17.11.2016

Nouvelle expulsion de SDF à Marigot

Les gendarmes sont intervenus la semaine dernière pour évacuer une quinzaine de personnes à proximité de la Croix Rouge et de l’EEASM. Ce qui soulève de nouveau la question de l’hébergement des SDF en partie française.

Depuis plusieurs semaines, une quinzaine d’hommes avaient l’habitude de squatter à proximité de l’Etablissement des eaux et de l’assainissement (EEASM), de la Croix rouge et du Manteau à Marigot. Ils avaient installé des matelas et autres affaires diverses sous le porche rendant ainsi l’accès aux structures délicat. Les agents de l’EEASM ont menacé leur direction de faire valoir leur droit de retrait. La sécurité du site était remise en question.

La situation a alors été dénoncée auprès du parquet de Saint-Martin qui a ordonné un contrôle d’identité des personnes par les gendarmes. L’opération s’est déroulée la semaine dernière et s’est soldée par l’évacuation des personnes. Mais, sans grande surprise, certaines sont rapidement revenues. Et pour cause, elles ne savent pas où aller.

Cette opération pose une nouvelle fois la question de l’hébergement des personnes sans domicile fixe à Saint-Martin. Régulièrement, les gendarmes interviennent au niveau du parking de la marina Royale, endroit réputé pour être squatté par des SDF surnommés les «crackés». Ces derniers sont expulsés du lieu mais y reviennent toujours quelques jours plus tard. L’intervention des forces de l’ordre (à considérer qu’il s’agisse déjà de leur mission) sera inefficace tant que le problème de fond ne sera pas réglé : celui de l’absence d’hébergement des hommes et la mise en place d’une prise en charge en vue d’une réinsertion dans la société.

Le Manteau –centre d’hébergement et d’insertion sociale (CHRS) spécialisé- n’accueille en effet que les femmes et les enfants. Jusqu’en 2014, le Cahu/Manteau hébergeait aussi les hommes mais les locaux n’étant pas aux normes, l’association a dû réaménager ses espaces. Aujourd’hui, elle ne dispose que d’un seul dortoir de douze places qui ne peut être partagé par des personnes de sexe opposé selon la loi. La priorité a donc été d’accueillir les personnes les plus vulnérables, soit les femmes et les enfants. Les hommes se retrouvent donc à la rue la nuit. La préfecture a demandé à l’association du Manteau de réfléchir à un projet. Mais sa concrétisation nécessitera plusieurs années.

Saint-Martin est l’une des rares collectivités de France à ne pas disposer d’un centre d’hébergement de nuit tout public. Or les besoins sont réels. Ils sont estimés à un minimum de vingt-cinq personnes sans domicile fixe. Sans compter celles qui sont hébergées dans des conditions très précaires par les marchands de sommeil.

Parmi les personnes expulsées la semaine dernière, l’une se trouvait justement dans cette situation. En effet, un homme logeait dans une pièce donnant sur le fameux porche et a affirmé aux autorités qu’il payait un loyer. Or, la pièce était dans un piteux état, sans eau ni électricité. Une enquête a été ouverte afin d’identifier la personne qui encaissait le loyer en contre partie d’un hébergement indigne. À noter que le locataire a été transféré en Guadeloupe où il a été incarcéré. Il avait été condamné en 2011 à la Réunion pour détention de stupéfiants à une peine de huit mois de prison.

Enfin, l’incident de la semaine dernière soulève une seconde question, celle de la sécurisation des bâtiments mis à disposition gratuitement par la Collectivité. Le Manteau a engagé un vigil afin d’assurer la sécurité des lieux après 22 heures. Mais cela ne semble pas suffire.

Estelle Gasnet
5 commentaires

Commentaires

La majorité sont des metros donc un billet retour pour la france. C'est simple!

Les commerçant de la Marina Royale devrait se mobiliser car le parking est souvent pris pour cible par ces "craqués qui rançonnent les automobilistes qui récupèrent leurs voitures et qui du coup ne reviennent pas à la Marina Royale pour éviter ces agressions verbales, quand ils ne s'en prennent pas directement aux voitures la deuxième fois ?

Donc, supprimons le parking des craqués et invitons le propriétaire à y construire un Quick.

la face cachée de st martin!!un office du tourisme qui nous rabâche sans cesse "tourisme de luxe" et depuis de longues années on est incapable de traiter ce problème qui est exposé sous les yeux des touristes arrivant a Marigot!!rackets des usagers du parking de la marina, violence etc...impossible d'aller dîner le soir sur la marina

L'argument est honorable, Mme Gasnet, mais, j'ai du mal à avoir une oreille attentive, tant de personnes qui travaillent qui ont déjà du mal à trouver un logement. A l'image de l'élection américaine, il serait peut être temps de se rappeler que la majorité silencieuse qui bosse à pas cher et se débrouille pour résister mérite une certaine forme d'attention.

Nous sommes sur une île et malheureusement, les logements sont chers et rares, aussi, c'est facile d'être parangon de la morale mais dans la pratique.. Exemple, le service des carte crise est dans la salle Omnisports de Galisbay.
Alors, oui on peut fomenter mille plans économiques sur des moyens de résoudre la situation vu qu'il y a plains de bâtiments à l'abandon, mais dans la pratique, c'est loin d'être aussi simple.

Ensuite, à Colette. Plutôt qu'un billet vers la France, un billet vers des centres adaptés en France, cela donne moins l'impression que vous jetez vos ordures chez votre voisin et montre un peu plus d'empathie. Pourtant, j'aurais tendance à être d'accord avec vous, il est mille fois plus compliqué de faire des structures adaptées sur St Martin, que de régler le problème en utilisant des structures adaptées de métropole.

Christiane, vous venez d'arriver sur l'île ? je pense que les commerçants de la marina royale qui sont mobilisés depuis des années doivent bouillir en lisant ça.

Richardson Stephen, je suis déjà surpris qu'on parle encore d'un tourisme de luxe alors qu'on le "rabâche"... Il serait temps qu'on arrête de parler de "l'image que Saint Martin" qui est donnée aux touristes, ce qui déplace le problème, et plutôt parler de l'image que St Martin renvoie aux locaux. Je suis local et le parking des crackés ne m'énerve pas à cause des touristes il me fait honte parce que je vis ici.
J'en ai plus qu'assez de cet argument éculé et facile sur le tourisme. Je ne fais pas le ménage chez moi au cas où j'ai des invités, je fais le ménage parce que j'aime vivre dans un lieu propre et sain. Il n'y a rien de plus simple, et je n'arrive pas à comprendre pourquoi toutes les associations pour la protection des St Martinois ne le mentionnent pas..