24.10.2016

Le SXM Festival revient des deux côtés

Le SXM Festival qui met à l’honneur la musique électro, revient à Saint-Martin pour une deuxième édition du 15 au 19 mars 2017. Si quelques résidents le jugeaient élitistes, certains se plaignent aujourd’hui parce que selon les rumeurs il n’aurait pas lieu côté français. Interview du Québécois Julian Prince, fondateur et organisateur du festival qui préfère rester loin de toute guéguerre.

SXMusic Festival est devenu le SXM Festival. Pourquoi cette légère modification ?

Le fait de l'avoir appelé SXMusic entrait en contradiction avec un autre festival de musique. Ce n'était pas intentionnel de notre part et comme ces trois lettres nous sont si chères nous avons pensé que c'était le rebranding le plus efficace et le moins dommageable dans tous nos efforts à mettre notre événement sur la scène internationale. Une chose que tout le mode nous disait impossible.

Avec le recul, quel bilan faites-vous de la première édition qui s’est déroulée du 9 au 13 mars 2016 ?

On a eu plus de 500 articles de presse et nous sommes nominés comme meilleur festival étranger par les UK Festival Awards. C’est la première fois qu'un festival obtient une nomination dès sa première année. C'est un immense honneur et cela nous confirme qu'on a fait quelque chose de bien. Les festivals en général ont la réputation d'avoir des débuts difficiles…

Les blocages et la pluie n’ont pas trop «gâché » la fête ?

Apres 14 mois de travail acharné, commencer le festival avec une grève nous a fait paniquer. Ça me brisait le cœur de voir des touristes marcher dans la rue avec leurs énormes valises pour trouver leur hôtel dans le noir avec des voitures qui arrivaient à toute allure...C'était dangereux et ça donne une mauvaise première impression. Finalement les festivaliers ont trouvé leur chemin par Mont Vernon et la fête a commencé. On a tout oublié assez rapidement ! Quant à la pluie, wow, impossible d'avoir vu autant de pluie venir. Mais que voulez vous, c'est la vie ! Les médias présents n’ont même pas parlé des aspects négatifs tellement ils ont aimé l'île, sa beauté et sa culture. On a converti 2500 personnes. L'année prochaine ils reviennent tous et amènent même un ami. Alors, mine de rien, on sera 5000 à danser sur la plage.

Des rumeurs circulent selon lesquelles cette année le festival ne se déroulerait que du côté hollandais…

Le festival se passe des deux cotés. Le problème est que le coté français n'a pas de boîtes de nuits alors il accueillera forcément un peu moins d'événements. Le seul moyen d'en avoir autant serait d'obtenir un permis spécial pour faire du bruit jusqu’à 5h du matin. Et nous sommes actuellement en pourparlers. St Maarten nous a fourni le permis et ils ont déjà les infrastructures. Ça coûte excessivement cher de construire un Beach club pour une semaine et n’a pas vraiment de sens, à ce stade en tout cas. De toutes façons, notre organisation ne voit pas deux côtés, mais une seule île. Le festival a pour mission de promouvoir l'île et ce, à l'année. Nous ne faisons aucune distinction entre les deux côtés. Au contraire nous soulignons la richesse de sa double culture.

Quels sont les lieux côté français qui vont accueillir quelque chose en mars 2017 ?

La programmation ne sera pas divulguée avant le mois de février. Du côté français nous sommes en discussion avec la Loterie Farm, le Layla's et le Mercure. Nous planifions également une soirée très VIP dans une villa de Terres Basses. Le côté Dutch hérite des événements nocturnes. Nous sommes en pourparlers avec le Sunset, le Sky Beach, le Soggy Dollar et le Tantra. Une chose est confirmée : nous n’irons pas à Orient Bay. C’est trop loin des événements nocturnes et nous perdons trop de temps avec le transport. Les festivaliers se sont en effet plaints de deux choses l'année passée : du prix des taxis - certains chargeaient 145 US du Palm Beach à Maho - et du temps de transport entre Orient Bay et les boîtes de nuits qui leur faisait manquer certains artistes. A 5000 personnes ça ne vaut pas encore la peine d'avoir deux scènes. L'année prochaine il y en aura deux, mais on n’ira peut être pas jusqu'à Orient Bay. Dans tous les cas, dès que le festival atteindra 10K et + comme on le prévoit en 2018 si tout se déroule aussi bien qu’en 2016, nous serons heureux de retourner sur Orient Bay. Nous serons alors mieux préparés. Nous aurons plus de budget pour les autobus et tout ira beaucoup mieux.

Avez-vous été déçu de l’accueil en partie française ?

Tous ceux qui ont essayé de faire des événements du côté français nous avaient dit que c'était impossible et que les règles et lois étaient trop sévères et les procédures trop compliquées mais on a voulu se laisse influencer par personne. Kate Richardson à l'Office du tourisme et Pierre Brangé de la Collectivité nous ont assez bien conseillés pour mener le projet à terme. Même si parfois les règles de la métropole s'appliquent difficilement en plein air ou à une plage…Malgré tout ce qu'on nous avait dit, le conseil de sécurité a été très sympathique avec nous. On espère pouvoir s'assoir avec les dirigeants et responsables afin que le festival se passe avec le moins d'imprévus possibles pour que les festivaliers continuent de se multiplier et de revenir sur SXM toute l'année et pas seulement pour le festival. L'intérêt de l'île nous tient à cœur !

Justement, quel sera l’impact économique du festival ?

Pour la deuxième édition, le budget est de 1,5 million d'euros et l'impact économique sur l'île sera de plus de 14 millions. Cet argent ira dans les poches des hôtels, des restaurants, des boutiques, des gens de l'île ! L'encre qui va couler à propos de l'île est évaluée à 2 millions d'euros. Le festival attire en effet d'énormes medias. Pour l'île c'est une exposition internationale qui diffère des autres îles en ce moment : on a une bonne raison de parler de St-Martin. Avec l'économie qui réduit les budgets de l'Office du tourisme et de la Collectivité, ça ne peut être que bien reçu qu'une organisation indépendante travaille autant à promouvoir l'île. Le problème est de le considérer pour acquis. Même si l'événement a été inventé sur St-Martin et a pour mission de l’aider, on ne pourra pas continuer à produire le festival sans un minimum d'aide en retour. Le succès du SXM festival et de l'opération de rajeunissement de la clientèle de l'île fonctionnera seulement si l'île entière s'unit et si chaque habitant et chaque dirigeant participe. Le changement, c'est une mission qui nous appartient à tous!

Fanny Fontan