures pourrait-être mis pour réduire ce handicap ?

Deux séries de mesures me paraissent répondre à votre interrogation. Il y a tout d’abord celles, bien connues, qui visent à diminuer les charges qui pèsent sur les entreprises : les exonérations de charges sociales qui réduisent le coût de travail et les aides budgétaires et fiscales qui accompagnent leurs investissements. Il faut évidemment maintenir ces dispositifs et les adapter aux stratégies de développement de chaque collectivité. Il y a aussi je crois, un travail à entreprendre sur les normes de toute nature, imposées aux entreprises. Souvent définies depuis Paris ou Bruxelles, elles ne sont pas toujours adaptées au contexte local et à l’environnement régional de nos outre-mer. Elles sont autant de contraintes inutiles qui affectent la compétitivité des entreprises. Il faut desserrer ces contraintes et libérer les énergies pour que s’exprime le grand potentiel de développement dans nos économies ultramarines.

 

Nota bene : l'interview a été sollicitée et réalisée avant l'annonce des venues de Brice Hortefeux et François Fillon.

 

Vendredi à 19 heures à la CCISM, Alain Jupé tiendra une réunion publique durant laquelle il présentera ses projets pour la « France de demain », et répondra aux questions du public. Samedi matin, il  rencontrera les socio-professionnels avant de se rendre à Saint-Barthélemy.

 

Estelle Gasnet